le système AdBlue de certains véhicules sous le feu des critiques

L’UFC Que Choisir a saisi la Répression des fraudes. Des milliers de propriétaires d’automobiles utilisant ce système font état de pannes récurrentes mal prises en charge, notamment chez Citroën et Peugeot.

Sur le papier, la technologie AdBlue est plutôt intéressante. Il s’agit d’un additif qui permet aux automobiles diesel équipés d’un filtre à particules spécifique de réduire leurs émissions dangereuses d’oxyde d’azote. Stocké dans un réservoir dédié, il est injecté dans le système d’échappement une fois le moteur allumé.

Problème, à l’usage cet additif provoquerait des pannes récurrentes. Au point de générer une pluie de signalements auprès de l’association de défense des consommateurs UFC Que Choisir.

« De très nombreux conducteurs utilisant l’AdBlue nous ont indiqué avoir reçu une notification ‘défaut antipollution’ ou ‘démarrage impossible dans XXX km’, les obligeant à se rendre chez un garagiste, sous peine de ne plus pouvoir rouler. La dégradation du liquide à partir de 25°C et, surtout, sa cristallisation n’aurait pas bien été prise en compte par les constructeurs », peut-on lire dans un communiqué.

Stellantis reconnaît des dysfonctionnements

Suite à un appel à témoignages (plus de 1700 automobilistes ont répondu), il apparaît que le problème touche particulièrement en France des modèles de Peugeot et Citroën.

Contacté, le groupe Stellantis propriétaire de ces deux marques reconnaît qu' »une enquête révèle que sur certains véhicules équipés de la première version du système de réduction catalytique sélective (SCR), sur les moteurs diesel Euro-6, des dysfonctionnements ou des avertissements indiquant qu’une défaillance potentielle peuvent se produire ».

Interrogé sur le nombre de véhicules concernés, le constructeur nous indique ne pas encore avoir cette information.

Selon l’association, « les défaillances du système d’AdBlue touchent quasiment tous les constructeurs: Audi, BMW, Dacia, Fiat, Ford, Hyundai, Jaguar, Jeep, Kia, Mazda, Nissan, Porsche, Seat ou encore Toyota. Il s’agit d’un problème massif », souligne l’association.

Toujours selon cette enquête, « les véhicules concernés ont été commercialisés à partir de 2013. Nous pouvons donc en conclure que les constructeurs avaient connaissance de ce problème depuis de nombreuses années ».

Autre problème, la prise en charge par les constructeurs semble insuffisante et onéreuse. « En effet, dans 91% des cas, il existe un reste à charge pour les automobilistes, qui en moyenne avoisine les 1000 euros, mais qui peut atteindre 3100 euros pour certains d’entre eux. Les disparités constatées mettent en lumière une prise en charge au cas par cas purement arbitraire. À cela s’ajoute le fait que la réparation n’est pas toujours concluante », s’indigne l’association.

Des constructeurs qui « ont fermé les yeux »?

« Alors que les pannes liées au système d’AdBlue sont connues de longue date des constructeurs, ceux-ci ont préféré fermer les yeux et continuer de vendre ces véhicules défaillants. Il est inacceptable que des milliers de consommateurs européens n’aient d’autre choix que de débourser près de 1000 euros pour continuer à rouler, sans garantie que leur problème soit résolu », attaque Marie-Amandine Stévenin, Présidente de l’UFC-Que Choisir, qui a donc décidé de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et la Répression des Fraudes (DGCCRF).

Sur ce volet prise en charge, un porte-parole de Stellantis nous indique que « pour assurer la satisfaction des clients, les véhicules diesel Euro 6.x produits de 2014 à août 2020 bénéficient d’une couverture étendue contre d’éventuels dysfonctionnements sur le réservoir AdBlue. Après l’expiration de la garantie contractuelle accordée par le constructeur, le montant du soutien financier est accordé en fonction de l’âge et du kilométrage du véhicule ».

Enfin, étant donné que le problème est en réalité européen, l’UFC a également alerté le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) et la Commission européenne. Elle exige une enquête et la prise en charge gratuite des pannes ou des défaillances liées à AdBlue.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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