D’après les spécialistes, les requins ont toujours été présents dans le bassin méditerranéen, qui est une « nurserie » pour certaines espèces. Ce qui a évolué, c’est la capacité des baigneurs à les prendre en photos, le réchauffement des eaux, et la circulation des bateaux.
Un requin a été aperçu samedi au large du Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales, quelques jours après que deux requins avaient semé la panique près des côtes de Portbou en Catalogne, et un mois après la présence d’un autre animal à aileron fin juin sur une plage d’Alicante.
Si ces observations semblent rapprochées, elles ne signifient pourtant pas forcément une augmentation du nombre de requins près des côtes méditerranéennes.
« Je ne dirais pas que c’est banal », reconnaît sur BFMTV Bernard Seret, océanographe spécialisé sur les requins. Mais « ce phénomène de présence de requins sur nos côtes en été est bien connu des pêcheurs professionnels et amateurs », ajoute le spécialiste qui évoque « une cinquantaine d’espèces de requins » présentes en Méditerranée.
« Une bonne nouvelle »?
D’ailleurs, « aucune étude scientifique ne montre une augmentation de ces observations » sur le pourtour méditerranéen, martèle sur notre antenne Mathieu Lapinski, président de l’association Ailerons.
Pour lui, c’est d’ailleurs « une bonne nouvelle » de voir ces animaux, notamment des requins peau bleue comme samedi au Barcarès, dans ce bassin puisque cette espèce est en danger critique d’extinction en Méditerranée.
Ce qui a par ailleurs augmenté, ce sont les « images » de ces apparitions de requins près des côtes en raison de l’utilisation des téléphones portables, souligne Pascal Romans, biologiste marin à l’Observatoire Océanologique de Banyuls sur Mer.
Le golfe du Lion, zone de reproduction des requins peau bleue
Les spécialistes avancent plusieurs facteurs pour expliquer la présence de ces poissons à ailerons près des plages. D’abord le golfe du Lion, situé au nord-ouest de la Méditerranée, de la Catalogne au Var, est une zone de reproduction des requins peau bleue.
« L’individu du Barcarès faisait deux mètres (…) donc ça peut être une jeune femmelle gestante venue près des côtes pour mettre bas, car ce golfe est connu pour être une nurserie pour cette espèce » explique Audrey Dubern, responsable du programme requin de l’association Longitude 181.
Si les femelles se rapprochent des côtes c’est notamment « pour donner naissance à leurs petits qui seront mieux protégés et plus en sécurité dans une colonne d’eau moins importante avec moins de profondeur ».
La présence de nouvelles espèces
Quant aux conséquences du réchauffement des eaux lié au changement climatique, elles ne sont pas encore assez documentées et ne sont pas forcément significatives pour des espèces comme le requin peau bleue qui est un migrateur, selon l’océanographe Bernard Seret.
En revanche, ce réchauffement peut amener les requins à se rapprocher des côtes pour se nourrir et entraîner l’arrivée dans le même temps de nouvelles espèces près des plages.
« Des requins tropicaux pourraient venir sur nos côtes car ils suivent leurs proies et elles sont bien plus sensibles au réchauffement climatique que les prédateurs. D’ailleurs depuis quelques années on observe le requin tigre en Méditerranée qui était absent », indique Bernard Seret.
La circulation des bateaux, facteur de perturbation
Au-delà de la reproduction et du facteur alimentation, le biologiste marin Pascal Romans pointe aussi les effets néfastes de la fréquentation du bassin méditerranéen par les bateaux.
« Le fait qu’il y ait de plus en plus de bateaux qui circulent à cette période, ça peut aussi les perturber, les bruits sous-marins sont très importants », abonde-t-il.
Ces requins étant habitués à vivre au large, leur arrivée dans des eaux moins profondes explique aussi leur désorientation et le fait qu’ils nagent doucement près des côtes.
Des requins « relativement inoffensifs »
D’ailleurs, les spécialistes interrogés rappellent que très peu d’accidents impliquant des requins ont été recensés en France métropolitaine et que les requins peau bleue sont « relativement inoffensifs », surtout lorsqu’ils font moins de deux mètres.
Pour limiter les risques, ils recommandent par ailleurs de sortir de l’eau si l’un d’entre eux s’approche pour éviter toute collision, et de ne pas les prendre par la queue pour les remettre à l’eau s’ils s’échouent sur la plage.
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