Tesla offre la recharge toute cette journée du 29 août pour fêter les 10 ans de l’installation de ses premiers chargeurs rapides en Europe. Une offre proposée aussi aux propriétaires de véhicules d’autres marques. L’occasion de revenir sur cet atout important de l’entreprise américaine.
Vers une ruée sur les superchargeurs? Pour célébrer les 10 ans de l’installation de ses premières bornes de recharge rapide, Tesla offre la recharge toute cette journée du 29 août, depuis 9h et jusqu’à minuit, dans toute l’Europe.
660 stations « ouvertes à tous » en Europe
Un joli coup de publicité pour la marque d’Elon Musk, qui précise bien que cette offre n’est pas réservée qu’à ses clients. Depuis novembre 2021, Tesla a en effet commencé à ouvrir son réseau aux véhicules des autres marques. Une expérience-pilote lancée en Europe dans quelques stations et qui serait concluante puisque c’est désormais plus de 70% de son réseau qui est ouvert à tous les véhicules.
Tesla revendique ainsi proposer « le plus vaste réseau de recharge ultra-rapide ouvert à tous en Europe, avec à ce jour plus de 9200 Superchargeurs répartis dans 660 stations, accessibles à tous les véhicules électriques », note la marque dans un communiqué.
L’idée serait aussi pour Tesla de tester les installations avec une fréquentation attendue comme importante. L’annonce de cette opération a toutefois été faite dans la matinée du 29 août et il sera intéressant de voir si elle attire de nombreuses voitures électriques pour profiter de ce cadeau dans les 26 pays d’Europe concernés.
Changement stratégique
Le réseau de recharge proposé par Tesla fait partie des recettes de son succès depuis ses débuts. Si charger sa voiture électrique peut encore être compliqué aujourd’hui, l’idée était « à l’époque » (la première station a été ouverte en 2012 aux Etats-Unis) de proposer une solution de recharge rapide et fiable pour réaliser des longs trajets, alors que le réseau public était encore très peu développé.
Un argument de vente aussi pour sa berline haut de gamme Model S. Jusqu’en 2018, le véhicule était vendu avec « la supercharge gratuite à vie », y compris en cas de changement de propriétaire.
Le service restait ensuite un avantage important, avec un réseau qui a continué à se densifier sur les marchés où Tesla est présent. Avant l’ouverture à des véhicules d’autres marques, les lancements successifs de la Model 3 (début 2019 en Europe), puis du Model Y, avec des volumes de ventes qui ont explosé, faisaient aussi craindre une occupation plus importante du réseau et un risque plus important de files d’attente dans ses stations.
Un atout essentiel dans la guerre de l’électrique
Mais l’intérêt pour Tesla reste aussi de contrôler un maillon essentiel de l’écosystème du véhicule électrique: de quoi permettre notamment à la marque de proposer depuis longtemps un planificateur d’itinéraires qui fait référence sur le marché. Il suffit de rentrer une destination dans le navigateur et c’est le véhicule qui vous indiquera les différentes étapes de recharge, avec les temps d’arrêt conseillés et l’autonomie restante à l’arrivée. Avec la possibilité de rediriger vers une autre station, en fonction de l’occupation du réseau par exemple.
Autre avantage qui subsiste pour les clients Tesla: il suffit de se brancher pour lancer la charge (avec une carte bancaire associée au compte Tesla du véhicule). Un concept baptisé « Plug & pay » qui est désormais proposé par des marques comme Mercedes sur le réseau Ionity et qui permet de simplifier l’opération, sachant que peu de bornes sont équipées de terminal de paiement et nécessite donc un badge spécifique pour lancer sa recharge ou un paiement via un QR code qui renvoie vers un site internet pour payer.
Pour les clients des autres marques, la gestion de la charge et son paiement se font depuis l’application Tesla, les superchargeurs n’étant pas équipés d’écran, avec un simple câble à décrocher du support.
Une source potentielle de revenus et d’aides publiques
Avec la charge payante et l’ouverture à tous les véhicules électriques, Tesla peut aussi compter sur son réseau de recharge pour dégager des revenus complémentaires à la vente de véhicules.
Surtout avec l’ouverture de son réseau aux Etats-Unis à d’autres marques, annoncée pour début 2024.
« Le deuxième trimestre 2023 a été le trimestre de la Supercharge. Un nombre important d’entreprises, dont Ford, GM, Mercedes, Nissan, Polestar, Rivian, Volvo et Electrify America, ont annoncé l’adoption du NACS –une norme de recharge développée par Tesla il y a plus de dix ans– pour leurs produits vendus en Amérique du Nord », soulignait Tesla dans sa dernière présentation de ses résultats financiers.
L’entreprise ajoutait qu’elle continuerait ainsi à développer son réseau, avec une flotte de véhicules compatibles de plus en plus importante.
Si les « services et autres revenus » de ses résultats (2,15 milliards de dollars aux deuxième trimestre), ne représentaient que moins de 9% de son chiffre d’affaires total, ils pourraient ainsi représenter une part non négligeable de son activité ces prochaines années. Surtout si cela lui permet d’accéder en plus à des aides publiques à l’installation d’infrastructures de recharge:
« Tesla a une incitation financière à embarquer d’autres véhicules électriques [que ses propres modèles, NDLR], car le gouvernement américain exige que les chargeurs de véhicules électriques collaborent avec plus d’un constructeur afin d’avoir accès au financement de 7,5 milliards de dollars pour l’infrastructure de recharge des véhicules électriques », expliquait récemment la banque UBS dans une note reprise par BFM Bourse.
Des analystes estiment ainsi à plusieurs milliards de dollars, les revenus supplémentaires potentiellement générés grâce à cette ouverture à d’autres marques: de 3 à 4 milliards par an, rien que pour l’accès laissés aux véhicules de Ford et de GM en Amérique du Nord.
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