Plus de 31% des voiturettes ont dû passer en contre-visite, le plus mauvais score des nouvelles catégories concernées par le contrôle technique pour les véhicules légers (avec aussi les motos, scooters et quads) mis en place cette année.
En cette rentrée 2024, quel premier bilan pour le « nouveau contrôle technique ». Depuis le 15 avril, de nouvelles catégories de véhicules doivent en effet passer cet examen de santé régulier, principalement les motos, scooters et les voitures sans permis.
Les immatriculations d’avant 2017 ouvrent le bal
Pour cette première année de mise en place, ce sont les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017 qui doivent effectuer cette démarche. Il fallait le faire avant le 15 août dernier pour ceux dont la date anniversaire (de toutes les années avant 2017) est antérieure au 15 avril. Et jusqu’au 31 décembre pour ceux dont la date anniversaire est après le 15 avril.
L’an prochain, ce sera au tour des véhicules dont la première immatriculation a été réalisée en 2017, en 2018 et en 2019. En 2026, ceux de 2020 et 2021. On retrouvera une périodicité normale à partir de 2027, avec les premières immatriculations réalisées en 2022. Le contrôle technique sera en effet à réaliser 5 ans après la première immatriculation, puis tous les 3 ans.
Près de 5 mois après le début des premiers contrôles, le groupe Dekra (enseignes Dekra, Norisko et Autocontrol) réalisait un premier bilan de cette mesure ce jeudi 12 septembre. Au total, 485.626 véhicules ont réalisé ce contrôle technique pour la catégorie L (pour « léger »), d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, dont 23% dans un centre du groupe Dekra.
Sur ce total, et avec des chiffres arrêtés au 1er septembre, les 2 roues de 125 cm3 et plus représentaient plus de 80% du parc contrôlé. Une catégorie L3 qu’on désigne de manière plus habituelle sous l’appellation de moto.
On retrouve ensuite la catégorie L1, les petits scooters de moins de 50 cm3, avec 8,4% des contrôles. Devant les voitures sans permis (catégorie L6), à 4,8%, et les quads (catégorie L7) à 3%. Les autres catégories (L2, L4 et L5) représentent à peine plus de 3% des contrôles depuis le 15 avril.
Un taux de refus très variable selon les catégories
Alors que la mise en place de ce contrôle suscitait beaucoup d’interrogations, voire une vive opposition, beaucoup d’utilisateurs craignaient de voir leur véhicule ne pas obtenir ce sésame.
Sur ces premiers mois, le bilan reste globalement favorable avec un taux de contre-visite de 11,56% pour l’ensemble de cette catégorie L. Un taux qu’on peut comparer avec celui des voitures, à 19,4% depuis le début de l’année et stable par rapport à 2023.
Toutefois, on note de forts écarts selon les catégories. Les motos (L3) obtiennent le meilleur score avec un taux de contre-visite de 9,45%, qui tire donc la moyenne vers le bas.
C’est en effet moins bon pour les scooters (L1) avec 20,70% qui ont dû passer en contre-visite. Parmi les principaux motifs de « défaillances majeures », on retrouve la plaque non conforme, manquante, endommagée ou mal fixée, les pneus trop usés ou endommagés, ainsi que des feux stop défaillants.
Des sans permis « anciennes » à problèmes
Enfin, les voitures sans permis font figure de cancres avec un taux de contre-visite de 31,3%. Les pneus en mauvais état ressortent comme la première cause d’échec au contrôle technique pour cette catégorie L6, devant un défaut constaté sur les amortisseurs et un problème de roulements des roues pouvant dégrader la stabilité du véhicule.
« Sur les voitures sans permis, on sait que les détenteurs de ces véhicules ont en général des faibles revenus, ne leur permettant pas d’acquérir un véhicule avec permis, et qui vont avoir aussi du mal à assurer l’entretien du véhicule, avec des pièces de remplacement parfois très onéreuses », souligne Karine Bonnet, directrice générale de Dekra Automotive.
Il faut en effet préciser que ces premières voitures sans permis à passer ce contrôle technique sont des modèles assez anciens, avec une moyenne d’âge de près de 13 ans et une motorisation à 96% Diesel.
Il sera intéressant d’observer si ce taux de refus diminue ces prochaines années, avec des modèles plus récents, dont la fameuse Citroën AMI 100% électrique ou de sa cousine la Fiat Topolino, et des parents-acheteurs avec davantage de moyens pour les entretenir.
Ce taux de refus élevé sur les voitures sans permis etait pour le moins attendu par les professionnels du secteur.
Un entretien « système D »
« Ces conducteurs si particuliers sont habitués depuis toujours à rouler sans avoir de comptes à rendre. L’entretien de ces voiturettes est souvent effectué par un cousin, parfois même par un voisin. Il n’est pas rare de voir des parebrises qui tiennent avec du scotch et des pare-chocs avec du fil de fer », soulignait ainsi Stéphanie Lecocq, la dirigeante de Piecesanspermis.fr, spécialiste des pièces détachées pour voitures sans permis, dans un communiqué diffusé en amont de la mise en place de cette mesure.
Des rafistolages et du système D qui peuvent logiquement se heurter à cet examen qui vise à garantir la bonne santé du parc automobile roulant en France.
« Ces modèles ont du succès parce que beaucoup de parents les préfèrent aux deux-roues qu’ils trouvent trop dangereux, mais sans entretien, ils le sont davantage », soulignait de son côté Bernard Bourrier, PDG des centres Autovision et Motovision, qui s’inquiétait début mai des premiers chiffres inquiétants des contrôles réalisés sur ces voiturettes.
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