Des données de Santé publique France relayées par nos confrères du Monde et un récent avertissement de l’Anses viennent confirmer la propagation de maladies portées par les tiques.
Des maladies qui gagnent du terrain. Les pathologies infectieuses transmises par des tiques tendent à se propager dans plusieurs pays européens, dont la France pour certaines, et ce notamment en raison du changement climatique. Des enseignements tirés par les autorités sanitaires et relevés par nos confrères du journal Le Monde.
Parmi ces maladies, celle communément « maladie de Lyme » reste la plus connue du grand public. En pleine expansion Europe car portée par la tique Ixodes ricinus – la plus répandue sur le Vieux Continent – la borréliose de Lyme survient après une morsure causée par une tique portant la bactérie Borrelia. Et elle n’épargne pas la France.
Selon des données de Santé publique France communiquées en mai dernier, ce sont « près de 47.000 cas qui ont été diagnostiqués en médecine générale, soit une incidence de 71 cas pour 100.000 habitants en France » en 2021. En 2009, celui-ci était de 46 cas pour 100.000 habitants, et l’évolution de l’estimation – bien que fluctuante selon les années – témoigne de la propagation de la maladie. En outre, Santé publique France évoque « un nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année en hausse ces deux dernières décennies ».
La borréliose de Lyme est présente sur tout le territoire métropolitain mais inégalement répartie (principalement présente à l’est et au centre du pays).
« Le changement climatique aura probablement une incidence sur l’abondance et la répartition des tiques, qui sont sensibles à la température et à l’humidité », relève le ministère de la Santé et de la Prévention sur son site Internet.
Enfin, si des résultats prometteurs ont récemment été publiés, il n’existe en l’état pas de vaccin contre la maladie, ce qui explique le renforcement des mesures de prévention ces dernières années par les autorités publiques.
Les cas d’encéphalite à tiques augmentent
La borréliose de Lyme n’est pas la seule maladie que peut transmettre la tique Ixodes ricinus et qui gagne du terrain en Europe et en France. 71 cas d’encéphalite à tiques ont été signalés depuis 2021, selon un premier bilan publié en juillet par Santé publique France.
En précision, ce sont – entre mai 2021 et mai 2023 – 30 cas qui ont été notifiés en 2021, 36 en 2022, et 5 jusqu’ici cette année. Alexandra Mailles, épidémiologiste à Santé publique France, avait souligné en juillet que malgré la « létalité très faible » de la maladie, celle-ci pouvait toutefois causer « des séquelles importantes suite à l’atteinte du système nerveux central »
« Avec le changement climatique, certains pays ou régions deviennent plus favorables aux tiques », avait-elle également souligné lors d’une conférence de presse.
Le risque de l’émergence de la fièvre de Crimée-Congo
Enfin, une autre pathologie inquiète les autorités sanitaires: l’éventuelle apparition de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo en France. Si « aucun cas humain de contamination par le virus de la fièvre de Crimée-Congo n’a encore été observé », l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a effectivement jugé dans un avis et un rapport rendu en juin qu' »une émergence en France est possible ».
« Ce risque est d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques en cours », souligne Elsa Quillery, coordinatrice de l’expertise citée par l’Anses.
Les tiques Hyalomma marginatum, porteuses de la maladie et originaires d’Afrique et d’Asie, affectionnent particulièrement les climats secs et les périodes chaudes, à la différence des autres tiques, davantage forestières.
Si cette fièvre de Crimée-Congo se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestifs, « dans certains cas, elle peut s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30% dans certains pays ».
« Contrairement à ce qui existe pour les moustiques, aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour les tiques », a relevé Elsa Quillery, appelant à » renforcer la surveillance des tiques en France mais également de celles qui arriveraient en provenance de pays où le virus circule actuellement ».
D’autant que l’Europe n’est pas le seul continent où les tiques se propagent. Aux États-Unis, la tique étoilée, une espèce se trouvant principalement dans le sud et l’est du pays, pourrait davantage proliférer sur le territoire américain en raison du changement climatique.
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