Tesla renouvelle sa Model 3 avec une version « améliorée » qui modifie son design extérieur et ajoute certaines fonctionnalités à l’intérieur, tout en soignant un peu plus le confort. Découverte de ces nouveautés, du choix osé de la suppression des commandes derrière le volant à l’ajout d’un petit écran à l’arrière. Assez pour rattraper son grand-frère, le Model Y?
La Model 3, c’est le modèle qui a fait basculer Tesla dans une nouvelle dimension. D’un constructeur aux volumes limités avec les Model S et Model X, la marque est ainsi devenue en quelques années un leader mondial de la voiture électrique.
Un défi industriel de taille, après les centaines de milliers de précommandes enregistrées par Tesla lors de la présentation du premier prototype en avril 2016. Elon Musk est ainsi parvenu à sortir gagnant de « l’enfer » du démarrage de la production, comme il l’avait lui même qualifié. Avec un rythme de livraisons qui n’a cessé de progresser des premiers exemplaires reçus par les clients américains à l’été 2017 au débarquement en Europe début 2019.
Le début de la production à l’usine de Shanghai fin 2019 pour les clients en Asie et en Europe marquera, lui, la véritable montée en puissance de Tesla dans les ventes. Avec de nombreux automobilistes convertis à l’électrique grâce à ce véhicule et ses versions les plus abordables, en particulier en France.
Des changements, du très visible au plus discret
En septembre 2023, Tesla avait donc frappé un grand coup en présentant la Model 3 en « version améliorée », le nom officiel de ce lifting, après avoir déjà livré plus de deux millions d’exemplaires de la berline à travers le monde.
On la découvre en cette fin octobre 2023, en même temps que les premières livraisons aux clients français. Les changements de design restent discrets mais sont assez significatifs pour bien la distinguer de la Model 3 d’origine. La face avant, avec les nouveaux phares et un nouveau bouclier qui n’intègre plus les phares antibrouillards, modifie fortement cette Model 3, qui passe en gros d’une tête de grenouille à un visage automobile plus classique.
En longueur, cette Model 3 grandit de trois centimètres pour s’afficher à 4,72 mètres. L’empattement, l’espace entre les roues avant et arrière, reste lui inchangé, à 2,88 mètres.
À l’arrière, un premier changement discret: le nom Tesla apparaît désormais en toutes lettres à la place du logo en T, une manière pour la marque d’afficher plus fièrement son identité. Plus visible: les feux arrière adoptent une nouvelle signature lumineuse en C et sont désormais mieux intégrés à l’ouverture de la malle de coffre.
Un coffre à malle qui reste d’ailleurs un des rares points faibles avec son accès moins pratique qu’un hayon, dont profite un certain Model Y, qui concentre l’essentiel des ventes depuis son lancement en 2021. Le coffre de cette Model 3 « new look » offre tout de même un volume gigantesque de 594 litres, complété par un « coffre avant » ou « frunk » (contraction de « front », avant en anglais, et « trunk », le coffre) de 88 litres.
Un intérieur qui gagne en qualité de finition
À l’intérieur, beaucoup de changements aussi, même si Tesla conserve l’architecture globale de son intérieur introduit avec la première Model 3: un habitacle très épuré où l’écran tactile et le volant sont les principales parties visibles.
Côté aménagement, on garde donc cette formule, avec un écran de même taille, 15,4 pouces, mais avec des bords plus fins pour une surface d’utilisation étendue.
L’ambiance à bord change fortement avec la disparition de la finition imitation bois qui cède sa place à l’utilisation de nouveaux matériaux, de l’aluminium et du textile premium.
On notera aussi l’ajout d’un bandeau lumineux qui court tout le long de l’habitacle en se prolongeant aux places arrière. Une bande de led, dont on peut personnaliser la couleur selon son humeur, mais que l’on peut aussi éteindre. Un bon point, même si la luminosité reste plutôt bien adaptée, même de nuit.
