A peine trois mois après la présentation en grande pompe de sa berline à hydrogène Machina Vision au Mondial, la start-up française Hopium fait face à des difficultés financières dans sa phase de développement.
Les premières années de vie d’une start-up sont souvent rythmées. Et Hopium est le dernier exemple en date. D’après un article publié par Les Echos ce mercredi, le constructeur de voitures roulant à l’hydrogène est en proie à une flambée de ses coûts qui auraient quadruplé en l’espace d’un an.
« Au premier semestre, la perte nette atteignait 9,5 millions, et la trésorerie disponible était descendue au 20 juin à 20.000 euros seulement, contre 4,9 millions un an plus tôt », ajoute le quotidien économique. Qui précise que les salaires d’octobre, novembre et décembre ont été versés en retard. Certains fournisseurs n’auraient également pas été payés.
En interne, on justifie ces difficultés financières par le contexte économique qui perturbe Hopium comme la plupart des constructeurs automobiles à travers le monde. « Il y a des ressources et des composants dont les prix sont en hausse et qui impactent nos achats, nous indique Kerian Jarry, directeur du marketing. On reste un véhicule à fuel cell (NDLR: pile à combustible) mais on a les mêmes problématiques auxquelles font face tous les constructeurs automobiles sur les composants électroniques et certaines matières premières. »
« Il ne faut pas oublier que c’est un projet qui s’est lancé pendant le Covid, le conflit en Ukraine. C’est un contexte économique particulier et il y a des start-ups qui se cassent la gueule », résume Kerian Jarry.
Des conséquences sur les effectifs
Ces facteurs exogènes viennent perturber un plan de route établi de longue date par la société qu’a fondée l’ancien pilote automobile Olivier Lombard. « Les dépenses s’accumulent et s’accélèrent car c’est un projet qui se développe et se complexifie, explique Kerian Jarry. Pour suivre ce plan, il fallait avoir cette croissance des équipes et des dépenses liées aux achats de composants mais dans cette phase de développement, on a fait face à une crise financière et on doit réajuster le tir. »
Concrètement, ce réajustement passe par une révision de la stratégie à court et moyen terme avec un recentrage sur le développement de la technologie, c’est-à-dire la pile à combustible, même si « le véhicule reste en ligne de mire« . « Cela va avoir un impact sur la feuille de route dédiée au recrutement et sur les effectifs », admet le directeur du marketing qui ne confirme pas les chiffres évoqués par Les Echos de 60 départs sur les 130 salariés de l’entreprise alors que 74 collaborateurs avaient été recrutés au premier semestre 2022.
Plusieurs leviers de financement activés
En début de semaine, la start-up a également annoncé qu’elle procédait au tirage d’une deuxième tranche de 200 obligations convertibles en actions d’une valeur nominale de 10.000 euros chacune, dans le cadre de l’accord conclu avec la société Atlas Special Opportunities. Dans un communiqué, Hopium indique que les fonds ainsi levés seront destiné « à financer prioritairement les dépenses de R&D pour le développement de la plateforme technologique, dont la pile à combustible haute puissance. » Surtout, elle évoque l’exploration d’autres sources de financement « y compris par voie d’appel au marché ».
« On est passé par des étapes d’accélération exponentielle et c’est cette prise de risque qui nous a permis d’innover, de donner les moyens aux équipes d’aller au bout de la réflexion et de la R&D pour développer l’un des stacks de pile à combustible les plus performants, souligne Kerian Jarry. Mais il y a un revers de la médaille et cette prise de risque a aussi des conséquences financières et c’est pour cela que les équipes se sont réorganisées. »
C’est dans cette quête de stabilisation financière qu’Hopium vient d’enregistrer les arrivées de Sylvain Laurent, venu de Dassault Systèmes, et Philippe Baudillon aux postes respectifs de directeur général et directeur général délégué. De son côté, Olivier Lombard devient le directeur général adjoint chargé du produit, six mois après avoir cédé sa place à la tête du conseil d’administration à l’ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Quid du grand projet avec le Crédit Agricole?
Si Hopium avait été l’une des grandes stars du dernier Mondial de l’Automobile, c’est aussi parce qu’elle avait conclu la semaine d’exposition en annonçant un partenariat d’envergure avec CA Consumer Finance, la filiale spécialisée en crédit à la consommation du Crédit Agricole. A la clé de cette collaboration, la livraison de 10.000 berlines Machina pour une commande d’un montant de 1,2 milliard d’euros.
Les véhicules en question devaient être produits à partir de 2025 dans une future usine implantée du côté de Vernon, en Normandie. Pour l’instant, les difficultés conjoncturelles ne remettent pas en cause cette collaboration et Hopium rappelle que le nombre de 10.000 Machina constitue en réalité un objectif plafond.
« Cette annonce était plutôt une manière de montrer que le Crédit Agricole croit dans le développement des véhicules hydrogène et qu’il était prêt à nous accompagner, précise le directeur du marketing. Pour l’instant, cette intention n’est pas remise en question ».
Un statu-quo confirmé du côté de CA Consumer Finance qui se refuse à tout commentaire sur la situation financière de son partenaire: « Nous renouvelons notre soutien à ce projet français innovant dans la mobilité hydrogène. »
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