DOCUMENT BFMTV – Le mari de Delphine Jubillar et son ancien codétenu se sont confrontés dans les bureaux des juges d’instruction. Un an et demi après la disparition de l’infirmière, Cédric Jubillar continue de clamer son innocence.
Il est 14h20 ce 14 mai quand débute la confrontation entre deux hommes. D’un côté Cédric Jubillar, l’époux de Delphine et principal suspect dans la disparition de celle-ci. De l’autre Marco, son ancien codétenu qui affirme que Cédric lui aurait confié s’être débarrassé du corps de l’infirmière.
Déjà tous deux convoqués par les juges d’instruction suite à ces révélations en décembre dernier, les ex-codétenus se sont fait face et ont opposé leurs versions des faits. Une audition à laquelle BFMTV a pu avoir accès.
Cédric, une star en prison?
Les juges commencent par interroger Marco sur ses antécédents judiciaires, puis passent très vite au comportement de Cédric Jubillar en prison. Marco et d’autres détenus interrogés à l’époque par les gendarmes affirment que Cédric Jubillar se prenait pour une star, information que ce dernier n’approuve pas devant les juges.
« Sur le fait qu’ils disent que je me prenais pour une star, je vous réponds que c’est peut-être leur impression », explique-t-il.
Arrivent ensuite les questions sur Delphine. Marco avait affirmé que Cédric Jubillar l’appelait « l’autre ». « Vrai », répond l’intéressé aux juges, mais il ajoute que jamais il ne l’appelait par son prénom.
« Le mot ‘trainée’, j’ai peut-être dû l’utiliser oui », ajoute Cédric Jubillar.
Les juges passent ensuite aux révélations faites par l’époux en détention. Marco confirme que Cédric Jubillar lui a beaucoup parlé, sur le déroulement des faits, notamment que Delphine dormait alors sur le canapé dans le salon. Comment sait-il cela? Pour Cédric Jubillar c’est simple: Marco a entendu tout cela aux informations.
« J’ai toujours maintenu que j’étais innocent »
Selon Marco, Cédric Jubillar lui a affirmé qu’arrivé dans le salon il voit son épouse envoyer des SMS à son amant. C’est alors qu’il « vrille » et qu’il s’en débarrasse. Des éléments que confirment à nouveau Marco.
« J’ai toujours maintenu que j’étais innocent dans l’histoire. Vous me demandez s’il ment je vous réponds que oui », répond Cédric Jubillar.
Il affirme qu’après être allé se coucher, il ne s’est pas relevé: « je vous l’ai dit je suis innocent. Pourquoi je lui parlais de cela? C’est parce qu’il me posait des questions ». Lors d’une autre discussion, Cédric Jubillar aurait affirmé à Marco au sujet des gendarmes que « ces abrutis […] n’ont même pas trouvé le couteau ». « C’est un mensonge », assure Cédric Jubillar, « je n’ai jamais tué Delphine, donc du coup j’ai jamais utilisé de couteau pour quoi que ce soit […] je n’y suis pour rien dans cette histoire ».
Des versions qui s’opposent sur la voiture et la ferme
Vient alors la question de la voiture blanche, celle utilisée pour se débarrasser du corps de Delphine selon les dires de Marco. « Je sais qu’on a parlé de cette voiture blanche mais je ne lui ai jamais dit que j’avais tué Delphine donc je ne sais pas pourquoi il dit ça », rétorque Cédric face aux juges, expliquant que c’est celui qu’il présente comme l’amant de sa femme qui l’aurait caché dans un entrepôt. « J’en ai jamais entendu parler », répond néanmoins Marco.
Les deux hommes se renvoient la balle sur la question de la ferme qui a brûlé plusieurs mois après la disparition de Delphine Jubillar. Cédric dit à plusieurs reprises aux juges que son ex-codétenu est revenu sans arrêt à la charge sur l’endroit où se trouvait le corps
« C’est le contraire, c’est moi qui lui disais d’arrêter de parler », réplique Marco, « il en parlait H24, plusieurs fois je lui ai dit de se taire, que je ne voulais même pas savoir ».
Cédric Jubillar nie en bloc: « C’est un grand mensonge. Je n’ai jamais eu ce genre de discussion avec lui. Comme il était insistant sur le fait de savoir où j’ai mis le corps, j’ai dit en rigolant que je l’ai mis près de la ferme qui a brulé c’est tout. C’est la seule chose vraie, le reste, c’est des mensonges ». Marco confirme aussi aux juges que Cédric Jubillar craignaient que les amies trouvent le corps lors des battues: « il devenait fou il les insultait ». Réponse de Cédric aux juges: « je ne suis pas contre qu’elles (les amies de Delphine, NDLR) fassent des recherches mais qu’elles arrêtent de se trémousser devant la télé ».
Questions autour des courriers adressés à Séverine
Enfin Marco est interrogé sur les courriers qu’il devait remettre à Séverine, la nouvelle compagne de Cédric. « Je devais le faire passer à sa compagne après que je sorte, c’était un message codé pour que je puisse les aider à l’extérieur à déplacer le corps ».
Les juges notent alors des incohérences dans les propos de Cédric Jubillar. Marco affirme que Cédric Jubillar a demandé dans un courrier que Séverine se crée un compte Facebook via une adresse mail pour qu’elle et Cédric puissent entrer en contact. Or cette adresse mail, selon Cédric, devait servir à Séverine pour qu’elle puisse les consulter en cas de mails importants. Problème: le courrier qui doit être remis à Séverine par Marco ne mentionne pas la moindre explication.
« Vous ne lui expliquez rien », disent les juges, « ni dans ce document ni dans aucun des courriers que vous lui enverrez par la suite ». Ce à quoi répond Cédric Jubillar: « Je lui ai écrit plus tard, non? J’ai dû faire une erreur de lettre ». « Comment aurait-elle pu consulter vos mails alors que vous ne fournissez pas les mots de passe pour y accéder? », demandent les juges à l’époux.
Les juges lui font aussi signaler qu’au début de l’affaire, Cédric a fourni des mauvais mots de passe aux enquêteurs et leur donne la mauvaise réponse à la question secrète ‘quel est votre meilleur ami?’, à savoir Jean-Pierre. Il rétorque qu’il avait créé plusieurs mots de passe et qu’il ne se rappelle pas de tous: « vous me demandez qui est Jean-Pierre, je vous réponds que je ne sais pas. Je ne me rappelle pas avoir dit ça, je n’ai jamais eu de Jean-Pierre dans ma vie ».
La justice a confirmé lundi dernier le maintien en détention de Cédric Jubillar qui continue de clamer son innocence, un an et demi après la disparition de son épouse.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.