Déserts médicaux : comment se soigner sans médecin ?

Un homme qui vivait avec le VIH depuis le début des années 1990 est désormais en longue rémission après avoir reçu une greffe de moelle osseuse. Une nouvelle « encourageante », jugent les scientifiques.

Un homme désigné comme « le patient de Genève » est en longue rémission du VIH après avoir reçu une greffe de moelle osseuse ne présentant pas une mutation connue pour bloquer le virus, une nouvelle qui ouvre potentiellement des pistes pour la recherche.

Son cas a été présenté ce jeudi à Brisbane, en amont de la Conférence de la société internationale du Sida qui s’ouvrira dimanche en Australie. Avant lui, cinq personnes ont déjà été considérées comme probablement guéries de l’infection par le VIH après avoir reçu une greffe de moelle.

Les patients guéris avaient tous en commun une situation bien particulière. Ils étaient atteints de cancers du sang et ont bénéficié d’une greffe de cellules souches qui a renouvelé en profondeur leur système immunitaire. Mais à chaque fois, leur donneur présentait une mutation rare d’un gène dit CCR5 delta 32, une mutation génétique connue pour empêcher l’entrée du VIH dans les cellules.

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Une situation bien particulière

Pour le « patient de Genève », la donne est différente: en 2018, pour traiter une forme particulièrement agressive de leucémie, il a bénéficié d’une greffe de cellules souches.

Mais cette fois, la greffe a été issue d’un donneur non porteur de la fameuse mutation CCR5. Ainsi, contrairement aux cellules des autres personnes considérées guéries, celles de la personne donneuse permettaient théoriquement au VIH de se reproduire.

Et pourtant, le virus reste indétectable 20 mois après l’interruption du traitement antirétroviral chez ce patient suivi aux Hôpitaux universitaires de Genève, en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Institut Cochin et le consortium international IciStem.

Son traitement antirétroviral a été progressivement allégé et définitivement arrêté en novembre de 2021. Et les analyses réalisées pendant les 20 mois qui ont suivi l’arrêt du traitement n’ont détecté ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus dans l’organisme de cette personne.

Les équipes scientifiques ne peuvent exclure que le virus persiste encore, mais elles considèrent qu’il s’agit là d’une nouvelle rémission de l’infection par le VIH.

Le patient devra être surveillé pendant de longs mois

Comment expliquer un tel phénomène chez ce patient? Plusieurs hypothèses sont sur la table. « Dans ce cas précis, peut-être que la greffe a permis d’éliminer toutes les cellules infectées sans besoin de la fameuse mutation », avance Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur.

« Ou peut-être que son traitement immunosuppresseur, nécessaire après la greffe, a joué un rôle », dit-elle.

Cette longue rémission est « encourageante » mais « un seul virion (une particule virale infectieuse, ndlr) peut entraîner un rebond du virus », a mis en garde Sharon Lewin, président de la Conférence de la société internationale du Sida. Ce patient « devra être surveillé de près au cours des prochains mois, voire des prochaines années. La probabilité d’un rebond est impossible à prédire », a-t-il ajouté.

Si ces rémissions nourrissent l’espoir de venir un jour à bout du VIH, une greffe de moelle osseuse reste une opération très lourde et risquée: elle n’est pas adaptable à la plupart des porteurs du virus.

Le patient de Genève, qui vivait avec le VIH depuis le début des années 1990, souhaite pour le moment rester anonyme. « Ce qui m’arrive est magnifique, magique », a-t-il simplement réagi dans un communiqué de l’Institut Pasteur.

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