Retour de la neige, à quoi doit-on s’attendre?

La température de la Méditerranée a atteint 30°C ces derniers jours au large de la Corse et de Monaco. La hausse de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur menace certaines espèces marines.

Une eau à 30°C. C’est la température atteinte par la Méditerranée ce dimanche 4 août au large de Monaco et lundi au large de la plaine orientale en Corse, selon Météo France. Depuis juillet, « une grande partie de la Méditerranée connaît des températures de l’eau très supérieures à la normale », un phénomène qui devrait persister dans les prochains jours, explique Météo France sur son site.

En raison du réchauffement climatique lié aux activités humaines, la fréquence des vagues de chaleur marines a doublé depuis 1982, et leur intensité augmente, selon un rapport réalisé en 2019 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mis en place par l’ONU en 1988.

Une tendance qui a un impact direct sur la biodiversité marine. Certaines espèces supportent mal de voir leurs conditions de vie modifiées, avec des effets que le chercheur spécialiste de la biodiversité marine Thierry Perez compare à ceux d’un « feu de forêt ».

Coraux, moules et huîtres affectés

Comme l’explique le portail public d’information sur les enjeux de l’environnement, « les espèces les plus en danger sont celles dites ‘ancrées’, qui ne peuvent pas se déplacer vers des eaux plus froides ». Dans la Méditerranée, les gorgones (des types de coraux) subissent ainsi une « mortalité massive » lors des canicules marines, décrit auprès de BFMTV.com Thierry Perez, chercheur du CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale.

Cette tendance est problématique, car les coraux « servent d’abri, de nourriture, de zone de reproduction ou de nurserie pour quantité de poissons, coquillages et crustacés, tout en servant de barrière naturelle contre les tempêtes », selon le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique, qui dépend du ministère de la Transition écologique.

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Outre les gorgones, en Méditerranée, après chaque vague de chaleur importante, « on observe en septembre une mortalité » exceptionnelle de certains mollusques, comme les huîtres et les moules, d’oursins, ou encore de corail rouge, ajoute le chercheur du CNRS au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer Jean-Pierre Gattuso. Les éponges font aussi face à un risque d’extinction, alerte Thierry Perez: « Près de 100% d’entre elles ont disparu dans la région marseillaise ».

Des espèces invasives qui prolifèrent

La hausse de la fréquence et de l’intensité des canicules marines est favorable à d’autres espèces qui se plaisent dans les eaux chaudes, comme le barracuda. Cette évolution n’est toutefois pas toujours une bonne nouvelle pour la biodiversité actuelle.

« Des espèces tropicales invasives arrivent en Méditerranée, de la mer Rouge principalement », comme le poisson-lion ou le poisson lapin, selon Jean-Pierre Gattuso. Ces poissons, voraces, se nourrissent de ressources prisées par les espèces marines locales, ce qui représente un danger pour la survie de ces dernières. Ils « ne sont pas encore abondants dans la Méditerranée, mais pourraient le devenir », ajoute Thierry Perez.

Le crabe bleu, une autre espèce invasive venue quant à elle des côtes américaines, prolifère désormais en Méditerranée et s’y « attaque aux poissons juvéniles, aux moules et aux huîtres », explique aussi le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique.

Entre 40 et 50 espèces marines sont « des victimes régulières » des vagues de chaleur marines depuis 25 ans, d’après Thierry Perez. « Ce n’est pas une surprise », souligne de son côté Jean-Pierre Gattuso, puisque « l’action climatique est excessivement modeste ».

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