Le sous-lignage d’Omicron BA.5 progresse rapidement semaines après semaines en France. Identifié début avril, il semble provoquer davantage de symptômes chez les malades, mais pas plus d’hospitalisations.
Depuis plusieurs semaines maintenant, le nombre de cas de Covid-19 est de nouveau à la hausse, avec une progression du variant Omicron BA.5, qui remplace peu à peu le BA.2, jusqu’ici dominant en France. Cette augmentation signe l’arrivée d’une 7e vague dans l’Hexagone, même si son incidence sanitaire n’est pas encore connue.
« La question est: ‘quelle est l’intensité de la vague?' », a lancé ce mercredi sur France 2 Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.
Le sous-lignage d’Omicron BA.5 a été identifié début avril 2022 en Afrique du Sud, en même temps que le sous-lignage BA.4. Cela fait donc seulement deux mois qu’il est observé et analysé, ce qui laisse encore beaucoup de place aux suppositions à son sujet, même si des tendances émergent.
« Anosmie et agueusie, mais aussi nausées, vomissements et diarrhée »
Dans sa dernière analyse de risque sur les variants, Santé Publique France (SPF) note une possibilité plus forte de faire une maladie symptomatique avec ces variants. « La probabilité de présenter anosmie et agueusie, mais aussi nausées, vomissements et diarrhée était plus élevée pour les cas de BA.4/BA.5 par rapport à ceux de BA.1 », écrit l’organisme.
« Les cas de BA.4/BA.5 ont aussi déclaré une durée des signes cliniques plus longue. »
Toutefois, « le taux d’hospitalisation n’était pas significativement plus élevé pour BA.4 et BA.5 par rapport à BA.1 et la majorité des cas hospitalisés présentaient des facteurs de risque ».
Si les personnes touchées font statistiquement des Covid-19 plus symptomatiques qu’avec les précédents sous-variants d’Omicron, elles ne vont pas forcément davantage à l’hôpital, ce qui s’observe, pour le moment, dans les chiffres de l’épidémie.
« Il y a plus de cas chaque jour, mais pour l’instant ça ne se traduit pas significativement par une augmentation du nombre d’hospitalisations, a fortiori du nombre de décès. Mais on sait qu’il y a toujours un décalage », rappelle Alain Fischer.
Une étude préliminaire sur des hamsters publiée en mai pointe ainsi du doigt une potentielle sévérité supérieure des sous-variants BA.4 et BA.5, notamment parce qu’ils semblent favoriser l’infection des cellules pulmonaires plutôt que des tissus des voies respiratoires. « Mais ces résultats sont à prendre avec précaution », note SPF, car « le modèle hamster est difficilement transposable chez l’homme ».
« Aucun signal en terme de sévérité n’a été rapporté »
« À ce jour, peu de données sont disponibles sur les caractéristiques de BA.2.12.1, BA.4 et BA.5 », souligne SPF, ajoutant ensuite que pour le moment, « aucun signal en terme de sévérité n’a été rapporté pour ces trois sous-lignages, et les investigations des cas de BA.4 et BA.5 réalisées par Santé publique France vont dans ce sens. »
Les observations de l’Afrique du Sud et du Portugal, où le pic épidémique est passé, font également pencher certains observateurs pour un optimisme raisonné sur les risques accrus d’hospitalisations et de décès.
D’autre part, SPF note que BA.4 et BA.5 sont « génétiquement plus proches de BA.2 que de BA.1, et une précédente infection par BA.2 pourrait donc conférer une meilleure protection ». La circulation soutenue de BA.2 ces derniers mois en France pourrait ainsi « avoir un effet protecteur contre BA.5 et modérer encore son impact. »
« Sur la base de données limitées, il n’y a aucune preuve que BA.4 et BA.5 soient associés à une gravité accrue de l’infection par rapport aux variants BA.1 et BA.2 », écrit l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) dans un rapport daté du 13 juin 2022. « Cependant, comme lors des vagues précédentes, une augmentation globale des cas de Covid-19 peut entraîner une augmentation des hospitalisations, des admissions en USI et des décès. »
« Il faut s’en occuper »
Pour l’instant, la réelle inquiétude autour de la montée de BA.5 en France concerne en effet sa forte contagiosité. Ce variant « représentait 24,2% des séquences interprétables de Flash » la semaine du 30 mai au 5 juin, « contre 13,3% » pour la semaine précédente, écrit SPF. Et même si ce variant ne semble pas plus virulent, s’il se propage rapidement à beaucoup de personnes, il augmentera mécaniquement le nombre de patients à l’hôpital.
« Il n’est pas plus sévère que les autres variants Omicron BA.1 ou BA.2, cela se situe au même niveau. Mais il y a plus de cas donc il faut s’en occuper », souligne ainsi Alain Fischer. « Quand il y a vague, il y a un certain degré de signal d’alerte parce qu’immanquablement, quelques-unes des personnes contaminées iront à l’hôpital ».
D’autant que les professionnels de santé ont alerté sur un manque de personnel à venir cet été, qui pourrait entrainer rapidement la saturation de certains services en cas d’augmentation des hospitalisations. Les autorités sanitaires encouragent donc au respect des gestes barrières et à la vaccination des plus fragiles afin d’éviter des cas graves.
« On est vacciné, on a une protection collective qui est forte, on connait le variant qui est en circulation, on connait les moyens de se prémunir d’une flambée épidémique – le masque, les gestes barrières… – les Français savent tout ça », a déclaré l’ex-ministre de la Santé Olivier Véran ce mercredi sur BFMTV/RMC, déclarant ne pas avoir une « inquiétude excessive » à ce sujet.
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