La pollution plastique dans les océans est moindre que prévu en quantité, mais plus durable, selon une étude

Des chercheurs ont estimé qu’entre 470 et 540 milliers de tonnes finissent dans les océans chaque année. Un chiffre déjà important, mais qui était auparavant estimé entre 4 et 12 millions de tonnes annuelles.

Une bonne nouvelle qui cache une situation globale toujours aussi alarmante. Selon une étude publiée lundi dans la revue Nature geoscience, les quantités de plastique rejetées dans les océans seraient bien moindres que ce que les scientifiques avaient estimé jusqu’à présent, mais les débris sont bien plus durables.

« Ce qui me surprend un peu c’est la durée de pollution que ça génère dans l’océan. Ce plastique-là, finalement, reste en surface de l’océan et s’accumule. En fait le plastique ne part pas, il ne coule pas, il ne se dégrade pas si vite en microplastique, donc ça fait beaucoup de déchets en mer », dit à BFMTV Romain Troublé, directeur général de Tara Océan et l’un des auteurs de l’étude.

Entre 470 et 540 milliers de tonnes par an

Pour ces travaux, les scientifiques, pour la plupart basés aux Pays-Bas et en Allemagne, ont effectué des modélisations par ordinateur sur la base de nombreuses données issues d’observations aussi bien sur les côtes qu’à la surface et dans les profondeurs des océans, pour obtenir une estimation du problème.

Ils ont conclu que bien moins de plastiques finissent dans les mers que ce qui était estimé jusqu’à présent, mais qu’il y a davantage de débris flottant.

Ces derniers ont ainsi calculé que de l’ordre de 470-540 milliers de tonnes finissent dans les océans chaque année – un chiffre qui peut sembler considérable mais cependant bien inférieur aux 4 à 12 millions de tonnes estimées auparavant.

Les gros objets flottent plus facilement

Toutefois, la quantité totale de débris plastique flottant, environ 3,2 millions de tonnes, est beaucoup plus importante que ce qui était estimé jusqu’à présent, preuve de leur résistance dans l’eau. « La majorité de la masse des plastiques est constituée de grands objets » (supérieurs à 2,5 centimètres) qui flottent plus facilement, expliquent les auteurs de cette étude.

Là encore, cette conclusion est à double tranchant. Les grands objets à la surface sont plus faciles à ramasser que les microplastiques, mais les plastiques restent aussi beaucoup plus longtemps dans l’océan que ce que l’on pensait jusqu’alors.

« Cela signifie que cela prendra plus longtemps avant que les effets des mesures pour combattre les déchets plastiques soient visibles », souligne Mikael Kaandorp, de l’Université d’Utrecht, l’auteur principal de l’étude.

« Ce sera encore plus difficile de retourner à la situation d’avant. Et si on n’agit pas maintenant, les effets se feront sentir beaucoup plus longtemps », met-il en garde.

« L’urgence absolue, c’est d’éduquer »

Face à une pollution plastique omniprésente sur la planète, le principe d’un traité juridiquement contraignant pour lutter contre ce fléau a été arrêté en février 2022 à Nairobi, au siège du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE). Plusieurs cycles de négociations doivent maintenant concrétiser cette promesse.

Auprès de BFMTV, Romain Troublé estime que la situation devrait s’améliorer si particuliers et gouvernement se sensibilisent à la cause environnementale.

« L’urgence absolue, c’est d’éduquer les gens, savoir qu’un plastique, ça va dans la poubelle. C’est aussi d’éduquer les États, qui doivent s’organiser dans le monde entier pour collecter tous ces déchets et les revaloriser ou les sortir de l’environnement. Puis à moyen et long terme avoir un traité international contraignant », appelle-t-il.

Lors d’une deuxième session de négociations à Paris, 175 pays ont décidé d’établir une « première version » d’un futur traité d’ici leur prochain rendez-vous de négociations en novembre au Kenya.

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