La sous-préfecture d’Abbeville, dans la Somme, a estimé que la mesure n’est pas légale, car aucune loi n’a pour l’heure été adoptée sur le sujet. Les élus de la ville ont sollicité Élisabeth Borne, et espèrent des avancées.
Les employées municipales d’Abbeville, dans la Somme, ne pourront pas bénéficier d’un congé menstruel. Dès le 1er janvier 2024, la ville voulait lancer une expérimentation pour permettre à ses agentes, sur présentation d’un certificat médical, de ce dispositif, mis en place dans certaines entreprises.
Mais la mesure a été retoquée par la sous-préfecture, qui l’a jugée illégale, aucune loi n’ayant été votée en ce sens. Les employées municipales pourront toutefois aménager leurs horaires, ou se mettre en télétravail, notamment celles qui souffrent d’endométriose.
« J’ai souvent les reins très enflammés, ça fait mal, ça brûle. J’ai des décharges électriques », explique à BFMTV Anne-Lise Benzo Di Verdura, employée aux archives et bibliothèques patrimoniales d’Abbeville, atteinte de cette maladie. « Le fait de pouvoir aménager un poste de travail (…) c’est important », assure-t-elle.
Un courrier adressé à Élisabeth Borne
Concernant le congé menstruel, les élus d’Abbeville dénoncent le rejet de l’expérimentation et ont adressé un courrier à la Première ministre Élisabeth Borne. « C’est un sujet tabou. Il faut faire bouger les choses. Si nous sommes précurseurs, nous espérons avancer, que madame la Première ministre prenne en compte notre voeu. Nous attendons qu’il y ait une loi », expose Michelle Delage, élue d’Abbeville en charge de l’égalité femmes-hommes.
Pour l’heure, trois propositions de loi sur le congé menstruel ont été déposées au Parlement: l’une portée par des députés écologistes, deux autres par des sénateurs et députés socialistes.
Un dispositif qui divise
L’instauration d’un congé menstruel est loin de faire l’unanimité en France. Fin avril, Élisabeth Borne s’était félicitée des initiatives prises dans certaines entreprises en faveur du congé menstruel et avait assuré que le gouvernement « regarde le dispositif » pour « faciliter cet engagement ».
« Nous pourrons nous prononcer » lorsque les propositions de loi auront été déposées « et que nous aurons une visibilité sur leur contenu », avait également expliqué Isabelle Rome, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Plus récemment, au mois de juin, un rapport sénatorial avait estimé que ce dispositif « ne se justifie pas si une pathologie invalidante n’y est pas associée ». « En tout état de cause, pour ce type de pathologies, la réponse relève, selon les sénatrices autrices du rapport, d’une réelle prise en charge thérapeutique plutôt que de la mise en place d’un congé ».
En Europe, l’Espagne est le seul pays à avoir définitivement adopté une loi instaurant un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
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