Des tentes pour les personnes déplacées par les inondations dans un camp de fortune à Sukkur, au Pakistan, le 8 septembre 2022.

Le changement climatique force déjà des millions de gens dans le monde à fuir leur foyer. La hausse des températures et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes s’ajoutent aux conditions déjà précaires des déplacés.

Au cours des dix dernières années, 220 millions de personnes ont été déplacées à travers le monde en raison de catastrophes climatiques, selon un nouveau rapport publié par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ce mardi 12 novembre, au deuxième jour de la COP29.

« L’urgence climatique est une profonde injustice. Les personnes contraintes de fuir et les communautés qui les accueillent sont les moins responsables des émissions de carbone, mais elles en paient le prix le plus élevé », a ainsi déclaré Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés.

Selon ce rapport, sur les 123 millions de personnes déplacées de force dans le monde en juin, les trois quarts vivent dans des pays fortement touchés par le changement climatique et la moitié se trouve dans des régions touchées à la fois par des conflits et par de graves risques climatiques, comme l’Éthiopie, Haïti, le Liban, la Somalie, le Soudan et la Syrie.

Le dérèglement climatique et les conflits s’entremêlent

Le Haut Commissariat aux réfugiés rappelle à quel point la hausse des températures et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pèsent sur la vie des réfugiés et déplacés. Le dérèglement climatique et les conflits s’entremêlent pour soumettre des personnes déjà en danger à des situations encore pires.

Par exemple, en Somalie, en 2022, environ 1,3 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison de la sécheresse, soit le nombre le plus élevé depuis plus d’une décennie (plus de 600.000 personnes ont été déplacées par des conflits).

« Dans notre monde en réchauffement, la sécheresse, les inondations, la chaleur mortelle et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes créent des situations d’urgence avec une fréquence alarmante », insiste Filippo Grandi, dans l’avant-propos du rapport.

Des tentes pour les personnes déplacées par les inondations dans un camp de fortune à Sukkur, au Pakistan, le 8 septembre 2022. © Aamir QURESHI / AFP

« Les personnes forcées de fuir leur foyer sont en première ligne de cette crise », ajoute-t-il, soulignant que 75% des personnes déplacées vivent dans des pays fortement ou extrêmement exposés aux risques liés au climat.

« Alors que la vitesse et l’ampleur du changement climatique s’accélèrent, ce chiffre ne fera que continuer à augmenter », prédit-il.

Augmentation des températures et des risques extrêmes

La plupart des endroits où les réfugiés s’installent se trouvent dans des pays à faible revenu, souvent « dans le désert, dans des zones sujettes aux inondations, dans des endroits dépourvus des infrastructures nécessaires pour faire face aux impacts croissants du changement climatique », explique le responsable.

Et la situation va empirer. D’ici 2040, le nombre de pays dans le monde confrontés à des risques climatiques extrêmes devrait passer de trois actuellement (Bangladesh, Émirats arabes unis, Oman) à 65, selon le HCR, qui rappelle que la grande majorité d’entre eux accueillent des populations déplacées.

Au milieu de la fournaise, des oasis pour les plus riches: la ville en 2050
Au milieu de la fournaise, des oasis pour les plus riches: la ville en 2050

Et d’ici 2050, la plupart des camps et des installations de réfugiés devraient être soumis à deux fois plus de jours de températures dangereusement élevées qu’aujourd’hui, prévient le rapport. Un danger immédiat pour la santé et la vie des réfugiés, mais aussi pour les récoltes et le bétail, averti Andrew Harper, conseiller spécial du HCR pour l’action climatique dans un entretien à l’AFP.

« Nous constatons une perte croissante de terres arables dans des endroits exposés à des extrêmes climatiques, comme le Niger, le Burkina Faso, le Soudan, l’Afghanistan, mais en même temps, nous assistons à une augmentation massive de la population », souligne-t-il.

Besoin d’investissements dans les régions les plus touchées

Le HCR appelle à des investissements plus importants et plus efficaces pour en atténuer les effets et les risques. L’agence exhorte les décideurs réunis à Bakou à veiller à ce que davantage de financements internationaux pour le climat parviennent aux réfugiés et aux communautés d’accueil qui en ont le plus besoin.

Actuellement, les États extrêmement fragiles ne reçoivent qu’environ 2 dollars par personne en financement annuel pour l’adaptation au dérèglement climatique, contre 161 dollars par personne dans les moins exposés.

« Si nous n’investissons pas dans la paix, si nous n’investissons pas dans l’adaptation au changement climatique dans ces régions, alors les gens se déplaceront », met en garde Andrew Harper. « Il est illogique de s’attendre à ce qu’ils fassent autrement ».

La mer empiète sur les rues de Cedeño, en Honduras, engloutissant chaque année une partie plus importante de la ville, le 27 septembre 2024.
La mer empiète sur les rues de Cedeño, en Honduras, engloutissant chaque année une partie plus importante de la ville, le 27 septembre 2024. © UNHCR

Au niveau mondial, le nombre de personnes déplacées par les conflits a doublé au cours des dix dernières années. Andrew Harper déplore le manque criant de fonds pour soutenir ceux qui fuient et les communautés qui les accueillent: « Nous constatons que, dans l’ensemble, une situation déjà infernale devient encore plus difficile ».

Se réfugier dans des pays à risque climatique

En 2023, 42 des 45 pays ayant signalé des déplacements liés à des conflits en ont également connu dus à des catastrophes.

Par exemple, le conflit au Soudan a forcé plus de 11 millions de personnes à fuir, dont près de 700.000 millions sont arrivés en octobre 2024 au Tchad, qui accueille des réfugiés depuis des décennies et qui est pourtant l’un des pays les plus exposés au changement climatique. Il a notamment connu des inondations meurtrières au même moment.

De même, 72% des réfugiés du Myanmar ont cherché refuge au Bangladesh, où les catastrophes naturelles telles que les cyclones et les inondations sont considérées comme extrêmes.

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