Dans le neuf, comme dans l’occasion, le prix des voitures neuves flambent depuis plus d’un an, avec comme cause principale la pénurie de composants qui entretient un fort déséquilibre entre l’offre et la demande.
Des voitures de plus en plus chères, c’est ce qu’on constate depuis le début de la pandémie de covid début 2020. Un contexte qui ne semble guère évoluer depuis, avec une crise des semi-conducteurs qui perdure notamment.
« On reste dans la même dynamique avec une forte hausse de prix liée au déséquilibre entre l’offre et la demande, dans le contexte d’un approvisionnement en composants qui reste compliqué actuellement », explique Solal Botbol, directeur général de Beev, site spécialisé dans la vente de voitures électriques.
Des prix du neuf en hausse de 8% sur un an
Une situation qu’on retrouve dans le baromètre mensuel de l’inflation de l’Insee: en mai, les voitures neuves affichait une hausse de prix moyenne de 7,9% sur un an.
La situation est variable selon les modèles. Si on regarde les deux best-sellers du marché français par exemple: la Peugeot 208 a vu son prix de départ passer de 16.000 euros en avril 2021, à 19.240 euros un an plus tard, soit une hausse de 20%, mais pour retomber à 16.400 euros si on prend le dernier tarif constaté en ce début juillet.
Du côté de la Renault Clio, le prix de base était lui à 15.900 euros en août 2021, contre 17.100 euros actuellement, soit une hausse de 7,5%. Si on remonte plus loin en arrière, la citadine démarrait à 14.100 euros en février 2020, juste avant le premier confinement en France, soit 3000 euros de moins qu’actuellement.
L’électrique, un peu plus touché
Des hausses qui concernent les modèles thermiques, mais d’autant plus les voitures 100% électriques, avec une chaine logistique bouleversée par la guerre en Ukraine, en particulier pour les marques allemandes.
L’exemple le plus marquant reste la Tesla Model 3, qui a subi un double effet: hausse des prix et baisse du bonus en conséquence. Sans prendre en compte les subventions, le tarif de la version de base est passé de 43.800 euros en juin 2021 à 53.490 euros actuellement (+22%). Mais en prenant en compte la baisse du bonus, l’écart est encore plus important: on pouvait en effet retrancher 7000 euros à la Model 3 de juin 2021 pour un tarif final à 36.800 euros. A peine un an plus tard, avec une subvention retombée à 2000 euros, sur un prix en forte hausse, la note aide comprise est passé à 51.490 euros, soit un bond de près de 40%.
Mais la hausse concerne aussi les modèles les plus abordables, pénalisant la transformation du parc automobile, même si le maintien du bonus écologique reste important pour soutenir les ventes:
« La voiture électrique la moins chère du marché, la Dacia Spring, a par exemple vu son prix hors bonus passer de 17.000 à près de 20.000 euros, souligne Solal Botbol. Heureusement, l’Etat français a maintenu le bonus et le fait de relever le pallier pour bénéficier du bonus maximum, de 45.000 à 47.000 euros me semble être une réponse adéquate à ces hausses de prix dans l’électrique ».
Même une petite voiturette sans permis, la Citroën Ami, n’est pas épargnée. De 6990 euros, son tarif de départ a augmenté de 18%, à 8190 euros.
L’occasion, victime collatérale de la pénurie
Au-delà du prix, c’est la hausse des délais de livraison qui perturbe fortement le marché. En situation de pénurie, les groupes automobiles orientent les composants vers les véhicules les plus onéreux, sur lesquels ils réalisent le plus de marges. Ce qui explique la situation paradoxale des résultats enregistrés l’an dernier par les principaux constructeurs avec des chiffres d’affaires en baisse, mais des profits records.
Seule solution pour trouver une voiture rapidement: le marché de l’occasion, qui sature naturellement, faute d’un approvisionnement conséquent liée à la baisse du marché du neuf.
C’est ce qu’on constate nettement dans le dernier baromètre Autoscout24. Le prix moyen encore sous les 24.000 euros pour une voiture de seconde main en France en juin 2021 s’affiche désormais à plus de 27.000 euros.
Et c’est encore plus le cas pour les modèles les plus récents, dont le tarif d’occasion dépasse désormais celui du neuf, le prix à payer pour une disponibilité quasi-immédiate. C’est le cas notamment pour la Dacia Spring (+5% pour un modèle d’occasion), pour la Peugeot 308 SW et la Tesla Model 3 (+6%) ou encore un Volvo XC40 (+10%), notait Auto Plus dans son numéro du 24 juin dernier.
Logiquement, un vendeur d’occasions reconditionnées comme Aramisauto constate lui aussi cette hausse des tarifs, même s’il assure garder un avantage conséquent, de l’ordre de 20% pour une voiture de moins de 2 ans et de plus de 50% pour les plus de 8 ans.
« Sur notre site internet, cet attrait pour le véhicule d’occasion reconditionné se matérialise au travers des recherches effectuées par les internautes. En effet, les recherches sur ce type de véhicules ont augmenté de 10% depuis mars. Pour répondre à la forte demande de nos clients, nous avons multiplié par 2 notre offre de véhicules d’occasion reconditionnés », indique Marie Laloy, directrice marketing et services d’Aramisauto.
Un contexte de prix élevés, sur le neuf comme sur l’occasion, et de délais de livraison élevés, qui devrait perdurer encore un an d’après Solal Botbol de Beev, qui constate par ailleurs un glissement encore plus prononcé des acheteurs d’électriques vers le leasing. « La solution idéale » selon lui alors que le passage à un véhicule zéro émission se traduit souvent par des craintes sur la valeur de revente, liée au vieillissement de la batterie et à la vitesse de recharge en particulier.
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