Mercedes complète sa gamme électrique EQ avec un SUV à vocation pratique et familiale, sur un marché du sept places que seul Tesla occupait auparavant.
Le travail de l’industrie automobile consiste généralement à résoudre des équations souvent difficiles. Et rouler à 7 confortablement dans une voiture de tourisme (hors format minibus et autre camionnettes, vanettes, ludospaces) en est un. Déjà, l’offre thermique ou hybride est relativement limitée à ce niveau en Europe, hormis quelques engins dans le groupe Volkswagen, Toyota, Ford ou Stellantis. Et pour ce qui est de l’électrique, autant dire qu’on est sans doute sur le plus petit marché du monde.
L’incontournable Tesla avait pourtant sa solution. Son grand SUV Model X avait l’option 7 places, indispensable notamment sur le marché américain où cette offre est une sorte de passage obligé pour qui veut vendre des voitures à vocation réellement familiales. Malheureusement l’option n’est plus disponible sur le marché français pour ce modèle. Il faut donc se rabattre sur le Model Y, plus récent mais plus petit et autant dire qu’avec son architecture de SUV coupé compact, ces 2 dernières places sont vraiment très symboliques et difficilement praticables.
Le point fort: un vrai SUV familial électrique
Mercedes a donc décidé d’ajouter à sa gamme électrique une alternative, à savoir une version électrique de son SUV familial GLB. Appliquant la recette réussie de la conversion du GLA en EQA, Mercedes a donc simplement converti à l’électrique son GLB qui devient l’EQB. Ce dernier utilise strictement les mêmes plate-forme et aménagement intérieur que la version thermique, sans aucune déperdition d’espace. Et le GLB étant un engin à 7 places, elles se retrouvent également sur la version électrique, offrant donc la seule alternative à Tesla à ce niveau.
On retrouve un format d’ailleurs assez particulier, avec une ceinture de caisse pas forcément très haute, mais surplombée d’un habitacle rehaussé, offrant beaucoup de garde au toit et de luminosité avec de grands surface vitrées, avec notamment un grand toit ouvrant. L’ensemble donne un SUV pur jus, très carré dans les formes, ne succombant pas à la mode du coupé pour conserver tous ses aspects pratiques. On remarque juste la calandre typique de la gamme électrique EQ de Mercedes, pleine, laquée et profilée pour un peu plus d’aérodynamisme. Au final on a un engin qui évoque un peu le Tiguan de Volkswagen, qui reste une référence parmi les SUV à vocation familiale.
Praticité et modularité très convaincantes
Et c’est à l’intérieur de l’EQB qu’on s’en rend compte. Même si cette version AMG Line est traitée avec un aspect sportif (siège en alcantara, console brillante aux matériaux très soignés, pareille à celle des modèles Classe A, instrumentation numérique claire et pas envahissante), l’intérieur de l’engin est marqué par un souci de praticité et de modularité.
De grands sièges conducteur et passager avant bien enveloppants, une banquette arrière (rang 2) large, sur plancher plat, à l’assise un peu ferme mais confortable, et surtout modulable de multiples façons: fractionnable en 3/3 individuellement ou en entier, coulissante avant-arrière avec un assez large débattement, repliable en deux. Le tout avec un souci du détail réel en termes de praticité, qui fait qu’on ne perd jamais les ceintures de sécurité ni leurs attaches entre 2 sièges, qu’on peut tout réorganiser et remettre à sa place facilement, avec des mécanismes sûrs et bien pensés. Un détail vraiment satisfaisant, alors que ce genre de manipulation est parfois difficile sur d’autres marques.
Enfin, le coffre est vaste à 495 litres, et 1710 une fois la banquette de rang 2 rabattue. Une surface de chargement vraiment convaincante, et un ensemble qui réunit les qualités de modularité des meilleurs monospaces des années 90/2000 avec une architecture SUV.
