Les chercheurs de cette étude parue dans Nature climate change prédisent un réchauffement qui serait entre 0,22°C et 0,32°C par décennie alors que les modèles de climat prévoient une valeur de 0,18°C par décennie.
Le réchauffement de l’Antarctique, deux fois plus élevé que dans le reste du monde, est beaucoup plus important que ce qu’estimaient les modèles climatiques, écrivent des chercheurs dans une étude publiée jeudi, après avoir analysé des dizaines de carottes glaciaires.
Des scientifiques basés en France, en Allemagne et au Royaume-Uni ont utilisé des données provenant de 78 carottes prélevées en Antarctique, permettant de remonter l’évolution du climat sur 1000 ans. Cette méthode permet de compenser le manque de données provenant du continent blanc, où peu de stations météo sont présentes et où les données satellitaires sont lacunaires.
Un réchauffement entre 0,22°C et 0,32°C par décennie
Concernant le réchauffement en Antarctique, « les résultats qu’on obtient sont 20 à 50% plus grands que les prédictions des modèles de climat », explique Mathieu Casado, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, auteur principal de l’étude publiée dans la revue Nature climate change.
« Avec nos reconstructions à partir des carottes de glace, on prédit un réchauffement qui serait entre 0,22°C et 0,32°C par décennie » pour l’Antarctique, tandis que « les modèles de climat prédisent une valeur de 0,18°C par décennie », précise-t-il.
Le réchauffement en Antarctique représente « pratiquement deux fois la valeur de la moyenne globale », note-t-il.
Les pôles plus touchés par le réchauffement climatique
Le changement climatique est plus marqué aux pôles en raison d’un phénomène déjà connu dit d’amplification polaire, avec la fonte des neiges et des glaces qui réfléchissent la lumière du soleil. Mais l’Antarctique était théoriquement bien moins concerné par ce phénomène, dans la mesure où il est constitué d’une couche de glace plus épaisse.
Le réchauffement de l’Antarctique obéirait à des raisons complexes liées à la qualité de la neige et à la « circulation atmosphérique », indique Mathieu Casado.
Les auteurs concluent leur étude sur la nécessité de faire travailler ensemble paléoclimatologues, statisticiens et modélisateurs pour réconcilier les modèles et les observations concernant les pôles.
Mais au-delà, Mathieu Casado se demande si les modèles climatiques ne sous-estiment pas également d’autres phénomènes, ouvrant la porte à d’autres recherches.
« Ce n’est pas quelque chose qu’on a pu estimer dans l’étude mais a priori ce sont les mêmes modèles de climat utilisés pour évaluer les changements futurs des niveaux des mers, par exemple, selon les scénarios d’émission de gaz à effet de serre. Donc on se demande à quel point ça aura un impact sur ces prédictions là aussi », avance-t-il.
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