Le chassé-croisé des juilletistes et des aoûtiens peut laisser de nombreux propriétaires d’animaux domestiques s’interroger sur le ressenti de leur compagnon poilu. Les spécialistes s’entendent pour dire que les chiens, comme de nombreux chats, ressentent un vide en l’absence de leur maître.
Un trajet trop long, un manque de place, un transport difficile… Pour de nombreuses raisons, les propriétaires de chats ou de chiens ne peuvent pas toujours les amener avec eux durant leurs vacances. Ils les laissent alors aux soins d’amis, de voisins ou en pension, avec « souvent beaucoup de culpabilité », comme le relève Claude Béata, vétérinaire, spécialiste en psychiatrie et médecine du comportement animal.
L’idée traverse alors l’esprit de nombreux propriétaires: peut-on vraiment dire que l’on « manque » à son animal en le laissant temporairement aux soins d’un autre? « Bien sûr », répond à BFMTV.com celui qui a dédié un livre à l’attachement animal (Au risque d’aimer, 2014). Dès lors qu’il y a un lien noué avec un être privilégié, il existe un sentiment de manque en son absence.
« Un processus de deuil »
L’expert en veut pour preuve plusieurs choses. Des réactions biologiques d’une part. Une étude a pu prouver que lorsqu’un chien et son maître se regardent dans les yeux, ils sécrètent tous les deux de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, de la confiance et du plaisir.
Autre preuve criante de l’attachement profond de nos amis poilus: « il existe chez le chien comme chez le chat un processus de deuil ».
Pour le chien, « le meilleur ami de l’Homme », l’attachement à un maître ou une maîtresse est peut-être plus évident que chez le chat, dont le comportement est souvent moins bien observé, moins bien compris.
Anne-Claire Gagnon, vétérinaire et comportementaliste spécialiste de ces félins souligne le rôle important du « caractère » du chat dans sa réaction à une absence. Si certains « sont contents de prendre des vacances à la maison avec quelqu’un qui vient s’occuper d’eux une fois par jour », d’autres sont moins enjoués.
Pour un chat très « pot de colle », affectueux, moins solitaire, il vaut mieux envisager que l’animal soit placé temporairement dans le domicile de la personne qui va s’en occuper pendant vos congés ou que la personne s’installe chez vous temporairement. Les « hôtels à chat » qui fleurissent un peu partout peuvent aussi être une bonne alternative.
Comment déterminer qu’un chat vit mal l’absence de son maître? « Ils peuvent manger moins, dormir plus et se cacher. Ce n’est pas toujours facile à voir pendant ces périodes de fortes chaleurs« , concède Anne-Claire Gagnon. « Au-delà de deux jours sans manger, il faut absolument consulter un vétérinaire! »
Une habitude à construire
Qu’il s’agisse d’un chat ou d’un chien, l’éloignement ponctuel peut-être une épreuve difficile s’il n’est pas préparé. « Certains chiens seront à l’aise avec les départs de leurs humains dès leur plus jeune âge, alors que d’autres auront besoin d’être accompagnés avec des protocoles progressifs et adaptés. Même principe pour les chats », estime Marie Sutter, comportementaliste et éducatrice animalière.
L’habitude doit ainsi être construite dès le plus jeune âge. Laisser l’animal quelques heures, un jour… Une expérience que n’a pas forcément intégrée la génération de compagnons poilus issue du Covid-19 et des confinements. Avant les vacances, il faut aussi penser à présenter et habituer l’animal à celui ou celle qui s’en occupera temporairement.
Chat comme chien, la bonne méthode de garde doit d’ailleurs être celle qui correspond au caractère de l’animal: un passage quotidien, des amis qui s’installent à domicile, une pension… Pour cette dernière, Claude Béata incite les propriétaires à demander à voir les coulisses et les conditions d’hébergement. Pour un bon séjour, le chien doit avoir « un contact social entre chiens et avec l’Homme, ne pas rester seul enfermé dans un box toute la journée ».
Au secours, mon animal « boude » à mon retour
Si le départ se prépare, le retour aussi. Pour certains animaux, les retrouvailles se transforment en « explosion de bonheur », comme s’en réjouit Claude Béata. À l’inverse, certains propriétaires retrouvent leur animal comme distant… ou même boudeur?
« Prêter des émotions à un animal n’est pas de l’anthropomorphisme: nous savons aujourd’hui qu’ils sont capables de ressentir des états complexes et de s’adapter à nos propres changements émotionnels », débute Marie Sutter.
« En revanche, penser qu’ils sont jaloux ou qu’ils se vengeront à notre retour revient à leur prêter des intentions que rien ne confirme… ou n’infirme! ».
Un avis à moitié partagé par Anne-Claire Gagnon. « Ça se produit, c’est évident. Il y a des chats qui, quand on revient, pendant 48 heures, marquent le coup. J’ai longtemps pensé que les représailles n’étaient pas possibles. Mais si, chez certains, si ».
Ce passage n’est cependant pas une fatalité. D’abord, parce qu’il est souvent très temporaire. Mais aussi parce qu’il peut s’éviter. Les experts livrent ainsi pour conseil: prendre le temps.
Plutôt que de s’activer dans la frénésie du retour de vacances (vider les valises, rapidement lancer une lessive) il faut prendre le temps de proprement saluer son animal. Renouer après la séparation.
Avant de partir en vacances, les vétérinaires rappellent la nécessité de mettre à jour les coordonnées rattachées à la puce d’identification de l’animal dans le fichier I-CAD. L’animal perdu puis retrouvé par un tiers pourra ainsi être plus facilement remis à son propriétaire. Plus d’informations ici.
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