Les treize laboratoires qui produisent l’antibiotique le plus prescrit en France devront atteindre des objectifs de production fixés par les autorités de santé pour répondre à la demande hivernale.
C’est une mesure inédite. Face aux tensions sur le marché de l’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit en France, le gouvernement fait un geste auprès des industriels en acceptant d’augmenter son prix. Mais cette hausse, limitée dans le temps, aura une contrepartie.
L’exécutif a en effet proposé aux treize laboratoires qui produisent l’antibiotique pour le territoire français une hausse de son prix de 10% entre le 1er octobre prochain et fin avril. En échange, les fabricants devront répondre à des objectifs de production accrue, fixés au cas par cas par les autorités de santé. Le but: lutter contre les pénuries qui touchent ce médicament depuis l’automne dernier.
Le laboratoire Biogaran, le leader sur le marché tricolore de l’amoxicilline, nous a confirmé avoir accepté cet accord.
Des conditions à respecter
« Nous avons signé mi-août avec le comité économique des produits de santé une convention qui vise à encadrer cet accord », explique son responsable des Affaires publiques Rémy Petitot.
Pour respecter les termes de cette convention, Biogaran devra produire treize millions de boîtes sur la période hivernale. Et si les laboratoires concernés ne parviennent pas à atteindre les objectifs d’approvisionnement, le gouvernement exigera un remboursement.
« Si les objectifs ne sont remplis qu’à 50% par exemple, nous devrons rembourser l’équivalent de 50% de ces hausses de prix », précise Rémy Petitot.
Une pénurie l’hiver dernier
La pénurie de l’amoxicilline, comme de nombreux médicaments en France, s’explique par plusieurs facteurs. « La demande a explosé l’hiver dernier, sous l’effet d’un pic de pathologies précoce », indique Rémy Petitot. Mais le contexte inflationniste a aussi causé des tensions sur toute la chaîne de production: du carton et de l’aluminium des emballages jusqu’à la fabrication des principes actifs. « Nous n’en avions plus pendant des semaines en fin d’année 2022 et début 2023 », confirme le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) Philippe Besset. Il indique que des « difficultés résiduelles » perdurent encore à ce jour.
Une situation préoccupante que le gouvernement souhaite ne pas voir se reproduire l’hiver prochain grâce à cette mesure. Mais Biogaran déplore que cette hausse de prix ne soit pas pérenne d’une part, et qu’elle intervienne un peu tard dans l’année d’autre part. « Cet accord est mis en place en juillet pour l’hiver alors que nos plannings de production sont déjà établis », explique le responsable des Affaires publiques du laboratoire.
L’augmentation du « prix fabricant hors taxe » n’aura quasiment pas d’effet au comptoir des pharmacies. « L’antibiotique étant pris en charge à hauteur de 65% par l’Assurance maladie et soumis au tiers payant généralisé, la grande majorité des patients ne la ressentiront pas », précise Philippe Besset.
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