Face à un lobby "anti woke", Harley-Davidson renonce à ses objectifs de diversité

La marque de motos Harley-Davidson a annoncé qu’elle abandonnait sa politique « diversité, équité et inclusion » après de vives critiques. Un nouvel exemple d’entreprises faisant machine arrière sur ces thématiques aux Etats-Unis.

Pas facile de faire bouger les lignes quand on est une entreprise historique. Voire même symbole de son pays, en l’occurrence les États-Unis. C’est ce qu’a pu constater la marque mythique de motos Harley-Davidson, qui vient d’annoncer qu’elle renonçait à sa politique « diversité, équité et inclusion (DEI) ».

« Nous sommes attristés par la négativité qui a régné sur les réseaux sociaux ces dernières semaines et qui a pour but de diviser la communauté Harley-Davidson », écrit l’entreprise dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter) lundi 19 août, avant d’expliquer qu’elle ne pratiquera pas de « quotas de recrutement à l’embauche » dans le but de favoriser la diversité, ou qu’elle n’appliquera pas ce type de critère dans le choix de ses sous-traitants.

« Nous restons déterminés à écouter tous les membres de notre communauté alors que nous poursuivons notre voyage commun en tant que marque de moto la plus désirable au monde », conclut le communiqué, en affichant le slogan « United we ride », qu’on peut traduire par « unis nous roulons ».

Un PDG accusé de transformer Harley en entreprise « woke »

Derrière cette campagne de dénigrement d’Harley-Davidson, on retrouve un certain Robby Starbuck, qu’on peut présenter comme un activiste conservateur et accusé de complotisme. Il a réalisé un film documentaire controversé « The war on children », diffusé sur X depuis février 2024 et vivement recommandé par Elon Musk lui-même. Documentaire qui vient d’être « censuré » par le Prime Video de Jeff Bezos, comme s’en est plaint son auteur dans un tweet du 21 août.

Fin juillet dernier, dans une autre publication sur X, Robby Starbuck reprochait à Harley d’être devenue « totalement woke », accusant directement son PDG depuis 2020, Jochen Zeitz, d’etre à l’origine de cette dérive idéologique.

Il dresse ensuite une longue liste de reproches sur des actions menées, du soutien à des « événements » ou des « causes LGBTQ+ » à cette stratégie visant « ouvertement à avoir moins de fournisseurs, de revendeurs et d’employés blancs ».

Un youtuber explose ses Harley

Pour exprimer son ressentiment contre ce « virage woke », un youtuber américain, de la chaîne « Columbia War Machine », a même entrepris de mitrailler littéralement une moto de la marque… avant de tout simplement la faire exploser.

Sa vidéo, sobrement intitulée « Harley Davidson Went Woke! So I Destroyed My Bike!!! » (« Harley Davidson est devenue woke! Donc j’ai détruit ma moto!!! »), publiée le 14 août dernier, cumule plus d’un million de vues.

Un cas extrême, mais qui montre jusqu’où peut aller l’hostilité envers la marque dans ce contexte. Ce youtubeur avait déjà détruit de la même manière un pick-up de Ford décorée d’un drapeau arc-en ciel l’an dernier, reprochant là aussi au constructeur de sombrer dans le wokisme après une publicité trop « gay friendly » à son goût.

Et comme il possédait une deuxième Harley… le youtuber a publié une autre vidéo de destruction de moto le 22 août dernier. En introduction, il s’y félicite de l’action menée par Robby Starbuck et cet abandon des objectifs DEI avec le communiqué publié trois jours plus tôt. Il se désole toutefois du maintien à son poste du PDG d’Harley-Davidson, « tellement d’extrême gauche qu’il doit démissionner ou se faire virer ».

D’où ce regain de violence, avec cette fois, toujours des armes de gros calibres en tout genre, mais une fin au canon et déguisements de la guerre d’indépendance.

Microsoft et Meta reculent aussi

Avant cet épisode Harley, Robby Starbuck avait mené des campagnes contre d’autres entreprises, à qui il reprochait ce « corporatisme woke », note un article de Courrier International, citant un concurrent d’Harley-Davidson, Polaris, le fabricant de tracteurs John Deere ou encore une enseigne de produits agricoles, Tractor Supply. Des entreprises contraintes elles aussi de faire marche arrière sur leurs actions visant à promouvoir la diversité.

Face à la pression d’un certain public, des grandes entreprises comme Microsoft, Meta et Zoom ont aussi réduit leur budget dédié à ce type d’actions. Disney se voit aussi régulièrement reprocher un prétendu « virage woke » par des fonds activistes.

On peut enfin citer l’exemple du patron de Blackrock, contraint d’augmenter ses dépenses de sécurité: le dirigeant serait en effet visé par des « anti woke » qui lui reprochent le développement de placements financiers sur des critères environnementaux et sociaux.

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