Direct Assurance propose un boitier qui « espionne » le comportement du conducteur pour réduire sa prime d’assurance de 50%. Mais dans les faits, il reste compliqué de parvenir à un tel résultat. Explications.
YouDrive, un espion qui veut du bien à votre portefeuille. C’est en tout cas la promesse de Direct Assurance avec son boitier connecté. Ce dernier évalue votre conduite, avec la perspective d’une baisse de la prime d’assurance pouvant atteindre 50%.
Rouler peu… et « parfaitement »
Ce produit n’est pas nouveau: Direct Assurance avait lancé YouDrive en 2015, mais cette offre était jusqu’ici uniquement réservée aux jeunes conducteurs. La perspective d’économie reste assez intéressante: en 2022, les Français payaient en moyenne 736 euros leur assurance automobile.
Dans les faits, il semble tout de même assez compliqué de parvenir à cette réduction de 50%, comme le montrait une enquête récente de l’UFC-Que Choisir. Il faut en effet avoir le pied très léger pour parvenir aux meilleurs scores permettant d’obtenir la réduction maximale de 50%, en utilisant au minimum le frein et l’accélérateur. Un bon exercice d’anticipation et donc d’écoconduite, mais pas forcément simple à appliquer au quotidien.
Noté sur 100, l’assuré bénéficie d’une réduction de 10% à partir d’un score de 60 et il faut une note comprise entre 90 et 100 pour arriver à 40% de réduction.
Enfin, pour parvenir au 50% de remise, il faut rouler moins de 500 kilomètres par mois, soit 6000 kilomètres par an. C’est très peu si on compare avec le kilométrage annuel moyen réalisé par les Français, à près de 11.000 kilomètres l’an dernier.
Un étudiant interrogé par l’UFC-Que Choisir était de son côté parvenu à réduire sa prime d’assurance de 1059 euros à 917 euros, soit 142 euros économisés. Une ristourne de 13,5% qui semble plus réaliste que la promesse de 50%.
Des services « as you drive » à l’intérêt encore limité
Comme on peut le voir avec cet exemple de YouDrive, mais aussi plus basiquement avec les assurances dites « as you drive » ou « au kilomètre », seuls certaines catégories de population peuvent y trouver un intérêt.
Ce sont principalement les jeunes et nouveaux conducteurs, les étudiants ou les personnes qui vivent en zones urbaines, d’après le comparateur en ligne lesfurets, qui note une certaine hausse de la demande, même si cela reste un produit de niche: en 2020, cela représentait 1,3% de ses mises en relation avec ses partenaires, contre 4,4% depuis le début 2023.
Une conséquence potentielle d’un kilométrage moyen en baisse tendancielle depuis plusieurs années et de Français qui cherchent à limiter leur budget assurance dans le contexte actuel de forte inflation.
En rupture avec le modèle classique des assurances
Ces assurances personnalisées représentent un important changement par rapport à la manière habituelle de calculer la prime:
« Longtemps, le calcul du prix d’une assurance voiture a été réalisé sur la base d’éléments essentiellement statistiques comme le profil du conducteur (âge, expérience au volant, antécédents & sinistres), le type de la voiture (marque, modèle, puissance) ainsi que le lieu de résidence. La manière de conduire ou les lieux où l’assuré a l’habitude de se déplacer ne sont que très partiellement pris en compte, les assureurs ne disposant pas de ces informations », expliquent Lesfurets dans un communiqué.
S’il y a un intérêt potentiel pour les petits rouleurs et jeunes conducteurs, plusieurs raisons expliquent le succès encore mitigé de ces formules:
« Déjà, les Français n’aiment pas trop cette idée d’être pistés par un mouchard », souligne Christophe Dandois, directeur général de l’assureur en ligne Leocare.
Il y aurait aussi une remise en cause du modèle de solidarité actuel des assurances en France: en clair, les bons conducteurs payent un peu plus cher pour compenser les coûts des mauvais conducteurs, mais avec un effet global positif:
« On paye moins cher notre assurance en France en comparaison avec nos voisins britanniques par exemple, ces nouveaux produits au kilomètre ou selon le comportement ont donc plus de succès outre-Manche, alors qu’ici, ils pourraient finalement faire augmenter la prime moyenne », souligne Christophe Dandois.
Autre critique formulée par le dirigeant de Leocare: le fait de rajouter un boitier à brancher sur la prise OBD du véhicule, alors que les voitures sont de plus en plus connectées ou qu’on peut déjà mesurer de nombreux paramètres à partir d’un simple smartphone.
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