Malgré la guerre des prix, BYD a annoncé un bénéfice en forte hausse sur les six premiers mois de l’année. Le constructeur chinois bataille avec Tesla pour la place de leader mondial des ventes de voitures électriques.
Le constructeur automobile chinois BYD a annoncé ce mercredi 28 août un bénéfice net semestriel en progression de 24,4% sur un an, galvanisé par la forte demande en véhicules propres en Chine et en dépit d’une guerre des prix.
Contexte favorable en Chine
Le pays asiatique, principal émetteur mondial de gaz à effet de serre en valeur absolue, vise en 2035 des ventes automobiles majoritairement composées de véhicules électriques et hybrides.
De généreuses subventions à l’achat ont permis ces dernières années aux ventes de décoller, tandis que de nombreux constructeurs locaux innovants ont vu le jour pour accompagner cette transition sur le premier marché automobile mondial.
Ce contexte a été plus que favorable à BYD (acronyme de « Build Your Dreams », construisez vos rêves), qui domine en Chine les ventes de véhicules dits « propres ».
Le groupe a dégagé au premier semestre un bénéfice net de 13,63 milliards de yuans (1,71 milliard d’euros), en hausse de 24,4%, a indiqué le groupe.
Son chiffre d’affaires semestriel est lui aussi en forte progression sur un an (+15,7%) à 301,1 milliards de yuans (37,9 milliards d’euros).
« La puissance de la marque », les économies d’échelle et « une maîtrise des coûts » de production, expliquent ces bonnes performances, selon BYD.
En juillet, les modèles hybrides et 100% électriques ont représenté pour la première fois plus de la moitié des ventes d’automobiles en Chine, selon la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA).
De généreuses subventions à l’achat ont permis à l’origine aux ventes de décoller. Mais le marché chinois semble aujourd’hui être arrivé à une forme de maturité.
Duel à distance avec Tesla
BYD serait ainsi en voie de détrôner Tesla en tant que premier vendeur de véhicules électriques cette année, avec une part de 17,7% du marché mondial, contre 17,2% pour Tesla, selon les estimations de Counterpoint Research citées par Reuters.
Ce serait une première sur une année pleine. Si BYD était passé numéro un au dernier trimestre de l’an dernier, Tesla restait leader sur l’ensemble de l’année 2023.
Sur ce début d’année, le constructeur américain domine encore, mais de peu: Tesla a vendu un peu plus de 813.000 unités au premier semestre, contre 726.000 pour BYD.
La tendance reste favorable pour le constructeur chinois, avec des ventes en volumes en progression de 18% sur ce premier semestre, alors que Tesla reculait dans le même temps de 9%.
La croissance de BYD est notamment portée par son développement à l’international: les livraisons à l’étranger ont représenté 11,9% des ventes totales de voitures de BYD au cours des sept premiers mois de l’année, soit près du double par rapport à la même période l’année dernière, selon les calculs de Reuters.
Prix cassés
Pour maintenir la cadence en Chine, les constructeurs locaux se sont lancés depuis l’an dernier dans une guerre des prix au détriment de leur rentabilité.
Le constructeur chinois XPeng, l’un des concurrents de Tesla et BYD en Chine, a annoncé plus tôt ce mois de nouvelles pertes trimestrielles.
A la recherche d’autres débouchés, les marques chinoises mettent depuis ces dernières années le turbo à l’étranger, avec nombre de pays occidentaux qui s’inquiètent désormais de voir leurs marchés inondés de véhicules à prix cassés.
L’Union européenne (UE) a ainsi relevé en juillet ses surtaxes à l’encontre des véhicules électriques importés de Chine. A compter du mois d’octobre, elles pourront atteindre jusqu’à 36%. Un projet qui doit encore être validé par un vote des États membres.
Bruxelles estime que leurs prix sont artificiellement bas du fait de subventions de l’État chinois, ce qui fausse la concurrence et nuit à la compétitivité des constructeurs européens.
Plus radicaux, les Etats-Unis ont eux annoncé en mai le quadruplement des droits de douane (de 25% à 100%). Le Canada a lui averti lundi d’une surtaxe de 100% à compter du mois d’octobre, au nom d’une supposée « concurrence déloyale » des véhicules fabriqués en Chine.
BYD accélère malgré tout son internationalisation notamment en Europe où le groupe prévoit d’ouvrir une usine en Hongrie et une autre en Turquie.
L’implantation de BYD en Turquie doit permettre au groupe d’accéder au marché européen en contournant les surtaxes de Bruxelles.
Spécialisé à l’origine dans la conception et la fabrication de batteries, BYD s’est diversifié dans l’automobile à partir de 2003. De nombreux constructeurs étrangers (Tesla, BMW, Mercedes, Audi, Toyota, Ford…) dépendent désormais de la firme pour leurs batteries.
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