En raison de conditions anticycloniques, le nord de la France est plongé dans la grisaille et les brouillards, à l’exception des reliefs et dans une moindre mesure du bassin parisien. À l’inverse, il fait très chaud au sud, avec des températures bien au-dessus des normales saisonnières.
Si le mois de novembre n’est pas particulièrement réputé pour être synonyme de soleil, pour les habitants de la moitié nord de la France, le temps peut paraître long ce jeudi 7 novembre.
Depuis plusieurs jours, la grisaille domine, accompagnée de brouillards persistants le matin. Depuis le 1er novembre, la ville de Strasbourg a connu 9h08 d’ensoleillement, soit -83% par rapport à la normale 1991-2020.
Avec ses 8h27 de soleil, c’est -88% pour Paris. Depuis une semaine, les habitants de Cherbourg ont eux vu le soleil durant… quatre minutes.
La grisaille liée aux conditions anticycloniques
En cause: une situation anticyclonique. Si de telles conditions sont associées à un temps sec et ensoleillé en été, en hiver, elles peuvent être synonymes de grisaille, de nuages bas et d’une humidité plaquée au sol. « Le sol se refroidit lors des nuits anticycloniques en l’absence de couverture nuageuse, l’air froid, plaqué au sol par les hautes pressions sous l’air plus chaud qui le surplombe, peut engendrer de la condensation », détaille Météo-France. Le ciel reste donc couvert.
« On est sorti de la situation de précipitations qu’on a connue durant un an », souligne Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.
Cette situation va encore perdurer plusieurs jours, avec des hauts et des bas mais pas d’amélioration durable avant la semaine prochaine.
Des températures douces sur les reliefs
Comme le soleil ne parvient pas à percer et à réchauffer l’air, on assiste donc à une anomalie froide sur la moitié nord de l’Hexagone depuis plusieurs jours. Mais, comme le note Matthieu Sorel, ce n’est pas le cas partout puisque les reliefs connaissent eux une anomalie très chaude, et ce dès les premières hauteurs.
Par exemple, alors que l’agglomération lyonnaise n’a connu que 21h41 de soleil depuis le 1er novembre, soit -73% par rapport à la normale, la commune des Sauvages, située à 833m d’altitude à seulement 40km de Lyon, totalise 47h55 de soleil.
Cette différence est due à ce que l’on appelle l’inversion thermique. D’abord, l’air froid étant plus dense que l’air chaud, il aura tendance à se concentrer dans les vallées et les plaines, ici bloqué par les nuages bas. Ensuite, la hauteur permet de passer au-dessus de la masse de nuages bas et donc de bénéficier d’un ensoleillement propice au réchauffement de l’air.
Sur la carte ci-dessous, on peut identifier ainsi facilement de petits reliefs: les Monts d’Arrée, les collines normandes, le Morvan, la Côte-d’Or, le plateau de Langres ou encore les Vosges et le Jura. Tous ces reliefs connaissent des températures bien plus élevées qu’en plaine.
Cette situation d’inversion thermique piège donc l’air froid dans les basses couches de l’atmosphère. Elle peut ainsi, dans le même temps, emprisonner les polluants en jouant un rôle de couvercle, ce qui peut entraîner une dégradation de la qualité de l’air.
La particularité du bassin parisien et de son îlot de chaleur urbain
Autre exception dans cette situation de grisaille et d’anomalie fraîche: le bassin parisien. Dans les grandes villes, la chaleur stockée est plus importante qu’à la campagne.
De nombreux facteurs empêchent l’espace urbain de se refroidir « tels que le modèle d’urbanisation, les revêtements des sols, la carence de végétalisation ou d’eau dans les espaces publics. Les hauts immeubles et la densité des murs freinent la circulation de l’air, le bâti emmagasine la chaleur. Des matériaux de construction comme le béton, la brique ou la pierre captent aisément la chaleur le jour, par le rayonnement solaire, et la restituent progressivement dans l’atmosphère la nuit, empêchant l’air de se refroidir… », détaille Météo-France.
À Paris, l’îlot de chaleur urbain peut atteindre +6,5°C. Dans la configuration météorologique actuelle, cela casse l’inversion thermique connue ailleurs au nord de la France avec un réchauffement et un assèchement de l’air. Comme il fait plus chaud, les nuages bas ne persistent pas comme ailleurs, ce qui permet au soleil de percer et donc de faire grimper le mercure.
Ce phénomène tend à se propager « en fonction de la direction et de la force des vents vers des régions alentours de Paris », indique Matthieu Sorel.
Une anomalie chaude au sud encore plus importante
Comme le montre très bien la carte plus haut, si la moitié nord est en anomalie froide sous la grisaille, la moitié sud, plus ensoleillée, est dans une masse d’air très douce.
Une telle différence s’explique par la position de l’anticyclone, plutôt situé sur l’Europe du Nord. « Au sud, on est à +5°C par rapport aux normales de saison, parfois plus localement », détaille Matthieu Sorel.
Conséquence: au niveau national, la moyenne des températures est bien au-dessus des normales de saison. En effet, s’il fait relativement frais au nord, cette anomalie est bien moins grande par rapport aux moyennes que l’anomalie chaude connue par le sud. Elles ne se compensent donc pas.
En somme, à l’échelle de la France, le froid ne pèse pas lourd face au chaud et on observe ainsi une anomalie de +2,1°C sur le pays entre le 1er et le 5 novembre. « On se trouve dans une situation météorologique classique mais boostée par le changement climatique« , conclut Matthieu Sorel.
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