Les températures sont très élevées pour un début de mois de septembre dans une large partie de la France métropolitaine. Un épisode de fortes chaleurs anormal, mais qui pourrait devenir de plus en plus courant.
Jusqu’à 38°C attendus à Limoges un jour de rentrée des classes. C’est une bouffée de chaleur particulièrement tardive qui touche la France en ce début septembre, alors que l' »été météorologique » s’achève normalement fin août.
« L’indicateur national France a dépassé les 23°C aujourd’hui, et ça devrait continuer à minima les 7 prochains jours », souligne sur Twitter François Jobard, météorologue à Météo-France.
La France devrait connaître (ou se rapprocher) des « jours les plus chauds de septembre depuis le début de l’indicateur en 1947 », ajoute-t-il.
La faute à un anticyclone bloqué en Europe du Nord et d’une « goutte froide » sur le Portugal, qui dirigera « sur le pays une masse d’air très chaud », en provenance d’Afrique du Nord, détaille Météo-France. Une combinaison qui génère une « séquence chaude inédite en septembre à l’échelle de la France par sa durée », note François Jobard.
Une influence humaine?
Cet événement est-il imputable à l’Homme et son activité? « Les circulations atmosphériques [de ce type] ne sont pas créées par les activités humaines. Il n’existe pas de conclusions robustes quant à l’évolution en fréquence et en intensité de ces circulations dans un climat qui se réchauffe », résume sur X (ex-Twitter) le climatologue et directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou.
Néanmoins, comme le rappelle le spécialiste, les épisodes extrêmes, qu’il s’agisse de leur intensité ou de leur fréquence, sont liés au dérèglement climatique, un consensus rappelé dans le dernier rapport du Giec.
« L’influence humaine est un booster, un dopant non seulement pour les températures mais aussi pour les précipitations (…) Il ne s’agit pas de savoir de manière déterministe si l’événement est dû ou pas aux activités humaines. Il s’agit de savoir de combien l’influence humaine l’a rendu plus ou moins probable », écrit-il.
Contacté par BFMTV.com, le climatologue Hervé Le Treut se montre prudent quant à l’avenir:
« Bien sûr, on pourra voir à l’avenir des choses inattendues comme des fortes chaleurs tardives », indique-t-il.
Il émet tout de même des réserves sur ces projections, l’inattendu étant par nature incertain. L’expert estime quand même que ces phénomènes sont amenés à « se répéter », mais peut-être pas de manière régulière et prévisible. « Nous voyons bien que tout se met en branle à l’échelle mondiale depuis des années déjà. La question n’est déjà plus de savoir si [ces événements] vont se passer ».
Bientôt des étés beaucoup plus longs?
Plus que des vagues de chaleur mal placées, l’Europe et l’hémisphère nord pourraient simplement connaître des étés plus étirés. C’est le constat d’une étude parue en 2021 dans le Journal des recherches géophysiques. Après avoir étudié les données météorologiques de 1952 à 2011, les chercheurs ont constaté que la durée moyenne des étés est passée de 78 à 95 jours.
L’automne, l’hiver et le printemps ont tendance, eux à se raccourcir. Avec ces données, les experts ont dessiné une tendance. Dans les conditions actuelles de dérèglement climatique, sans effort de réduction de la hausse des températures globales, les étés pourraient durer… six mois!
« En outre, l’été devrait durer près de six mois, mais l’hiver moins de deux mois d’ici 2100. De tels changements peuvent déclencher une chaîne de réactions dans l’agriculture, l’élaboration des politiques en matière de gestion agricole et de prévention des catastrophes doit être adaptée en conséquence », peut-on lire dans l’étude.
En 2016, déjà, un épisode tardif de fortes chaleurs avait traversé la France entre le 23 et 27 août. Un rapport de l’observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) paru trois ans plus tard avait abouti à un constat similaire.
Les simulations de cet observatoire montrent « que dans le futur des températures aussi élevées entre le 16 août et le 15 septembre seront fréquentes ». Des prévisions qui dépendront « en partie des politiques de lutte contre le changement climatique ».
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