Ces droits de douane supplémentaires décidés face aux subventions accordés par Pékin à ses constructeurs entreront en vigueur ce vendredi.
L’UE a imposé ce jeudi 4 juillet à titre conservatoire jusqu’à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, avant une décision définitive en novembre, a annoncé la Commission européenne, accusant Pékin d’avoir illégalement subventionné ses constructeurs.
Ces nouveaux droits de douane dits « compensateurs », qui s’ajoutent aux taxes de 10% déjà appliquées par l’Union européenne aux véhicules fabriqués dans les usines en Chine, seront en vigueur à partir de vendredi. A l’issue d’une vaste enquête antisubventions entamée en octobre 2023, Bruxelles avait annoncé ces nouveaux droits le 12 juin, tout en lançant des discussions avec Pékin pour tenter de résoudre les problèmes identifiés et de désamorcer les risques de guerre commerciale.
Un dialogue encore possible
L’exécutif européen a désormais jusqu’à 4 mois pour décider d’imposer des droits définitifs, ce qui laisse ouverte une fenêtre de dialogue avec la Chine. Ces droits définitifs seraient valables cinq ans. Bruxelles emboîte le pas aux Etats-Unis, qui avaient annoncé mi-mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment.
Championne des moteurs essence et diesel, l’industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d’avance dans l’électrique. Les véhicules électriques venant de Chine représentent près de 22% du marché européen, contre près de 3% il y a trois ans, selon les estimations du secteur. Les marques chinoises comptent pour 8% des véhicules électriques vendus dans l’UE.
Sur la base de son enquête, Bruxelles estime que le secteur des véhicules à batterie électrique en Chine « bénéficie de subventions déloyales, ce qui constitue une menace de préjudice économique pour les producteurs européens ».
« Des contacts se poursuivent »
« Les consultations avec le gouvernement chinois se sont intensifiées ces dernières semaines », avec notamment des échanges entre le commissaire européen Valdis Dombrovskis et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, explique par ailleurs la Commission dans un communiqué. « Des contacts se poursuivent au niveau technique en vue de parvenir à une solution (…) qui réponde de manière adéquate aux préoccupations de l’UE », insiste-t-elle.
Bruxelles imposera des droits compensateurs de 17,4% au fabricant chinois BYD, de 19,9% à Geely et 37,6% à SAIC -des montants différents selon les niveaux de subventions publiques perçues. Par rapport aux niveaux annoncés le 12 juin, ces droits provisoires ont été légèrement abaissés, sur la base des observations soumises par les entreprises ciblées. Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21% s’ils ont coopéré à l’enquête ou de 37,6% dans le cas contraire.
L’Allemagne, très engagée en Chine, avait bataillé avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions dans ce dossier, craignant des représailles –à l’unisson des inquiétudes des constructeurs automobiles allemands Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen qui réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales en Chine. La France et l’Espagne ont au contraire poussé pour des mesures proportionnées.
« Comportement purement protectionniste »
Ces droits « compensateurs » permettront de freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, selon l’UE, qui affirme se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle espère ainsi protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les Etats-Unis.
Après l’annonce du 12 juin, Pékin avait cependant immédiatement dénoncé « un comportement purement protectionniste » des Européens, menaçant de « prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes ». Cette passe d’armes s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les Occidentaux et le géant asiatique, également accusé de détruire la concurrence dans plusieurs autres secteurs comme les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les batteries.
Pékin a déjà annoncé en janvier une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l’Union européenne, dont le cognac. Le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur, selon la presse étatique chinoise. La Chine a doublé le Japon l’an dernier comme premier exportateur automobile: elle a investi très tôt dans les batteries, coeur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité, et en Europe, les marques chinoises ont vite décollé grâce à des tarifs compétitifs.
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