Ford propose depuis avril en Grande-Bretagne la dernière évolution de son système de conduite semi-autonome, qui permet de lâcher les mains du volant… même s’il faut bien garder les yeux sur la route. Nous avons pu tester cette nouvelle fonction sur une autoroute près de Londres.
Les assistants de conduite ne cessent de progresser. De plus en plus de voitures modernes sont en effet équipées de fonctions de conduite dites « semi-autonomes » ou de niveau 2, selon la classification admise.
Le véhicule sait ici adapter sa vitesse en fonction du trafic pour aller potentiellement jusqu’à l’arrêt et suit les lignes de la route. En clair, plus besoin de toucher au volant, ni aux pédales, mais le conducteur doit toujours être en mesure de reprendre le contrôle.
Après Mercedes, une autre approche du « sans les mains »
Pour s’assurer que le conducteur respecte bien cette consigne, ce dernier étant souvent tenté de faire autre chose que de surveiller la route, la règle reste le plus souvent de tenir le volant. Avec plusieurs technologies qui existent: chez Tesla, et son célèbre Autopilot, il faut par exemple parfois secouer légèrement le volant pour indiquer sa présence. Chez Volkswagen, le volant capacitif détecte la présence des mains sur le volant et donc pas besoin de faire ce petit mouvement régulièrement.
Mais des exceptions à cette sacro-sainte règle de tenir ce volant même en conduite (très) assistée commencent à apparaître en Europe. Déjà depuis l’an dernier, avec la première technologie dite d’autonomie de niveau 3 commercialisée par Mercedes sur ses modèles haut de gamme, Classe S et EQS. Ce niveau 3 permet de faire autre chose pendant que le véhicule se débrouille tout seul, dans un cadre bien précis. On peut lire, écrire un mail ou un sms, mais pas dormir ou changer de place dans le véhicule… sur des portions d’autoroutes prédéfinies (pour le moment uniquement en Allemagne) et jusqu’à 60km/h. Dans des situations de bouchons ou de circulation dense donc.
Deuxième exception désormais avec Ford, qui reste sur du niveau 2 de conduite autonome. Pas question donc de faire autre chose que de surveiller la route, mais avec l’avantage de pouvoir être activé à haute vitesse: ce système « sans les mains » peut fonctionner jusqu’à la vitesse maximale autorisée sur autoroute: en l’occurrence 70 miles par heure (112km/h) en Grande-Bretagne, où la fonction a été déployée sur le Mustang Mach-E depuis le mois d’avril dernier, une première en Europe.
Un relais naturel à l’assistant de conduite
Cette technologie « Blue Cruise » est proposée depuis 2 ans aux Etats-Unis sur des modèles Ford et Lincoln et débarque donc en Europe, pour le moment uniquement sur les Mustang Mach-E commercialisés en 2023.
Pour les modèles antérieurs, il faut avoir pris les pack d’options (« Tech » ou « Tech+ ») qui permettent de disposer des capteurs, radars et caméras nécessaires. C’est à bord d’un de ces véhicules que nous avons pu tester la fonction sur une autoroute, la M11, au sud-est de Londres début juillet.
L’autorisation des autorités britanniques délimite des « blue zones » (zones bleues) où la fonction « hands-free » (sans les mains) est activable: un peu plus de 6000 kilomètres actuellement sur les autoroutes d’Angleterre, Pays de Galles et Ecosse.
Une fois l’assistant de conduite activé (le régulateur adaptatif avec le suivi des lignes) la voiture détécte via le GPS qu’elle se trouve sur une autoroute compatible. On peut alors activer cette fonction « Blue Cruise ». En cas de changement de limitation de vitesse, une notification vous en informe pour changer celle rentrée au régulateur.
Un conducteur « sous surveillance »
Peu de changements finalement avec l’assistant classique, à la différence qu’on peut poser ses mains sur ses cuisses et surveiller la route.
En effet, deux caméras infrarouge placées derrière le volant scrutent votre regard. Une attention détournée quelques secondes et vous êtes rappelé à l’ordre, d’abord par des signaux visuels et sonores, puis pas des légers coups de frein vous invitant à reprendre le contrôle, ce que nous avons pu tester comme vous pouvez le voir dans notre essai en video.
Si le conducteur ne réagit pas, ce que nous n’avons pas essayé pour des raisons de sécurité vis-à-vis des autres usagers de le route, le scénario prévoit un ralentissement progressif, jusqu’à l’arrêt, avec activation des warnings, mais en restant dans sa voie. Toujours bon à savoir en cas de malaise du conducteur par exemple.
Le changement de voie n’est pas automatisé: si un véhicule roule plus lentement devant vous, le véhicule adaptera son rythme. Pour le dépasser, il faut tout simplement reprendre en main le volant, activer le clignotant (ce qui au-delà de prévenir les autres usagers, désactive le maintien dans la voie), et changer de file, où le « Blue Cruise » se réactive automatiquement.
Enfin, à la sortie d’une « zone bleue », le système vous invite à remettre les mains sur le volant, ce qu’on fait de toutes façons pour emprunter la voie de sortie de l’autoroute, repassant sur l’assistant classique.
Bientôt en Europe continentale
L’expérience se révèle donc assez concluante… même si on ne sait finalement plus trop quoi faire de ses mains, plutôt habituées (encore heureux) à rester sur le volant quand on « conduit ». Sauf qu’ici, on ne conduit plus vraiment, avec la tâche unique de garder ses yeux sur la route. A voir sur un long trajet ce que cela donne par rapport aux assistants classiques, avec les mains sur le volant, ce qui repose déjà beaucoup le conducteur avec une concentration beaucoup plus globale de la route.
Nous avons pu tester cette fonction à la vitesse maximale sur les autoroutes britanniques, soit 70 miles par heure (112km/h) mais le système pourrait fonctionner à 130km/h en France, nous assure Ford. Avec l’espoir de pouvoir y déployer cette technologie d’ici la fin de l’année ou courant 2024.
Le prochain marché à en bénéficier sera vraisemblablement l’Allemagne, sans savoir pour le moment si le système pourra fonctionner à 130km/h ou au-delà sur les portions sans limitation.
Tout dépend en réalité de l’adaptation des réglementations nationales, qui restent assez prudentes pour le moment sur ces initiatives vers la conduite 100% autonome. Début 2017, nous testions déjà un prototype de Citroën de conduite « sans les mains », avec la possibilité de détourner le regard même à 130km/h sur autoroute. Un regard dans le rétroviseur qui permet de constater que si la technologie se révèle bien maîtrisée, il reste bien plus complexe de proposer ce type de fonctions au grand public.
Autre aspect important: le prix. En Grande-Bretagne, Ford propose cette fonction sur abonnement, à 17,99£/mois (environ 21 euros) avec 3 mois d’essais gratuits. Un loyer à ajouter au prix du Mustang Mach-E qui démarre actuellement à 56.990 euros en France.
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