Le nombre de vélos vendus en France a chuté de 14% l’an dernier, à 2,2 millions d’unités, contre près de 2,6 millions en 2022 et près de 2,8 millions en 2021. La fin d’une bulle qui s’était formée pendant la pandémie?
Après avoir explosé pendant la pandémie de Covid-19, le marché du vélo neuf a fortement baissé en 2023 et les professionnels du secteur ont encore d’énormes stocks sur les bras.
Baisse des ventes de 14%
Les ventes du secteur ont totalisé 3,4 milliards d’euros en France en 2023, pièces et entretien compris, soit une baisse de 5,5% par rapport à l’année précédente, selon le 25e Observatoire du cycle.
L’Union sport et cycle (USC), organisation professionnelle d’entreprises de la filière sport, présentait lundi ce rapport à la profession réunie au salon Vélo in Paris, entre vélos pliants, cargo et modèles électriques surpuissants.
Le nombre de vélos vendus a chuté de 14% l’an dernier, à 2,2 millions d’unités, contre près de 2,6 millions en 2022 et près de 2,8 millions en 2021.
En 2022, la baisse du nombre total de vélos vendus avait été compensée en valeur par la hausse des ventes de vélos électriques, dont les prix sont plus élevés.
« L’usage du vélo est en croissance continue, mais les ventes sont en baisse (…) On est dans une phase de consolidation après le boom du Covid », a décrit Jérôme Valentin, vice-président de l’USC, lors d’une conférence de presse.
« Overdose » de vélos
La baisse des ventes en 2023 s’est concentrée notamment sur les vélos classiques, mais elle n’a pas épargné les vélos électriques (-9% avec 671.000 vélos vendus, soit un vélo sur trois), qui poussaient fortement le marché jusqu’ici. C’est le premier recul pour l’électrique depuis 13 ans.
Deux niches poursuivent leur ascension: les vélos de course et surtout le « gravel », des vélos rapides adaptés aux chemins et très à la mode.
Une bulle s’était formée sur le marché du vélo pendant la pandémie. La demande avait explosé et l’industrie comme la logistique avaient eu du mal à répondre à ces nouveaux clients. Beaucoup de vélos avaient alors été fabriqués, mais la demande a chuté subitement fin 2022, dans un contexte économique devenu difficile.
L’ensemble de la chaîne logistique du vélo s’est ainsi retrouvé avec un « surstock » de quatre mois début 2024.
« C’est toute la planète qui est ‘overdosée’ de vélos aujourd’hui. Il faut que nous nous adaptions à cette surprise », a commenté Denis Briscadieu, du groupe Cyclelab (magasins Culture Vélo).
Les chiffres les plus marquants: -30% chez chez les fabricants Lapierre ou Trek, -50% sur certains vélos haut de gamme: les assembleurs comme les distributeurs cassent les prix depuis plusieurs mois pour reprendre pied.
Baisse chez les enfants
« On essaie de recomposer nos offres, on fait forcément des remises, on handicape la marge de tous les acteurs » du secteur, a expliqué Denis Briscadieu. Par ailleurs, la météo du printemps n’a pas été favorable: selon lui, « on ne vend pas un vélo à un Français quand il pleut ».
En outre, le développement du marché des vélos d’occasion (où les prix ont aussi fortement baissé, selon plusieurs professionnels) ainsi que les offres de location, mises en place par certaines entreprises et collectivités, comme la région Ile-de-France, ont également freiné les ventes de cycles neufs.
Avec ces reculs, la France est dans la moyenne par rapport à ses voisins européens. En nombre de vélos vendus, le marché a plongé de 13% l’an dernier en Belgique et de 15% en Allemagne. Il s’est effondré de 40% au Danemark.
Les importations en France se sont écroulées de 33% avec la baisse du marché (les vélos sont principalement fabriqués en Italie, Portugal et Roumanie, avec de nombreuses pièces asiatiques).
Parallèlement, la production française de vélos a baissé de 24%, à 645.000 unités, en misant sur les ventes d’électriques et de haut de gamme. Il faudra maintenir l’effort: l’industrie française s’est donnée un objectif de 1,4 million d’unités en 2027.
L’USC s’est aussi inquiétée de la forte baisse des vélos pour enfants (-31% par rapport à 2019), avec un report probable vers le marché de l’occasion. Ces chiffres sont surveillés de près: « Si la Hollande, la Belgique sont des pays de culture du vélo, c’est parce que les enfants font du vélo, par tous les temps », a souligné Jérôme Valentin.
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