La nouvelle campagne de vaccination contre les infections liées aux papillomavirus dans les établissements scolaires, qui doit débuter le lundi 2 octobre en France, suit le modèle initié par l’Australie il y a une dizaine d’années.
Des résultats spectaculaires. L’Hexagone lance ce lundi 2 octobre une vaccination généralisée contre les infections aux papillomavirus humains, dites HPV, dans les établissements scolaires.
Cette campagne s’inspire notamment de l’Australie, où la recommandation vaccinale dans ce domaine date de 2007, ce qui a permis une chute importante des contaminations. Le pays table même sur une quasi disparition du cancer du col de l’utérus d’ici 2035.
Un faible taux de vaccination en France
Dans l’Hexagone, les chiffres de la vaccination sont particulièrement faibles, avec pas plus de 45,8% des jeunes filles de 15 ans et 6% des jeunes garçons du même âge ayant reçu au moins une dose, fin 2021, d’après l’Inserm.
Pourtant, plus de 6400 personnes développent tous les ans en France un cancer lié aux papillomavirus humains, selon des données du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), et le vaccin permet de baisser fortement les risques.
Pour contrer la tendance, tous les élèves de 5e se verront proposer de se faire vacciner contre les HPV au cours de l’automne ou de l’hiver prochains. L’injection ne sera pas obligatoire, seuls les collégiens ayant reçu l’autorisation de leurs parents recevront une première dose de vaccin dans les prochains mois, avant d’avoir un rappel six mois plus tard.
L’Australie comme « modèle »
Pour le gouvernement hexagonal, à l’origine de la campagne, l’objectif est clair: accroître fortement la couverture vaccinale dans ce domaine. Une démarche soutenue par les institutions de recherche en santé.
« L’Australie, c’est un modèle dans ce domaine, comme les pays du Nord (de l’Europe) », assure à BFMTV.com le président de l’Institut national du cancer (INC) Norbert Ifrah.
Ce pays du Commonwealth apparaît de fait en avance vis-à-vis de la France. Si la vaccination contre les HPV a commencé à être recommandée aux jeunes filles en 2007, comme en France, elle s’accompagne, dès cette époque, d’une campagne de vaccination dans les écoles pour les élèves de 12-13 ans.
Entre 2007 et jusqu’à fin 2009, une campagne de vaccination de rattrapage est en plus menée. Elle cible les jeunes femmes âgées de 14 à 26 ans. Un nouveau vaccin, ne nécessitant qu’une seule injection, est par ailleurs utilisé depuis février dernier.
Une campagne « bien reçue » par la population
Ces deux campagnes ne sont pas obligatoires, mais elles obtiennent rapidement des résultats très positifs. « Ces programmes sont bien reçus par la population, grâce au gouvernement australien qui soutient la vaccination avec des campagnes de communication », assure à BFMTV.com le porte-parole du ministère de la Santé et des soins aux personnes âgées australien.
De fait, l’Australie a pour habitude de mener des campagnes de vaccination dans les établissements scolaires. Déjà dans les années 1930, un premier programme de ce type avait été mené pour faire vacciner les enfants contre la diphtérie et le tétanos.
« Des campagnes de vaccination ont été menées dans les écoles depuis plus de 80 ans et sont devenues ordinaires au cours de la dernière décennie », souligne le ministère de la Santé.
Des résultats concrets
Concrètement, on observe une baisse de 44% par an des verrues anales et génitales chez les jeunes filles âgées de 12 à 17 ans entre 2007 et 2011. Et globalement, les hospitalisations ont diminué de 89,9% entre 2006-2007 et 2010-2011 pour les jeunes filles de 12 à 17 ans, de 72,7% chez les femmes de 18 à 26 ans et de 38,3% chez les hommes entre 18 et 26 ans en lien avec les HPV, selon des conclusions de l’évaluation nationale du programme de vaccination anti-HPV de 2014.
Dans les quatre à cinq années qui ont suivi le lancement de la vaccination, la part de femmes âgées de 18 à 24 ans victimes d’une infection de type HPV a baissé de 77%, tandis que les anomalies précancéreuses ont baissé de 34% chez les femmes de 20 à 34 ans.
Désormais, les médecins sont optimistes. Le Conseil du cancer australien n’hésite pas à tabler sur une « éradication » du cancer du col de l’utérus « comme problème de santé publique » d’ici 2035, si la vaccination continue d’être pratiquée avec autant de succès.
Aujourd’hui, 79,7% des jeunes filles et 76,1% des jeunes garçons australiens sont vaccinés contre les HPV, selon les derniers chiffres, datés de 2022, communiqués par le ministère de la Santé australien le 4 septembre dernier.
Un vaccin « plus efficace » à la pré-adolescence
Pour le ministère de la Santé australien, il était primordial de cibler un public jeune pour cette campagne de vaccination. « Faire vacciner les adolescents contre les HPV suit la documentation scientifique qui montre que le vaccin est le plus efficace lorsqu’il est donné à un jeune âge et avant l’exposition aux HPV », assure un porte-parole à BFMTV.com.
De fait, l’Inserm souligne dans ses campagnes « qu’il est important que la vaccination soit réalisée avant l’exposition au risque d’infection », car « la contamination a lieu le plus souvent dans les premières années de la vie sexuelle ».
Par ailleurs, le porte-parole du ministère australien souligne que « la mise en œuvre de la vaccination en milieu scolaire s’est avérée offrir des avantages substantiels par rapport au recours exclusif à un médecin généraliste, à une pharmacie ou à d’autres professionnels de santé pour l’administration des vaccins » en allant directement auprès des adolescents pour les sensibiliser à ce sujet et faciliter la vaccination.
Un G7 du cancer lancé par la France
En France, les médecins espèrent pouvoir s’appuyer sur ce succès pour faire progressivement monter la part de personnes vaccinées.
« Nous travaillons avec l’Australie dans le cadre du G7 cancer lancé en mai 2023 à l’initiative de l’Institut national du cancer », se réjouit notamment le président de l’Institut national du cancer (INC) auprès de BFMTV.com. Ce projet doit permettre d’allier les connaissances les plus avancées dont dispose la science sur la question du cancer et de développer des actions concrètes dans ce domaine.
Aucun objectif chiffré n’a été fixé dans l’Hexagone. Les médecins espèrent simplement « une progression continue ». « On a choisi de ne pas imposer d’obligation, mais de faire confiance aux gens », indique le professeur Norbert Ifrah.
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