Alors que Renault va bientôt retirer la Twingo de son catalogue, le directeur général du groupe français regrette le contexte réglementaire défavorable pour ce type de modèles en Europe.
Un nouveau Scénic, mais pas de nouvelle Twingo. Alors que Renault présentera début septembre la nouvelle génération de son célèbre monospace, qui passera au format SUV et 100% électrique, la citadine n’aura pas le droit à un successeur.
Des petites citadines en voie de disparition
Pour Luca de Meo, directeur général du groupe français et invité de Good Morning Business ce lundi 28 août, l’arrêt de la Twingo s’explique avant tout par un contexte défavorable en Europe pour ce type de modèles:
« Sur ces petites voitures, il n’y a pas trop de business. Toute la réglementation européenne ne fait que pénaliser les constructeurs qui ont une tradition dans les petites voitures. »
Il poursuit:
« En Europe on a aussi besoin de revenir à des petites voitures: une petite voiture électrique a moins d’impact qu’une grande berline de 5 mètres, c’est évident. Mais la réglementation ne permet pas de faire du business et, moi, ma priorité c’est le business. »
Un modèle économique des micro-citadines qui se heurte en effet à un contexte difficile depuis plusieurs années, en particulier face à des normes antipollution de plus en plus strictes. Un comble pour des petites voitures peu polluantes à l’heure de la prise de conscience environnementale.
« Retrouver de la compétitivité en Europe »
Alors qu’en France la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) ne se fera finalement qu’en 2027, Luca de Meo a assuré que cela ne modifiait pas ses plans de produire ses modèles électriques dans les usines françaises. Pour le dirigeant, c’est plutôt au niveau européen que la compétitivité des industriels se joue:
« La question se pose sur tout le système, c’est-à-dire les charges sociales, le prix de l’énergie -nous payons l’énergie le double de ce que les Chinois payent-, toutes les règles, toute la complexité du système. L’Europe doit se poser la question de comment retrouver une compétitivité, comment retrouver de la productivité, c’est le débat qu’il faudrait porter. »
Actuel président de l’ACEA, l’association des constructeurs européens d’automobiles, le directeur général de Renault souhaite avant tout des règles communes pour tous les industriels:
« Il faut qu’on se pose la question de la compétitivité en Europe, car on vit dans un système asymétrique, au moins dans l’automobile, vis-à-vis des Américains et des Chinois, on n’est plus dans un monde qui est plat: l’IRA (« l’Inflation Reduction Act » américain, ndlr), les constructeurs chinois… »
Les mêmes règles du jeu, pas de barrières douanières
Luca de Meo insiste notamment sur la nécessité d’avoir « les mêmes règles du jeu »:
Si le bonus écologique français devrait favoriser dès l’an prochain les modèles produits en Europe, Luca de Meo se dit en revanche contre la mise en place de barrières douanières en Europe pour contrer l’arrivée des modèles chinois:
« J’aime la compétition, explique-t-il, je ne vois pas pourquoi on fermerait la porte à des constructeurs chinois après avoir eu les américains, les japonais, les coréens… », explique-t-il.
« Il faut respecter un principe de réciprocité : quand nous on est allés en Chine, il fallait faire des joint-ventures, investir là bas, venir avec les fournisseurs etc… mais moi je ne vois pas de raisons pour laquelle on devrait fermer la porte (à des constructeurs étrangers, ndlr) surtout s’ils apportent des produits qui sont bons pour les consommateurs européens, c’est à nous de répondre et d’être compétitifs. »
S’il accepte la décision de l’Europe d’interdire la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035, le patron de Renault regrette qu’il n’y ait pas de plans alternatifs:
« Il faut qu’on s’adapte: il faudrait avoir des plans A, B ou C comme on a en Formule 1, il peut pleuvoir, il pleut y avoir un crash… pour l’instant il n’y a qu’un plan A. »
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