L’alimentation représente aujourd’hui 22% de l’empreinte carbone de la France. Pour des raisons climatiques, mais également sanitaires, adopter un régime moins carné permettrait d’atteindre les objectifs climatiques, selon une étude.
Réduire de moitié la consommation actuelle de viande en France, pour tomber à 450 grammes maximum par semaine, permettrait d’atteindre les objectifs climatiques fixés pour le pays, affirme une étude du réseau Action Climat et de la Société française de nutrition publiée ce mardi 20 février.
L’alimentation représente 22% de l’empreinte carbone de la France, et « 60% de ces émissions proviennent de la production, au niveau agricole, des aliments que nous consommons », rappelle l’étude.
Hausse de la consommation
Elle souligne qu’en France, « après deux décennies de baisse entre 1990 et 2012, la consommation de viande par habitant affiche une légère hausse depuis une dizaine années » et que « la quantité de viande consommée par habitant en France est aujourd’hui deux fois supérieure à la moyenne mondiale ».
« La consommation de poulet par habitant en France a en effet plus que doublé entre 2000 et 2022 », met en avant l’étude.
L’alimentation représente aujourd’hui 22% de l’empreinte carbone de la France. Les Français en consomment actuellement plus de 700 grammes de viande par semaine, pour moitié de la viande rouge.
Diviser par deux la consommation
Le réseau Action Climat, qui fédère une trentaine d’associations, et la Société française de nutrition (SFN), qui se décrit comme une « société savante » regroupant experts du secteur public et privé, ont effectué « un travail de modélisation de régimes alimentaires durables » avec le bureau d’études MS Nutrition.
« Les résultats montrent qu’il est possible de réduire de 50% la consommation de viande tout en satisfaisant l’adéquation nutritionnelle et sans avoir recours à des produits enrichis ou à des supplémentations », une division par deux qui « conduirait à une réduction de l’impact carbone de l’alimentation comprise entre -20% et -50% selon le type de changements alimentaires associés », est-il indiqué.
Aussi un enjeu de santé
L’étude prend comme référence les engagements pris par la France dans le cadre de sa 2e Stratégie bas carbone, qui vise notamment une réduction des gaz à effet de serre de son secteur agricole de 46% d’ici 2050.
Les diètes suggérées par l’étude comprennent « davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de fruits à coque et de produits céréaliers complets qu’aujourd’hui, avec une consommation modérée d’oeufs et de produits laitiers, et une forte diminution des produits gras, sucrés et/ou salés ».
Le réseau Action Climat et la SFN insistent sur « la nécessité » pour le gouvernement de « prendre en compte les enjeux environnementaux » dans ses recommandations alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS), en préconisant ainsi de « ne pas consommer plus de 450 grammes de viande par semaine », toutes viandes et charcuteries confondues, ce qui correspond à quatre repas carnés par semaine.
Selon Le Monde, le régime alimentaire proposé serait 10% moins cher en moyenne que le mode d’alimentation actuel des Français.
La viande responsable de la déforestation
L’agriculture utilise près de 40% de terres émergées de la planète, soit près de cinq milliards d’hectares. C’est plus que tout le continent américain. Les trois-quarts de ces terres utilisées pour l’agriculture sont dédiées à l’élevage, notamment pour la production de céréales afin de nourrir les animaux.
À titre d’illustration, sur les 65 millions de tonnes de maïs produites dans l’Union européenne en 2020-2021, 50 millions de tonnes ont été utilisées pour l’alimentation animale, rappelle WWF.
Toutefois, c’est surtout avec du soja que les animaux d’élevage sont nourris. Par exemple, pour produire 100 grammes de poulet, 96 grammes de soja sont nécessaires. Et la grande majorité de ce soja vient d’en dehors de l’Europe, notamment d’Amérique du Sud, ce qui implique des coûts de transports importants.
Le soja est cultivé au détriment des forêts, qu’il faut raser pour la plantation. Selon WWF, l’agriculture est responsable de 90% de la déforestation. Ces cultures, qui ne cessent de s’étendre, menacent ainsi de nombreuses espèces sauvages. La déforestation pour la production alimentaire est liée à 70% de la perte de biodiversité terrestre.
L’étude publiée ce mardi note, en outre, que cette baisse de consommation de viande ne se ferait pas au détriment de la production agricole française. Comme l’indique Le Monde, 30% de la viande consommée en France est importée. « L’enjeu est de privilégier des viandes qui soient françaises, issues d’élevages plus durables, avec des politiques publiques pour accompagner les éleveurs dans cette transition », explique Benoît Granier, coauteur de l’étude.
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