les raisons de l'envolée à près de 2 euros le litre

Alors que les prix des carburants s’envolent à nouveau, comment expliquer une telle hausse?

Depuis début juillet, le gazole a augmenté en moyenne de 17 centimes et l’essence de 11 centimes. De quoi retrouver des niveaux historiquement élevés en France avec les deux carburants qui dépassent dans certaines stations la barre symbolique des 2 euros.

On reste toutefois à des niveaux bien inférieurs qu’à certaines périodes l’an dernier, avec les pics de mars et de juin 2022 bien visibles sur le graphique ci-dessous, qui reprend l’évolution des prix du gazole et du SP95-E10 depuis septembre 2021.

Les prix du pétrole brut, principal facteur

Mais pourquoi une telle hausse? « L’augmentation des prix des carburants en France ces dernières semaines s’explique essentiellement par la hausse des prix du pétrole brut sur le marché mondial: entre la fin juin et le 9 août, le prix du Brent de mer du Nord a augmenté de 20 à 21% et dans cette même période le gazole a augmenté d’environ 10% », explique sur BFMTV Francis Perrin, spécialiste des problématiques énergétiques à l’Iris.

Alors qu’on pointe souvent du poids le poids élevé des taxes, ces dernières jouent finalement un rôle d’amortisseur, comme le rappelle cet expert:

« Il faut rappeler que gazole et essence sont des produits dérivés du pétrole et, lorsqu’on a une forte hausse du prix du pétrole brut sur le marché mondial, les prix des carburants en France, en Europe ou ailleurs, augmentent forcément. Pas de la même façon que les prix du pétrole brut (…) car dans les prix des carburants il y a des taxes. Ces taxes sont très importantes, au moins la moitié du prix, et ces taxes n’ont pas augmenté dans les dernières semaines donc elles amortissent d’une certaine façon la hausse des prix du pétrole brut. »

Un effet saisonnier?

Il faut aussi intégrer l’offre et la demande à ce raisonnement. D’un côté, les pays producteurs freinent la production pour justement maintenir un prix élevé du pétrole brut. C’est le cas avec les décisions récentes de l’Arabie Saoudite et de la Russie. De l’autre, la demande est forte, avec les départs en vacances d’été et de nombreux automobilistes sur les routes et un transport aérien qui retrouve des couleurs.

« La forte hausse des prix des carbutants a commencé fin juin, début juillet, en même temps que les prix du pétrole brut décollaient sur le marché mondial, après avoir été relativement stables les semaines précédentes », souligne Francis Perrin.

Autre facteur qui joue actuellement: la bonne santé actuelle de l’économie mondiale, qui favorise en général une remontée des prix du pétrole brut. Au-delà des départs en vacances, la demande mondiale de pétrole bat ainsi des records actuellement:

« En 2023, le monde va consommer plus de pétrole qu’il n’en a jamais consommé dans l’histoire, donc cela entraîne une forte augmentation de la demande et une pression haussière sur les prix. »

On peut également évoquer les effets de change, sachant que le baril de pétrole se vend en dollars, mais que les pays européens comme la France l’achète en euros.

« L’euro s’est un peu amélioré par rapport au dollar ces dernières semaines, cela ne compense pas tout, mais cela peut jouer un peu », souligne Philippe Chalmin, économiste et professeur à Paris-Dauphine.

Quelle évolution ces prochaines semaines?

Cet expert des matières premières rappelle également qu’un des principaux distributeurs en France, TotalEnergies, a fixé un plafond à 1,99 euro le litre, y compris sur autoroutes, ce qui bloquera donc forcément les prix en cas de nouvelles hausses du pétrole brut.

Difficile tout de même de prévoir l’évolution des prix des carburants ces prochaine semaines, mais le contexte pourrait rapidement changer, en particulier avec la situation économique qui se dégrade en Chine.

« Dans les tous derniers jours, les prix du Brent ont baissé, car sur les marchés, les opérateurs pétroliers ont des inquiétudes sur l’état de l’économie chinoise, qui connaît un ralentissement économique, attesté par plusieurs indices économiques récents qui ne sont pas très bons, le gouvernement chinois parle d’une possible relance, mais on ne voit pas pour l’instant les mesures concrètes, et la Chine est un poids lourd sur le marché pétrolier mondial, le deuxième consommateur mondial après les États-Unis et le premier importateur », analyse Francis Perrin.

En clair, la forte demande associée à une offre limitée de pétrole brut, continuera de maintenir une pression haussière sur les prix des carburants. Une pression qui pourrait donc toutefois se relâcher en partie, si les difficultés de l’économie chinoise se confirment ces prochaines semaines.

Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.

Laisser un commentaire