Alors que des droits de douane supplémentaires vont s’appliquer sur les voitures produites en Chine et importées en Europe, voici quelques duels entre des modèles concernés chez MG, BYD ou encore Smart et leurs concurrents européens.
L’Europe muscle son jeu protectionniste. La Commission européenne a annoncé le 12 juin la mise en place de droits de douane provisoires visant les importations de voitures produites en Chine à partir du 5 juillet prochain.
Une manière pour les pays de l’Union de compenser les subventions perçues par ces fabricants en Chine, comme l’a mis en lumière une enquête de la Commission lancée l’an dernier.
Un deuxième choc après la fin du bonus
Il est toutefois encore difficile de pouvoir anticiper les effets de ces taxes supplémentaires sur les prix des constructeurs concernés (avec des surtaxes qui vont de 17,4% pour BYD à 38,1% pour MG). Ces droits de douane s’appliquent en effet sur un prix non-communiqué, entre la sortie d’usine et la distribution des véhicules en Europe et certaines marques pourraient rogner sur leurs marges pour limiter la hausse des prix.
Ce nouveau régime douanier s’appliquera à partir du 5 juillet sur les nouveaux arrivages de véhicules et pas suer les stocks, ce qui devrait aussi permettre aux marques concernées de lisser dans le temps ces hausses de prix potentielles.
Des modèles « made in China » qui ne sont par ailleurs plus éligibles au bonus écologique en France cette année.
« Après la perte du bonus écologique pour les véhicules produits en Chine, cette décision de hausse des droits de douane va renforcer les écarts de prix avec les modèles européens qui, eux, restent éligibles à la principale aide à l’achat en France pour les particuliers », souligne Solal Botbol, cofondateur de Beev, entreprise spécialisée dans la transition vers la mobilité électrique.
Dans ce contexte, voici quelques duels entre modèles produits en Chine et leurs concurrents « made in Europe ». Pour chaque véhicule, nous avons pris la version de base, avec des performances (autonomie, performances) qui peuvent donc varier, la logique étant de cibler le prix plancher pour ces voitures.
Pour le modèle fabriqué en Europe, le prix est affiché après déduction du bonus écologique français de 4.000 euros. Cet écart se révèle donc moins important pour les entreprises qui ne bénéficient pas du bonus écologique.
• Dacia Spring vs Citroën ë-C3
Dacia Spring (à partir de 18.990 euros actuellement)
Sortie du catalogue de Dacia juste après avoir perdu son éligibilité au bonus écologique, la petite Spring revient cette année dans une version modernisée. Le groupe Renault n’a pas encore réagi à la hausse des droits de douane annoncée par l’Europe.
La Spring s’affiche à un prix de départ de 18.990 euros, à voir si Dacia pourra prendre sur sa marge pour réduire ce tarif, ou envisager une délocalisation de la production en Europe ou au Maghreb.
Citroën ë-C3 (à partir de 19.300 euros)
Cette hause potentielle du prix de la Spring pourrait bien faire les affaires de la Citroën ë-C3. La citadine polyvalente de la marque française est certes plus chère, mais avec des prestations supérieures. Et la différence de prix est réduite déjà avec le bonus écologique qui permet à la version d’entrée de gamme « You » de s’afficher à partir de 19.300 euros.
• MG4 vs Renault Mégane E-Tech
MG4 (à partir de 24.990 euros actuellement)
Avec son rapport qualité-prix très intéressant, la MG4 a connu un joli succès en France l’an dernier, se classant 6e meilleure vente des voitures électriques en France.
Mais la fin de l’éligibilité au bonus écologique a marqué un coup d’arrêt dans cette dynamique commerciale: la MG4 est sortie du top 10 des meilleures ventes en avril dernier.
Elle est actuellement proposée à partir de 24.990 euros, grâce à une promotion qui maintient son prix avec le niveau du bonus 2023 de 5.000 euros dont elle bénéficiait. Pas certain que perdure cette ristourne avec les nouveaux droits de douane, qui passent de 10% à près de 50% à partir du 5 juillet. MG a en effet écopé des droits provisoires les plus élevés, à 38,1%.
Renault Mégane E-Tech (à partir de 30.000 euros)
Septième meilleure vente électrique en France l’an dernier derrière une certaine MG4, la Renault Mégane E-Tech pourrait bien prendre sa revanche cette année.
La compacte « made in France » démarre actuellement à 30.000 euros, avec des tarifs en baisse depuis le lancement du nouveau Scénic, lui aussi converti au 100% électrique.
A peine plus courte que la MG4, à 4,2 mètres, la Mégane pourrait donc profiter de cette hausse de prix d’une de ses principales concurrentes.
• BYD Seal U vs Tesla Model Y
BYD Seal U (à partir de 41.890 euros actuellement)
Déclinaison SUV de la berline Seal, le Seal U a été lancé en France en début d’année par le géant chinois BYD, numéro 2 mondial de l’électrique derrière Tesla.
