Réagissant à l’annonce programmée de la fermeture de l’usine Audi à Bruxelles, l’intersyndicale belge appelle à une manifestation. Elle devrait être suivi par des délégations d’autres pays devant les cures d’austérité envisagées par certains constructeurs.
Victime des secousses sur le marché européen des voitures électriques, l’usine Audi de Bruxelles, qui emploie environ 3.000 personnes, pourrait fermer ses portes en 2025. Les syndicats appellent à une grande manifestation lundi dans la capitale de l’UE.
La mobilisation s’annonce forte. L’intersyndicale belge appelle à descendre dans la rue dans la matinée pour « protéger les emplois industriels ». Elle devrait être rejointe par des délégations d’autres pays, notamment des Allemands d’IG Metall, après l’annonce d’une cure d’austérité sans précédent envisagée par le groupe Volkswagen.
Cette manifestation intervient au moment où la question de la concurrence des voitures électriques provenant de Chine est brûlante, et où l’Union européenne se divise sur l’opportunité d’imposer des surtaxes au risque de provoquer des représailles commerciales de Pékin.
Annonce de l’arrêt de la production du Q8 e-tron, le SUV électrique d’Audi
A Bruxelles, l’humeur oscille entre colère et désarroi depuis l’annonce début juillet par Audi, filiale de Volkswagen, de l’arrêt prochain de la production du SUV Q8 e-tron, en raison du déclin des commandes pour ce modèle haut de gamme de voiture électrique.
« On devait être une usine pilote, mais on a été piloté pour aller dans le mur », grince Karim Chawki, salarié d’Audi rencontré par l’AFP.
« Ils nous parlent de repreneurs, on ne sait toujours rien. On se sent lâchés », enchaîne Régis Lauwereyns, employé à l’atelier peinture.
La direction a confirmé début septembre qu’aucune autre voiture du groupe VW ne serait fabriquée dans l’usine après la sortie des dernières Q8 e-tron l’an prochain. Une fin synonyme de pertes d’emplois par milliers puisque ce modèle est depuis des années le seul assemblé à Audi-Forest.
Sur le site, le travail n’a pas repris début septembre, après la pause estivale, et le conflit s’est envenimé quand des salariés en grève ont subtilisé les clés de 200 voitures pour empêcher leur sortie de l’usine. Ils les ont finalement restituées.
Dans le viseur: l’électrique haut de gamme
Parmi les salariés qui ont installé un campement devant le bâtiment plusieurs soulignent « les erreurs » des dirigeants, accusés d’avoir tout misé sur l’électrique haut de gamme. « Les Européens ont négligé la production de voitures électriques moyenne gamme alors que les Chinois viennent nous envahir avec des modèles beaucoup moins chers qui prennent des parts de marché », acquiesce Bernard Clerfayt, ministre de l’Emploi dans l’exécutif de la région de Bruxelles, joint par l’AFP.
Selon lui la colère des salariés d’Audi est « très légitime, très compréhensible, d’autant que la direction n’est pas claire sur ses projets ». « Sans doute ses perspectives financières ne sont pas bonnes », poursuit M. Clerfayt.
Au deuxième trimestre, Volkswagen, premier groupe automobile européen, a vu son bénéfice net reculer de 4,2% sur un an. Les ventes de ses voitures Porsche et Audi, qui permettent de dégager les meilleurs marges, ont fondu de 9,6% et de 11,3%.
Pour Jan Baetens, responsable du syndicat chrétien belge CSC, le malaise provient de l’échéance de 2035, qui doit marquer en principe la fin dans l’UE des ventes de voitures neuves à moteurs thermiques au profit du tout électrique. La disposition est contestée, notamment par l’Allemagne. « On pousse les gens à acheter des voitures électriques, alors qu’au niveau des infrastructures on n’est pas prêts », regrette le syndicaliste.
Il prédit la mobilisation d' »au moins 10.000 personnes » lundi dans les rues de Bruxelles pour interpeller les institutions européennes sur la politique industrielle de l’UE et sur le besoin d’investissements. Audi, premier employeur privé de Bruxelles, fait travailler du personnel venu également de Flandre et de Wallonie, les deux autres régions belges.
Les syndicats ont appelé à une manifestation nationale et des débrayages sont attendus dans d’autres secteurs d’activité, par solidarité. La société des transports urbains de Bruxelles (Stib) a prévenu que son réseau de trams, bus et métro risquait de subir de « fortes perturbations » lundi.
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