Sans les mains, à fond sur l’autoroute: Ford propose depuis quelques semaines la première voiture capable de rouler seule sur une autoroute en Europe, grâce à une option qui pourrait bientôt arriver sur le continent.
Sans les mains, à fond sur l’autoroute: Ford propose depuis quelques semaines la première voiture capable de rouler seule sur une autoroute en Europe, grâce à une option qui pourrait bientôt arriver sur le continent.
En entrant sur l’autoroute M11 au nord de Londres, le petit SUV propose au conducteur de lâcher le volant. Il avance seul à 100 km/h, freine derrière un camion, avant de reprendre tranquillement sa route, bien au milieu de sa voie.
Le conducteur a les mains libres (sans trop savoir quoi en faire), mais pas touche au portable, il ne doit surtout pas détourner les yeux de la route: la voiture le surveille via plusieurs caméras et des capteurs infrarouges (qui traversent les lunettes de soleil).
« Regardez la route. Reprenez le contrôle », intime l’ordinateur de bord au bout de dix secondes si l’on regarde ailleurs. La voiture donne alors des coups de freins, met les warnings.
Ford a activé cette option appelée « BlueCruise » en avril 2023 au Royaume-Uni sur son porte-étendard électrique, la Mustang Mach-E. Après des débuts aux Etats-Unis en 2021, l’option « BlueCruise » permet de lâcher les mains sur 6.000 kilomètres d’autoroutes de Grande-Bretagne (des « zones bleues » équipées de quatre voies et de séparateurs centraux), de Douvres à l’Ecosse. 500 clients l’ont déjà en test: ils devront ensuite débourser 17,99 livres (environ 21 euros) par mois pour lever les mains.
« Bientôt » en Allemagne et en France?
En Amérique du Nord, l’option est aussi disponible sur le pickup star F-150 ou le gros SUV Expedition. 200.000 automobilistes l’utilisent, sans accident à déplorer, assure Ford. Son concurrent GM propose aussi de conduire sans les mains.
Les marques se livrent une guerre de réputation à travers la conduite autonome, symbole de l’automobile du futur: Mercedes propose déjà de conduire sans les mains sur l’autoroute allemande, mais seulement dans les embouteillages (jusqu’à 60 km/h); le patron de Tesla, Elon Musk, promet quant à lui, depuis longtemps, que la conduite complètement autonome (dite de niveau 4) est pour demain.
Ford, de son côté, mise sur des applications immédiates, et a mis fin en 2022 à un partenariat de recherche sur la conduite autonome qu’elle avait avec la startup Argo AI.
« Nous sommes optimistes quant au futur du niveau 4, mais nous sommes encore loin de voir des véhicules entièrement autonomes, produits en grands volumes et rentables », avait déclaré fin 2022 le directeur général du géant américain, Jim Farley. « Les choses ont changé et une énorme opportunité se présente dès maintenant pour Ford d’offrir aux gens du temps quand ils sont dans leur véhicule ».
Une évolution, pas une révolution
La marque américaine a ainsi été la première à bénéficier au Royaume-Uni d’une exemption lui permettant de proposer la conduite sans les mains, souligne Douwe Cunningham, en charge de l’homologation chez Ford Europe.
Il discute en ce moment avec les autorités britanniques pour passer à la prochaine étape: permettre à la voiture de changer de voie pour doubler, sur activation du clignotant. Mais à quoi sert cette option si l’on ne peut pas pianoter sur son téléphone ou lire un livre, par exemple?
« C’est une évolution, pas une révolution », concède Douwe Cunningham. Ce régulateur de vitesse améliorée est selon lui un pas de plus vers le niveau 3 de conduite autonome, qui permettra de confier la conduite à l’ordinateur dans la majorité des situations.
« Ca permet aux automobilistes de se relaxer, notamment en plein trafic », en « laissant la voiture faire le job », assure Tariq Willis, expert en marketing pour la marque américaine.
BlueCruise devrait être disponible « bientôt » en Allemagne, puis en France, avec ses 22.000 kilomètres d’autoroutes éligibles, assure M. Cunningham.
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