A 4,78 mètres de long, le Seal U est à peine plus long qu’un Tesla Model Y, sa cible désignée sur le marché français.
En entrée de gamme, le SUV de BYD dispose d’une batterie de 71,8kWh offrant 420 kilomètres d’autonomie officielle, un peu moins que le Model Y (455 kilomètres en version Propulsion).
Avec des prix qui démarrent actuellement à 41.890 euros, la hausse de prix devrait être limitée pour ce modèle, avec les droits de douane provisoires à 17,8% dont écope BYD.
Tesla Model Y (à partir de 40.990 euros)
Produit dans l’usine Tesla de Berlin, le Model Y peut toujours profiter du bonus écologique en France en 2024.
Un avantage non-négligeable pour le SUV superstar, modèle le plus vendu dans le monde toutes motorisations confondues l’an dernier. Cela lui permet par exemple d’afficher un prix final de 40.990 euros pour la version Propulsion (455 kilomètres d’autonomie), après déduction du bonus, inférieur au BYD Seal U.
Tesla vient par ailleurs de lancer une version « Grande Autonomie Propulsion » (comprendre, le Model Y avec une plus grosse batterie, mais toujours un seul moteur à l’arrière), avec 600 kilomètres d’autonomie et un prix pile sous le plafond du bonus, à 46.990 euros.
• Smart #1 vs BMW iX1
Smart #1 (à partir de 33.815 euros)
Relancée par la coentreprise entre Mercedes-Benz et le groupe chinois Geely, Smart produit désormais ses modèles en Chine. De nouveaux véhicules qui n’ont pas grand-chose en commun avec les micro-citadines bien connues en Europe.
Smart propose en effet désormais des SUV 100% électriques, le #1 et sa déclinaison SUV coupé le #3.
Privé du bonus écologique, le Smart #1 est actuellement vendu à partir de 33.815 euros avec 310 km d’autonomie grâce à une batterie 49kWh.
Les #1 avec la batterie 66kWh (qui offre un peu plus de 400 kilomètres d’autonomie) est proposée à partir de la finition Pure+ pour 38.815 euros.
Geely a écopé de droits de douane provisoires à un niveau intermédiaire, à 20%, entre les 17,4% de BYD et les 38,1% de MG.
BMW iX1 (à partir de 42.990 euros)
La version d’entrée de gamme du BMW iX1 démarre actuellement tout juste sous le plafond du bonus écologique, faisant passer son prix de 46.990 euros, à tout juste sous les 43.000 euros.
Avec une batterie 66,5kWh, l’autonomie est annoncée à 474 kilomètres. C’est donc davantage que le #1 en version Pure + qui annonce jusqu’à 440 kilomètres sur une seule charge.
Autre différence importante, la taille: le Smart #1 affiche 4,27 mètres de long, contre 4,50 mètres pour le iX1.
• Tesla Model 3 vs BMW i4
Tesla Model 3 (à partir de 39.990 euros)
Si le Model Y est produit en Europe, ce n’est pas (encore) le cas de la Model 3. Importée depuis l’usine Tesla de Shanghai, la berline est elle aussi concernée par la hausse des droits de douane, avec une surtaxe provisoire à 21%.
Un deuxième coup dur après la perte du bonus, ce qui place la Model 3 à seulement 1.000 euros du Model Y, avec des prix qui démarrent à 39.990 euros. La berline a bénéficié d’un important restylage l’an dernier, ce qui peut aussi expliquer cette écart réduit avec le SUV lancé en 2020. Sur cette version Propulsion, Tesla annonce une autonomie de 513 kilomètres.
BMW i4 (à partir de 43.000 euros)
Lancée en 2021 et restylée cette année, la BMW i4 s’impose comme une concurrente premium pour la Tesla Model 3.
Ses prix, à partir de 57.750 euros, dépassent toutefois le plafond du bonus écologique. Mais, en France, BMW accorde une remise généreuse de plus de 10.000 euros, permettant de bénéficier du bonus. De quoi passer à un prix final pour un client particulier autour des 43.000 euros.
La mise en place des droits de douane provisoires sur les Tesla Model 3, en particulier les versions Performance qui démarrent à 55.990 euros, pourraient ainsi renforcer l’attrait pour la berline-coupé allemande.
En version d’entrée de gamme eDrive35 (propulsion et batterie, l’i4 annonce 286 chevaux et un 0 à 100 km/h en 6 secondes (bien loin du 3,1 seconde d’une Tesla Model 3 Performance) et une autonomie de 493 kilomètres (528 kilomètres pour sa concurrente).
La i4 eDrive40 (toujours en propulsion, mais avec une batterie 84kWh) annonce de son côté 586 kilomètres d’autonomie, mais à plus de 67.000 euros.
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