Au premier jour de la COP28, un fonds sur les "pertes et dommages" des pays vulnérables adopté

La conférence de l’ONU sur le climat a été inaugurée à Dubaï avec la naissance d’un fonds axé sur le soutien financier et l’aide aux pays pauvres frappés par le dérèglement climatique mais pourtant peu responsables des émissions de gaz à effet de serre.

Le secrétaire général de l’ONU a salué un « outil essentiel pour la justice climatique ». La COP28 s’est ouverte ce jeudi 30 novembre à Dubaï avec la concrétisation très attendue d’un fonds de compensation des « pertes et dommages » climatiques dans les pays vulnérables.

L’enjeu est ainsi de soutenir financièrement les pays pauvres, frappés de plein fouet par le dérèglement climatique dont ils sont pourtant peu responsables.

« C’est un signal positif pour le monde et pour notre travail », a déclaré Sultan Al Jaber, le président émirati de cette COP28, alors que l’adoption de la mesure a été saluée par une ovation debout des délégués des près de 200 pays participants.

« Nous avons écrit une page d’histoire aujourd’hui… La rapidité avec laquelle nous l’avons fait est inédite, phénoménale et historique », a ajouté Sultan Al Jaber, également patron de la principale firme pétrolière émiratie, ADNOC.

« Dans le même bateau »

Ce fonds devrait permettre de dégripper les tensions financières entre le Nord et le Sud qui surgissent notamment au moment des COP, puisque les pays les plus pauvres expliquent subir les conséquences (et les restrictions) du dérèglement climatique sans l’avoir causé.

À titre d’illustration, la France est considérée comme le sixième contributeur historique en termes d’émissions de CO2, principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Les 58 petits États insulaires en développement (PEID) représentent eux moins d’1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

« Nous devons quitter la COP28 avec un fonds qui est viable et qui dispose de fonds réels et significatifs » a déclaré l’envoyée spéciale pour le climat des Îles Marshall au Washington Post.

« Cela montrerait que nous sommes dans le même bateau (…) et que ceux qui ont fait le plus dans cette crise du réchauffement climatique sont prêts à aider ceux qui ont fait le moins et qui sont les plus touchés », a-t-elle expliqué.

Ces « pertes et dommages » correspondent aux dégâts causés par le dérèglement climatique comme des événements extrêmes (cyclones, tempêtes…) ou des mécanismes de long terme comme la montée des eaux ou la sécheresse. Comme le pointe le média Vert, il peut également s’agir de la disparition de langues ou de cultures.

Des besoins très importants

« J’appelle les dirigeants à faire des contributions généreuses pour que le fonds et la conférence climat commencent sur des bases solides », a lancé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Il s’agirait dans un premier temps de créer un fonds sous les auspices de la Banque mondiale, capable de débloquer de l’argent aux pays en développement et financé par les nations riches.

Les premières promesses ont été énoncées: 225 millions d’euros pour l’Union européenne (dont 100 millions de dollars annoncés par l’Allemagne), 100 millions de dollars pour les Émirats, 10 millions de dollars pour le Japon, 17,5 millions pour les États-Unis, jusqu’à 40 millions de livres pour le Royaume-Uni…

Toutefois, ces sommes semblent bien éloignées des besoins estimés. « On attend des promesses en milliards, pas en millions », a pressé Rachel Cleetus, du groupe américain Union of Concerned Scientists (UCS).

Énergies fossiles

Lors de la COP27 l’an dernier, les participants avaient déjà, à la surprise générale, acté le principe de créer ce fonds. À Dubaï, ils viennent d’en approuver les premiers contours. En haut de l’agenda de cette COP28 figure le sort des énergies fossiles – charbon, gaz, pétrole – dont l’utilisation est la principale cause du réchauffement climatique et des catastrophes qui l’accompagnent.

Également directeur général de la compagnie pétrolière nationale Adnoc, Sultan Al Jaber a mis les pieds dans le plat en appelant à mentionner « le rôle des combustibles fossiles » dans tout accord final.

Cela alors qu’il est sous le feu des critiques après la publication par la BBC et le Centre for Climate Reporting de notes internes de préparation de réunions officielles qui énumèrent des arguments pour la promotion des projets d’Adnoc à l’étranger. Il a rejeté ces accusations ce mercredi.

« C’est à ses résultats qu’on évaluera le président de la COP », a jugé Jennifer Morgan, l’émissaire pour le climat de l’Allemagne.

Le chef de l’ONU Climat, Simon Stiell, s’est montré encore plus direct: « si nous ne donnons pas le signal de la phase terminale de l’ère fossile telle que nous la connaissons, nous préparons notre propre déclin terminal ».

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