Les nouveaux sièges offrent quant à eux un bon maintien, ils sont toujours chauffés, également à l’arrière, mais sont désormais ventilés à l’avant.
Globalement, la qualité perçue de cette Model 3 progresse, avec comme dernier symbole un son beaucoup plus feutré au claquement de portière.
L’écran à l’arrière, ce petit détail qui change tout
Autre très bon point, l’ajout d’un écran à l’arrière. Il ne fait que 8 pouces, mais cela reste intéressant de le proposer aux passagers, à la fois pour régler leur climatisation, mais aussi pour accéder à des contenus Youtube, Netflix ou Disney+. Surtout qu’il est possible de regarder une vidéo pendant un trajet, ce qui n’est pas possible depuis l’écran avant pour ne pas divertir le conducteur.
Point amusant, il est possible de verrouiller l’accès à cet écran arrière depuis l’écran principal, ce qui rappelle le contrôle parental sur nos appareils électroniques à la maison. Ou une potentielle sanction en cas de mauvais comportement à bord, en privant les enfants pas sages de Disney+ pendant un temps donné.
À noter qu’une mise à jour est attendue pour que ces passagers arrière puissent profiter du son de l’écran arrière sur leurs propres casques sans fil, et laisser l’avant écouter la radio ou tout autre contenu audio en même temps.
Un ajout d’équipement qui vient aussi ringardiser certains concurrents, dans le premium surtout, où de simples réglages de climatisation et de simples affichages de la température sembleront désormais bien dépassés par rapport à ce que propose le trublion automobile américain.
Un nouveau volant pas si perturbant, même si…
On s’attarde aussi forcément sur ce nouveau volant. La disparition des commodos impose désormais de retrouver des boutons tactiles en façade autour des molettes déjà présentes sur la précédente Model 3. Au programme, les clignotants, mais aussi les essuie-glaces ou l’activation de l’Autopilot. S’il faut un petit temps d’adaptation, on s’habitue tout de même assez vite à ces nouvelles commandes.
En France toutefois, avec de nombreux ronds points, la sortie à gauche reste l’opération la plus complexe à réaliser: appuyer sur le clignotant droit pour indiquer sa sortie, avec le volant tourné, relève de l’exercice de contorsion et nous fait tout de même regretter des clignotants classiques. L’usage de ces indicateurs obligatoires, mais en option pour certains voire de nombreux conducteurs, ne risque pas de s’améliorer.
Comme sur les dernières Model S Plaid avec le volant Yoke, il faut aussi se passer du commodo du « levier de vitesse ». Pour passer en Drive (marche avant), en R (marche arrière) ou en mode Parking, tout se fait depuis l’écran, avec une bande verticale qui apparaît sur la partie gauche de l’écran lorsqu’on appuie sur le frein à l’arrêt, en effectuant un glissé vers le haut pour la marche avant, vers le bas pour la marche arrière. Un geste qui se fait assez naturellement et plutôt bien adapté à ce smartphone sur roues. En cas de problème d’écran, on retrouve des boutons tactiles P, R, N et D, au niveau du plafonnier, entourant le bouton des Warning.
Nous n’avons pas eu l’occasion de la tester, mais Tesla propose aussi une fonction de passage de ces rapports en automatique. Si vous activez « Rapport auto en sortie de parking (Beta) », la Model 3 sélectionnera automatiquement la marche avant ou la marche arrière en fonction de l’environnement détecté. À vous d’être vigilant pour éviter un potentiel drame.
Confort et efficience améliorés
Cette Model 3 veut rester la reine de l’efficience électrique. Et c’est le cas, avec même des progrès en termes d’aérodynamisme qui améliorent une copie déjà très bonne. Lors de notre essai, avec des trajets mixtes, de l’autoroute à la conduite en ville, nous avons consommé 16 kWh aux 100 km.
