Ces derniers jours, l’Espagne a été secouée par des feux de forêts de grande ampleur du nord au sud. On estime d’ailleurs qu’entre le moi de janvier et le 15 août dernier, plus de 270.000 d’hectares de végétation ont brûlé. Le Portugal connaît un été tout aussi accablant et craint un mois de septembre qui s’annonce particulièrement sec.
L’Espagne et le Portugal tentaient toujours de venir à bout mercredi de plusieurs feux de forêt, notamment dans le centre du Portugal où le brasier du parc naturel de la Serra da Estrela mobilise d’importants moyens.
· En Espagne, plus de 10.000 hectares partis en fumée près de Valence
L’Espagne, tout d’abord, s’est vue confrontée à une vague de feux de forêt ces dernières semaines, notamment dans la province de Valence, dans l’est. La hausse des températures favorise le phénomène au premier chef.
Le feu qui sévit depuis lundi à Bejis, à 70 kilomètres au nord-ouest de Valence, a connu une progression rapide, ravageant plus de 10.000 hectares, et entraîné l’évacuation de 1500 personnes, selon les responsables régionaux. Quelque 200 kilomètres plus au sud, à Vall de Ebo, la météo a offert un peu de répit aux centaines de pompiers qui combattent un important incendie depuis samedi.
Un fléau forestier qui est aussi un fléau pour la faune locale, comme le montre la vidéo ci-dessous montrant des sangliers tentant de fuir.
La pluie et la grêle, qui se sont abattues sur une zone où les flammes ont ravagé plus de 11.000 hectares, ont toutefois cloué au sol les avions de lutte contre les incendies et leurs équipes. Au plus fort du sinistre, une vingtaine d’appareils ont secondé les secours dans le ciel d’après la presse locale qui a noté l’évacuation de six communes et de 1500 personnes.
La vidéo filmée sur le terrain par les pompiers à pied d’oeuvre dévoile un spectacle accablant.
· Année terrible sur le front des incendies en Espagne
Le feu valencian est sans conteste le plus fulgurant et le plus effroyable des incendies harassant actuellement l’Espagne mais il n’est pas un cas isolé. Selon un point du média Onda Cero, on déplorait encore une douzaine d’incendies supplémentaires dans le pays ces derniers jours, à savoir six en Galice (trois d’entre eux étant encore actifs mercredi), cinq dans les Asturies, ou encore celui d’Anon de Moncayo près de Saragosse. Cette dernière catastrophe a même dévoré 6000 hectares.
Les statistiques avancées par la RTVE, s’appuyant sur les données recensées par le Système d’information européen sur les feux de forêts (EFFIS), sont d’ailleurs sidérantes: ces incendies ont dévasté plus de 270.000 hectares de végétations en Espagne entre janvier dernier et le 15 août.
Il faut noter toutefois que ce total est inférieur de 100.000 hectares selon le gouvernement espagnol, qui a arrêté son décompte une semaine avant son partenaire européen.
· Le Portugal face à deux incendies
Au Portugal, après avoir été déclaré maîtrisé la semaine dernière, l’incendie de la Serra da Estrela s’est à nouveau embrasé lundi. Une enquête a été ouverte pour en déterminer les causes.
90% du brasier étaient maîtrisés mercredi à la mi-journée selon les propos tenus par le commandant de la Protection civile Miguel Cruz lors d’un point-presse mercredi soir.
Ce feu, qui a déjà fait partir en fumée quelque 25.000 hectares de cette zone protégée, selon des estimations provisoires, est toutefois le plus important de l’été au Portugal.
L’odeur de brûlé avait même été sentie à Madrid mardi. Il a détruit des espèces uniques dans le parc reconnu par l’Unesco, au coeur de la chaîne de montagnes de la Serra da Estrela culminant à environ 2000 mètres.
L’objectif des 1200 pompiers, ainsi que des huit aéronefs, déployés sur place est de parvenir à maîtriser ce feu d’ici vendredi avant que les températures ne remontent à nouveau.
De surcroît, un autre foyer a mobilisé les secours dans l’après-midi de mercredi, du côté de la région de Caldas da Rainha, dans le centre du pays. Un pompier luttant contre les flammes locales y a même perdu la vie, tué par une crise cardiaque.
· L’été de tous les dangers
« Nous ne sommes pas encore à bout de cette période critique d’incendies », a prévenu mercredi José Luis Carneiro, ministre de l’Intérieur, à l’issue d’une réunion avec les responsables de l’Institut portugais de la mer et de l’atmosphère (IPMA).
« Nous allons entrer dans une troisième vague de chaleur » à partir de samedi « qui devrait se prolonger jusqu’en septembre », qui s’annonce comme un « mois plus chaud et plus sec » que la normale, a-t-il affirmé.
Le Portugal, qui connaît cette année une sécheresse exceptionnelle, a déjà connu le mois de juillet le plus chaud depuis près d’un siècle. Depuis le début de l’année, quelque 92.000 hectares sont partis en fumée, soit la superficie la plus étendue depuis les incendies meurtriers de 2017 qui avaient fait une centaine de victimes, selon le dernier bilan de l’Institut pour la conservation de la nature et des forêts.
Ces dizaines de milliers d’hectares brûlés dans la péninsule ibérique renvoient en écho les conclusions de l’étude conduite par l’association Global Forest Watch, la World Ressources Institute et l’Université du Maryland et publiée ce mercredi. L’enquête, lue ici par la BBC, a établi que 9 millions d’hectares de boisé avaient été calcinés à l’échelle mondiale pour la seule année 2021, soit le double qu’en 2001. Utilisant l’image désormais consacrée en pareil cas, le rapport expose que les feux ont coûté au monde l’équivalent de 16 terrains de football… par minute cette année-là. Pire, on perdrait trois millions d’hectares de forêts supplémentaires face aux flammes tous les ans. Ou la superficie d’un pays comme la Belgique.
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