Le Mondial de l’automobile débute aujourd’hui à Paris alors que les ventes de voiture, électriques ou thermiques, patinent. Si le gouvernement a fait le choix de pénaliser davantage les modèles thermiques les plus polluants, les ventes de voitures électriques semblent ralentir.
« La filière française et européenne est aujourd’hui en danger » a annoncé Luc Chatel, président de la plateforme automobile à la commission des affaires économiques du Sénat en octobre 2024.
Les immatriculations de voitures particulières neuves en France ont reculé de 11,1% sur un an en septembre, selon la Plateforme automobile (PFA), qui rassemble les filières dans l’Hexagone. En juillet 2023, 131.600 voitures neuves étaient vendues, contre 129.400 en juillet 2024, soit une baisse de 1,8%, selon le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Des chiffres qui inquiètent les constructeurs, qui constatent une diminution dans le renouvellement de leur parc.
Coup d’arrêt pour les véhicules électriques
Ce coup d’arrêt est particulièrement marqué pour les véhicules électriques. Après trois années de croissance importante, la hausse au premier semestre 2024 n’a été que très légère (1,3%). Les acheteurs semblent se tourner davantage vers les modèles hybrides (+22,3%), qui représentent 29,2% du marché, selon les chiffres publiés en juillet 2024 par les constructeurs automobiles.
Cette baisse des ventes se confirme au niveau européen. « Sur le marché européen il y des baisses de volumes considérables qui se constatent depuis 5 ans », estimait Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme Automobile à l’antenne de BFMTV ce matin.
Surcapacité dans les usines
Cela a comme conséquence une surcapacité dans les usines et donc des licenciements. Selon Luc Chatel, « la filière de l’industrie automobile a perdu 50.000 emplois en France en 5 ans », le nombre d’emplois étant aujourd’hui à 350.000 en France (14 millions en Europe). Les exemples récents sont nombreux. En septembre 2024, le groupe allemand Volkswagen résilie son accord sur la garantie de l’emploi, ouvrant la voie à de possibles licenciements à partir de 2025. En août 2024, Stellantis annonce le licenciement de 2.450 personnes dans le Michigan.
Des aides à l’achat de véhicules électriques en baisse
Un constat qui ne va « pas s’arranger » selon Marc Mortureux car les aides pour stimuler les ventes en électrique sont nécessaires. D’après une enquête de l’institut CSA pour le compte de la Plateforme automobile, 77% des consommateurs renonceraient à acheter une voiture électrique si les aides publiques venaient à disparaître.
Or, ces aides sont en baisse. En effet, le gouvernement a annoncé en février 2024 que le bonus réservé à l’achat de voitures électriques neuves passait de 5.000 euros à 4.000 euros. L’Etat se concentre ainsi sur les ménages les plus modestes, les ménages en dessous du cinquième décile conservant une aide de 7 000 euros.
Durcissement du malus écologique
Par ailleurs, le gouvernement Barnier a annoncé lors de la présentation de son projet de lois de finances un durcissement du malus écologique afin « d’encourager la transition énergétique du parc ». Luc Chatel parle de « double peine », car les moteurs à essence et diesel représentent 85% du marché, alors que les ventes de véhicules électriques connaissent un coup d’arrêt.
Le mondial de l’automobile qui s’ouvre aujourd’hui va être un face-à-face entre les constructeurs chinois et européens. Les tensions sont élevées, alors que l’UE se prépare à taxer lourdement les véhicules électriques produits en Chine. A l’heure où l’objectif est de basculer vers l’électrique pour lutter contre le réchauffement climatique, avec un objectif de 100% de voitures électriques en 2035, les défis sont de taille. « Une des sources des difficultés de l’industrie européenne est que la Chine a 15 ans d’avance sur cette technologie par rapport à l’Europe », analyse Marc Mortureux.
« On était leader sur le thermique, on démarre avec retard sur l’électrique. On se bat et on se transforme pour essayer de rattraper ce retard », conclut-il.
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