La Méditerranée est plus vulnérable que d’autres mers et océans aux vagues de chaleur marines liées au réchauffement climatique. Ce phénomène touche toutefois le monde entier.
La température de la mer Méditerranée a atteint les 30°C ce dimanche 4 août au large de Monaco et lundi au large de la plaine orientale en Corse, selon Météo France. Depuis juillet, « une grande partie de la Méditerranée connaît des températures de l’eau très supérieures à la normale », un phénomène qui devrait persister dans les prochains jours, explique Météo France sur son site.
En raison du réchauffement climatique lié aux activités humaines, la fréquence des vagues de chaleur marines a doublé depuis 1982, et leur intensité augmente, selon un rapport réalisé en 2019 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mis en place par l’ONU en 1988.
L’été 2022 a par exemple été marqué en France par des canicules marines, particulièrement en Méditerranée, selon Météo France. Une vague de chaleur marine se caractérise par des températures de l’eau dépassant un seuil de chaleur (variable selon la saison) pendant au moins cinq jours consécutifs, selon le groupe de travail international Marine Heatwaves, qui réunit des scientifiques spécialisés sur ce sujet.
La Méditerranée particulièrement vulnérable
À l’échelle de la France, la Méditerranée est particulièrement affectée par ces vagues de chaleur. « En mer Méditerranée, la vitesse à laquelle les changements climatiques sont observés dépasse les tendances mondiales pour la plupart des variables environnementales », notamment sur le plan de la température et de l’acidification de l’eau, développe dans le Journal du CNRS Nuria Teixido Ullod, chercheuse au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer.
En comparaison, « l’Atlantique Nord connaît aussi des vagues de chaleur marines, mais moins intenses », explique à BFMTV.com Jean-Pierre Gattuso, également chercheur au laboratoire de Villefranche-sur-Mer.
Cela s’explique en partie par la configuration de cette étendue d’eau. « La particularité de la Méditerranée est qu’il s’agit d’une mer semi-fermée », souligne Thierry Perez, chercheur du CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale. Elle ne dispose que de deux espaces de circulation (à l’ouest vers l’océan Atlantique et à l’est vers le Nil). En conséquence, « les effets du changement climatique y sont exacerbés », affirme à BFMTV.com Thierry Perez.
Une tendance mondiale
En revanche, à l’échelle du monde, d’autres mers et océans sont très affectés par les canicules, comme le montre la carte du groupe de travail international Marine Heatwaves. « L’est et l’ouest de l’Australie et l’Arctique subissent aussi des vagues de chaleur marines », illustre Jean-Pierre Gattuso. Les températures de surface de la mer dans la région australienne ont augmenté d’environ 1°C depuis 1910, la Grande Barrière de corail s’étant réchauffée de 0,8°C au cours de la même période, selon le site du gouvernement australien.
Et selon le programme de l’ONU pour l’environnement, la température moyenne des océans a augmenté de 1,5 °C au cours du siècle dernier. Ces constats ne sont pas surprenants, affirme le spécialiste du réchauffement des océans, puisque l’action climatique, qui permettrait de lutter contre la hausse de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur marine, est « excessivement modeste ».
Or, la canicule marine a un effet important sur la biodiversité. Elle met en danger certaines espèces, comme les gorgones en Méditerranée, et entraîne la prolifération de poissons et mollusques qui peuvent être invasifs, comme le crabe bleu. « Les dernières estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture mettent en garde sur le fait que plus de la moitié des espèces marines pourraient être au bord de l’extinction d’ici 2100 », alerte l’ONU sur son site.
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