Mort d'au moins 51 cétacés, échoués sur une plage dans l'ouest de l'Australie

Cinquante cétacés ont échoué sur une plage en Australie ce mardi. Si la piste de la pollution sonore, fatale pour ces animaux, est envisagée, d’autres causes peuvent conduire à un tel scénario.

Une cinquantaine de dauphins-pilotes sont morts échoués sur une plage d’Australie occidentale ce mardi. Des bénévoles s’affairent pour sauver les 45 cétacés encore vivants en les remettant à l’eau, souvent à mains nues. Ce n’est pas la première fois que cette triste scène se produit. L’Écosse a vu 55 dauphins de cette espèce s’échouer au nord du pays, sur les côtes de l’île de Lewis, mi-juillet. Quant à la Nouvelle-Zélande, 500 dauphins-pilotes ont trouvé la mort sur l’île de Chatham en octobre 2022.

« Les raisons pour lesquelles les baleines et les dauphins s’échouent sont probablement aussi nombreuses que les échouages eux-mêmes », a expliqué Kevin Robinson, directeur de l’organisation de conservation marine écossaise Cetacean Research & Rescue Unit, au magazine National Geographic. Des échouages qui sont d’ailleurs de plus en plus fréquents.

« Résultat de perturbations humaines »

Ces mammifères se retrouvent souvent sur les côtes lorsqu’ils sont affaiblis, malades, blessés, ou trop âgés. Outre les causes naturelles, les activités humaines ont une part de responsabilité.

« Il est indéniable que de nombreux échouages sont le résultat de perturbations humaines », déclare à BFMTV.com Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France.

Elle ajoute: « Mais il n’est pas toujours évident d’établir le lien de cause à effet du fait d’une grande difficulté d’accès aux données (tests secrets militaires classés défense, industriels peu transparents, autopsies trop tardives ou inexistantes). »

Les cétacés sont notamment victimes de la collusion avec des navires. Ils se blessent, puis, in fine, s’échouent. La violence de l’accident peut même les tuer sur le coup. Une fois échoué, l’animal est écrasé par son propre poids, habituellement supporté par l’eau. Les toxines qui s’accumulent dans son organisme l’empoisonnent, sa température corporelle augmente et il risque de se noyer si de l’eau pénètre dans son évent, l’orifice qui lui permet de respirer.

La pollution que ce soit de plastique ou de produit chimique peut aussi affecter leur santé et les affaiblir.

Blessés par les filets de pêche

Autre cause de l’échouage massif: les blessures liées à l’enchevêtrement de ces animaux dans les filets de pêche. Ces filets sont la première cause de mortalité chez les cétacés, note le National Geographic.

La pêche prive aussi ces espèces de leurs proies, les obligeant à se rapprocher des côtes pour se nourrir. Et plus ils se rapprochent des côtes, moins l’eau est profonde, surtout quand la marée se fait ressentir. Or, dans des environnements peu profonds, leur écholocalisation -soit la façon dont ils émettent des sons pour se repérer dans l’espace et localiser les éléments- est inefficace. Ils risquent donc d’être déboussolés, de se perdre et de s’échouer.

« Les individus malades ou affaiblis peuvent avoir tendance à rechercher des eaux moins profondes, leur permettant de remonter plus aisément à la surface pour respirer », écrivait en 2017 Peter Evans, professeur à l’université de Bangor au Pays de Galles et directeur de la Sea Watch Foundation, dans The Conversation.

Cependant, les cas où ces mammifères marins « se retrouvent piégés par la topographie spécifique d’un lieu ou par les marées » restent « rares », note Lamya Essemlali.

Pollution sonore

La pollution sonore peut également les désorienter. « Il faut garder à l’esprit que les cétacés utilisent le son pour l’ensemble de leurs comportements vitaux: communiquer, se nourrir, se déplacer », souligne la présidente de Sea Shepherd France. Par conséquent, ils sont « particulièrement sensibles au bruit » et « sous l’eau le bruit se diffuse plus vite et plus loin que dans l’air ».

Cette pollution sonore peut leur provoquer des blessures auriculaires.

« Il est avéré que certains tests militaires utilisant des sonars et des sons basse fréquence ont causé l’échouage et la mort de nombreux cétacés », ajoute-t-elle.

Les tests sismiques, à des fins de forage pétrolier ou de construction d’éoliennes en mer, peuvent aussi les affecter « de manière plus ou moins importante et irréversible selon les espèces et les niveaux de pollution ».

Concernant les globicéphales échoués ce mardi en Australie, les tests sismiques constituent les principaux suspects souligne la spécialiste qui s’évertue à défendre les océans.

Instinct grégaire

Les échouages de groupes entiers de mammifères marins sont dus au fort lien social qui les relie entre eux, à leur instinct grégaire. La meute entière peut suivre un des membres du groupe qui, malade ou blessé, va s’échouer, quitte à se mettre eux aussi en danger.

« Le changement climatique pourrait aussi avoir un impact indirect mais c’est très difficile à établir », soulève Lamya Essemlali. « Dans tous les cas, les échouages fréquents de cétacés nous poussent à nous interroger sur notre niveau de responsabilité et à identifier les causes afin d’y remédier au plus vite. »

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