Un score sous lequel on peut aisément descendre. Certains utilisateurs partagent par exemple des scores impressionnants, sous les 13 kWh aux 100 km. Tout dépend bien sûr du type de trajets, mais il est intéressant de voir ce potentiel d’éco-conduite chez Tesla car c’est un point clé pour de nombreux acheteurs de voitures électriques.
Selon les versions (propulsion et grande autonomie), cette « nouvelle » Model 3 offre entre 513 et 678 km d’autonomie WLTP. Sur notre version d’essai d’entrée de gamme, la version Propulsion avec les jantes Aero de 18 pouces, on dispose de 540 km annoncés.
On note aussi un important gain en confort. À la fois sur les suspensions, qui filtrent sensiblement mieux la route, et sur l’isolation acoustique. Le verre haute qualité aposé désormais aux vitres arrières apporte sa pierre à l’édifice avec l’usage de matériaux plus insonorisants. De quoi réduire ces petits bruits auxquels on devient particulièrement sensibles dans une voiture électrique: bruits d’air et de roulement notamment.
Enfin, la Model 3 se plie aux dernières réglementations, avec un bip qui retentit lorsqu’on dépasse la limitation de vitesse. Une alerte qui se désactive assez facilement en cliquant sur le panneau affiché à l’écran, mais qui se réactive à chaque nouveau démarrage comme l’impose l’Europe. Nouveauté également: une alerte de présence dans l’angle mort, avec une lumière rouge qui apparaît dans le montant du pare-brise, au-dessus du haut-parleur, en cas de présence d’un véhicule, et qui clignote si vous engagez un changement de file.
Un prix compétitif, assez pour rattraper le Model Y?
À 1.000 euros de plus par rapport à la précédente Model 3, cette « version améliorée » semble en donner tout de même plus en confort et en équipement… même si l’on perd ces fameux commodos derrière le volant.
Un point qui peut sembler anecdotique mais qui, ajouté au passage récent à « Tesla Vision », semble dissuader certains propriétaires des premières Model 3 de faire le grand saut vers cette « version améliorée »: depuis 2022, les Model Y et Model 3 n’ont plus de capteurs ultrasons et n’utilisent que les caméras pour estimer les distances avec les objets proches, avec une fiabilité visiblement limitée.
Un retour en arrière peu apprécié par une partie de la communauté qui évoque des économies de bouts de chandelle. D’autant plus étonnant pour une marque si technologique, mais qui ne propose pas non plus de caméra 360°, pourtant commune chez les autres marques. Personne n’est parfait.
En position de leader, Tesla peut aussi dicter ses choix à différents niveaux. Et écrase toujours la concurrence par ses prix.
Cette nouvelle Model 3 démarre ainsi tout juste sous les 43.000 euros. Avec 5.000 euros de bonus écologique à déduire en France… au moins jusqu’au 15 décembre. En effet, la Model 3 pour l’Europe (et l’Asie) reste produite à l’usine de Shanghai, en Chine, et devrait donc perdre son bonus écologique.
Ce ne sera pas le cas pour le Model Y, produit majoritairement à l’usine de Berlin, et qui démarre actuellement à 45.990 euros. Cela fait donc 3.000 euros de différence (hors bonus), sans doute pas suffisant pour rattraper un Model Y star des ventes de Tesla depuis sa sortie en 2021. Cette année, il s’impose même comme le véhicule le plus vendu dans le monde, toutes motorisations confondues.
Le SUV fait ainsi encore mieux que sa petite sœur dans la gamme. Et c’est aussi le cas en France depuis le début de l’année, avec une Model 3 qui se vend aussi bien que deux outsiders, les Renault Mégane E-Tech et la MG4, aux alentours de la 30e place du classement général des ventes, toutes motorisations confondues. Quand le Model Y se trouve lui dans le top 10.
À voir, au printemps 2024 donc, si cet avantage à différents niveaux de la Model 3 améliorée pourra rééquilibrer la balance des ventes entre les deux modèles. Tout dépendra aussi du timing de la révélation attendue du Model Y amélioré.
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