Des places 6 et 7 réellement exploitables
Et puis, il y a le cadeau bonus: les fameuses 2 places arrières. Elles constituent le plancher du coffre et se relèvent avec facilité. Mais surtout, elle se révèlent accessibles et un minimum confortables. Bien sûr, il ne faudra pas dépasser 1,75 mètre, accepter de voyager les genoux un peu relevés et voir le coffre réduit à une simple boite à gants. Mais ces 2 places supplémentaires sont loin de n’être que des faire-valoir d’appoint.
On peut y voyager sereinement, certes un peu engoncé dans le compartiment coffre, mais sans être plié en deux. Un petit miracle rendu possible par la structure haute et carrée du coffre. Une vraie prouesse – à noter que s’en extraire n’est pas particulièrement facile tout de même.
Place aux sensations de conduite. Et d’entrée de jeu, on est saisi par un confort de roulement particulièrement remarquable, sans doute supérieur à celui du compact EQA, et égalant celui de la berline EQE. Un vrai tapis volant très impressionnant, doublé d’un silence de fonctionnement exemplaire, même au niveau des bruits de roulement. Même s’il est lourd (2,17 tonnes), l’EQB 350 se déplace avec dynamisme et rigueur, ainsi qu’une tenue de route exceptionnelle.
Dans les entrailles de l’engin, un groupe propulseur très capable, composé de 2 moteurs électriques (un sur chaque essieu), une batterie de 70,5 kWh et une transmission intégrale. La puissance cumulée est de 292 chevaux, et si l’on enclenche le mode sport, ce gros cube haut sur pattes arrive à arracher le 0 à 100 km/h en 6,2 secondes. Très impressionnant mais pas très utile sur ce type d’engin amorti de manière très souple, où on profitera surtout de l’énorme couple de 520 Nm.
Le point noir: une consommation qui peut grimper en flèche
Un engin plutôt joli, très bien agencé, modulable, logeable et capable. Ca ressemble à un sans-faute, sauf quand on se met à parler consommation. Donné pour 409 kilomètres d’autonomie et même 480 en conduite strictement urbaine, l’EQB 350 se révèle plutôt gourmand à l’usage. Seul un passage en mode de conduite strictement éco, climatisation éteinte, pied léger, régénération d’énergie au maximum et seul à bord ou avec un passager vous garantissent une chance de réaliser cette performance.
Dans cette configuration, votre moyenne de consommation ne sera que de 17 ou 18 kWh aux 100 kilomètres. Mais ajoutez la clim, deux passagers de plus, ou adoptez les modes « normal » ou « sport », et la consommation va grimper en flèche, à 30 ou 40. Et si vous roulez à 7 (une des raisons d’être de ce modèle !) et sur autoroute, là il va sans dire que votre autonomie sera réduite au moins de moitié.
L’EQB 350 se rattrape avec des temps de recharge relativement courts pour ce type d’engin: 17h sur une simple prise de courant 220v à 3,7kW, 8h30 avec du type 2 monophasé à 7,4kW (comme sur la plupart des bornes de recharge publiques), 5h30 avec une recharge de type 2 à 22kW triphasé et entre 30 et 40 minutes sur une borne haute puissance de 100kW de type Ionity.
Mais à quel prix? Une bonne affaire
De plus, l’EQB constitue un bon choix en termes de rapport qualité-prix pour ce type de véhicule, à 59.200 euros prix de base en version 250 à simple moteur, et 64.650 euros pour la version 350 à double-motorisation. Des tarifs bon an mal an équivalents à ceux du Tesla Y, seule alternative pour rouler tout électrique à 7.
Le Mercedes remporte haut la main le pari du confort, de la qualité perçue et de la modularité sans même parler de son image de marque. L’EQB bénéficiera de son statut d’unique challenger à Tesla sur ce segment pendant encore un long moment, la concurrence, notamment celle de Volkswagen, prenant tout son temps.
Un SUV ID6 à 7 places existe, pour le moment uniquement réservé au marché chinois. Mais très clairement ce format se heurte aux lois de la physique et demandera une savante gestion énergétique pour se révéler réellement efficace et pratique.
Notre modèle à l’essai: Mercedes EQB 350 4 Matic AMG Line
Prix options incluses: 73.850 euros
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