Renault présente ce mercredi aux investisseurs sa nouvelle filiale Ampere, spécialisée dans l’électrique et les nouvelles technologies. Avec un enjeu simple: s’imposer en leader de l’électrique dans les prochaines années, surtout en Europe où la sortie du thermique est programmée à horizon 2035.
C’est le grand jour pour Ampere, la nouvelle filiale du groupe Renault. Un « Capital Market Day » pour présenter aux investisseurs les atouts de cette entité qui sera chargée de superviser la conception, la production et la vente des voitures électriques du groupe, mais aussi de rester en pointe sur les nouvelles technologies et la partie logicielle des véhicules. Avec l’objectif d’introduire Ampere en Bourse au premier semestre 2024, si les conditions de marché sont réunies.
Une voiture abordable pour compléter la gamme
Pour séduire ces investisseurs, Renault a annoncé un nouveau modèle qui n’était pas encore prévu dans son plan produit: un petit véhicule abordable, à moins de 20.000 euros et à partir de 100 euros par mois, fabriqué en Europe. Nom de code du modèle: Legend. Une voiture citadine, à la consommation électrique très limitée, qui succèdera à l’actuelle Twingo, dont la production doit s’arrêter dans les prochains mois:
« C’est la nouvelle Twingo, on réinvente une nouvelle icône de la marque. On a fait ça avec la 5, la 4, maintenant on refait la Twingo parce que l’électrique et toute la technologie de la connectivité, cela nous donne la possibilité de faire le véhicule urbain parfait », a souligné Luca de Meo, dans une interview accordée à BFM Business.
Une annonce-surprise qui renforce l’intérêt potentiel pour Ampere, lancée à son tour dans la course à la voiture électrique à moins de 20.000 euros. Une question de survie, après l’annonce récente de Citroën avec sa nouvelle C3 lancée début 2024 et des autres modèles prévus chez les concurrents à court ou moyen terme.
Dans la gamme actuelle de Renault, si on exclut les Zoé et Twingo bientôt arrêtées, on ne retrouve en fait actuellement que des Kangoo utilitaires et des Mégane E-Tech, des Mégane qui ne constituent pas un grand succès commercial pour le moment. Il faudra attendre début 2024 pour la commercialisation du nouveau Scénic, l’été 2024 même pour la Renault 5 très attendue, qui sera vendue autour de 25.000 euros, avant la R4 prévue pour 2025.
Des modèles sur lesquels Renault compte réaliser d’importants volumes, portés par la croissance des voitures électriques et en misant sur ces noms très populaires, en particulier en France.
« Ampere, c’est fait pour démocratiser l’électrique en Europe. Déjà on baisse de segment, on va travailler pour réduire de façon assez forte les coûts d’ici 2027/28, et alors on baissera les prix. Ampère doit nous permettre d’arriver à la parité en prix catalogue entre voitures thermiques et électriques avant nos concurrents », a détaillé Luca de Meo.
Nouvelle conception et production (au moins) en Europe
Autre particuliarité: une production en France. C’est déjà le cas pour la Mégane et les prochains Scénic, R5 et R4. En revanche, la Twingo sera vraissemblablement produite en Slovénie, où l’actuelle citadine est produite. Une empreinte industrielle d’Ampere encore très française, nous a assuré Luca de Meo:
« On a fait nos devoirs de ce côté-là. Six ou sept sites n’avaient pas de futur assuré, maintenant ils l’ont, y compris Dieppe pour Alpine. Donc on a fait beaucoup beaucoup de travail en France. J’ai aussi la responsabilité de quelques dizaines de milliers de personnes auxquelles je dois garantir un futur et la voiture (la future Twingo) doit être très compétitive. »
L’idée reste en effet de produire à un coût abordable, mais en Europe. Condition nécessaire pour bénéficier du futur bonus écologique dont on connaîtra les détails le 15 décembre prochain.
Ampere, le Tesla de Renault?
Cette nouvelle gamme va-t-elle convaincre les investisseurs? C’est tout l’enjeu de cette journée dédiée investisseurs. Les objectifs d’Ampere sont très ambitieux: Renault vise pour sa filiale les 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025, 25 milliards d’euros en 2031. Le tout en étant à l’équilibre dès 2025.
Renault n’a pas annoncé de nouveaux investisseurs et s’imposera dans tous les cas comme l’actionnaire majoritaire d’Ampere. Nissan et Mitsubishi ont déjà prévu une mise commune de 800 millions d’euros, Qualcomm envisage aussi de faire partie des partenaires. Le groupe dirigé par Luca de Meo cherche donc toujours d’autres investisseurs, plutôt hors du monde de l’automobile. Mais quelle sera leur place dans l’équilibre capitalistique de la société?
Une question cruciale alors qu’Ampere vise une entrée en Bourse au premier semestre 2024, sous réserve de conditions de marché favorables, insistait bien Renault ce matin. Le constructeur parle d’ailleurs d’une « potentielle » entrée en bourse, une approche au conditionnel parce que l’environnement de marché n’est pas très bon et que la demande sur l’électrique commence à s’essouffler. Les premiers rabais apparaissent aujourd’hui en concessions pour soutenir les ventes.
L’idée reste tout de même de reproduire le phénomène Tesla en Bourse: si les volumes du constructeur américain ont bien progressé ces dernières années, ses ventes restent bien loin des leaders mondiaux comme Toyota et Volkswagen, mais elle reste pourtant, et de loin, la plus importante valorisation du secteur.
En faisant d’Ampere son entité électrique et tech, Renault semble ainsi prendre cette voie. Une similitude qui va jusqu’au choix du nom de cette entité. Une référence à un scientifique, français qui plus est, André-Marie Ampère (1775-1836), qui a donné son nom à une unité de mesure, celle de l’intensité du courant électrique, tout comme un certain Nikola Tesla pour les champs magnétiques.
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