Plusieurs ONG internationales et experts européens alertent sur la déforestation et les incendies à répétitions en Amazonie. Selon eux, les dégagements de carbone dans cette région du monde auraient atteint un niveau record.
Ce sont de tristes records qui viennent d’être battus en Amérique du sud. En moins de quatre décennies, une surface presque aussi grande que la Colombie a été déboisée dans la région, selon une étude du Réseau amazonien d’information socio-environnementale et géographique (RAISG) publiée ce lundi 23 septembre.
À cela s’ajoutent des incendies toujours plus nombreux. Ces derniers dégagent des quantités inquiétantes de gaz à effet de serre et réduisent considérablement le périmètre de la forêt amazonienne, jouant un rôle pourtant crucial contre le réchauffement climatique.
La qualité de l’air de plus en plus dégradée
L’observatoire européen Copernicus a lui aussi tenu, ce lundi 23 septembre, à tirer la sonnette d’alarme: l’Amazonie et la zone humide du Pantanal, autre sanctuaire de biodiversité situé plus au sud, ont connu ces derniers mois leurs « pires incendies en deux décennies ».
Conséquence: les émissions de carbone ont été « significativement au-dessus de la moyenne, battant des records régionaux et nationaux », affectant « gravement » la qualité de l’air dans toute l’Amérique du Sud. Toujours selon Copernicus, le total d’émissions cumulées depuis le début de l’année est « plus haut que la moyenne, soit 183 mégatonnes de CO2 jusqu’au 19 septembre dernier, suivant le rythme des émissions record de 2007 ».
« Avec la perte de la forêt, nous émettons plus de carbone dans l’atmosphère et cela bouleverse tout un écosystème qui régule le climat et le cycle hydrologique, affectant clairement les températures », explique à l’AFP Sandra Rios Caceres, de l’Institut du Bien commun, association péruvienne qui a pris part à l’étude.
Les événements climatiques « de plus en plus extrêmes et fréquents » favorisés par la déforestation « continuent de toucher une Amazonie déjà fragilisée, autant dans sa capacité de régénération que dans son rôle pour réguler le climat de la planète », résume l’étude du RAISG.
La nécessité d’agir vite « pour abandonner les énergies fossiles »
Malgré les efforts de pays comme le Brésil ou la Colombie pour réduire la déforestation en Amazonie, 3,8 millions d’hectares de forêt tropicale ont été déboisés dans la région l’an dernier, du jamais vu en deux décennies, soit une surface presque aussi vaste que la Suisse.
Au Brésil, qui accueillera en 2025 à Belem la COP30, conférence de l’ONU sur le climat, le nombre de foyers d’incendie depuis janvier a déjà dépassé le total de toute l’année dernière (200.013 contre 189.926), selon les données de l’institut d’études spatiales (INPE). Le gouvernement du plus grand pays d’Amérique latine pointe dans de nombreux cas la responsabilité de « criminels ».
« Les présidences sud-américaines doivent plus que jamais prendre des mesures urgentes pour éviter une catastrophe climatique qui pourrait avoir des conséquences irréversibles. Il faut agir maintenant », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques d’Amnesty International, dans une lettre ouverte publiée ce lundi 23 septembre concomitamment à l’étude du RAISG.
Amnesty réclame notamment « davantage d’efforts pour abandonner les énergies fossiles, transformer le modèle actuel d’agriculture industrielle, protéger les peuples autochtones et offrir des garanties aux défenseurs de l’environnement ».
En Amazonie, la déforestation a détruit 12,5% de la couverture végétale de 1985 à 2023, selon les données de satellites analysées par le RAISG.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.