La diarrhée aiguë : définition
La diarrhée aiguë est un trouble fonctionnel digestif soudain, qui peut n’être que le symptôme d’une maladie plus générale, ou résumer à lui seul la maladie.
Il est caractérisé par des selles nombreuses, pâteuses ou liquides, dans un volume fécal souvent augmenté.
La diarrhée est dite « aiguë », quand elle dure moins de dix jours avec plus de trois selles molles ou liquides par jour (selon l’OMS).
Son retentissement sur l’état général peut être très rapide (quelques heures).
Ce qui justifie une surveillance active de son évolution par la pesée du patient, surtout aux âges extrêmes de la vie : nourrisson, enfant, vieillard.
La diarrhée aiguë : risques
Selon l’Institut national de Veille sanitaire (InVS) : « Les données du réseau Sentinelles permettent d’estimer que, chaque hiver, les gastro-entérite aiguës (GEA) sont à l’origine de 1 million à 2,5 millions de consultations en médecine générale. Durant le pic épidémique, l’incidence de consultations pour GEA est estimée entre 300 et 600 consultations pour 100.000 personnes par semaine mais peut s’élever à 900 consultations pour 100.000 personnes par semaine comme en janvier 2001 ».
Outre la fatigue et l’indisposition freinant l’activité sociale et professionnelle, la diarrhée est un grand facteur de déshydratation, comme les vomissements auxquels elle est fréquemment associée lors d’épidémies infectieuses digestives.
Provoquée par la perte brutale d’eau et d’électrolytes, elle a des conséquences graves chez les sujets âgés et les enfants. Un seul pour cent de perte de poids a un retentissement sur l’équilibre corporel. A partir de 4% de perte de poids, la déshydratation est dite sévère et nécessite une prise en charge généralement hospitalière. Le coma s’installe, parfois jusqu’à la mort (épidémies de choléra par exemple).
La diarrhée rend inefficace, partiellement ou totalement, les médicaments puisqu’ils sont moins bien absorbés (transit trop rapide). D’autre part, le corps déshydraté est plus sensible à leur action. Par exemple, la concentration sanguine en médicaments anti-hypertenseurs s’élève, ce qui abaisse fortement la pression artérielle ; puisque le surdosage s’ajoute à la déshydratation en cours.
La diarrhée aiguë : fonctionnement
Au niveau du côlon (partie finale de l’intestin), les selles sont normalement asséchées par réabsorption d’eau et de nutriments. En cas de diarrhée, la réabsorption intestinale est perturbée ou carrément inversée, avec fuite corporelle d’eau et d’ions utiles. Cette fuite est bien sûr majorée par d’éventuels vomissements concomitants.
Les causes les plus fréquentes sont infectieuses, souvent épidémiques (virus) et normalement transitoire chez les personnes dont l’immunité est correcte.
– Les gastro-entérites épidémiques ; le coupable est le rotavirus dans 70-80% des cas.
– Les intoxications alimentaires, individuelles ou collectives, par des bactéries comme les salmonelles ou les colibacilles (Escherichia coli). Certains colibacilles produisent des toxines qui peuvent tuer (colibacille appelés STEC).
– Les infections parasitaires sont rarement transitoires, et se caractérisent par des « crises digestives » plus ou moins rapprochées : infestation par un ténia ou des lamblias. Il faut toujours y penser de retour d’un voyage sous les tropiques ou d’un pays d’endémie connue.
Les traitements antibiotiques perturbent la flore intestinale pendant au moins trois semaines, particulièrement s’ils sont à spectre large. Selon le profil personnel de flore digestive et la répétition des traitements (chez les enfants en particulier) la modification des bactéries commensale (qui digèrent la nourriture pour la personne qui les hébergent) entraîne une mauvaise absorption chronique des aliments ; jusqu’à casser la courbe de croissance infantile ou provoquer un amaigrissement.
L’anxiété, les émotions intenses (concours, examens) déclenchent aussi des diarrhées aiguës, dites motrices, de même que certains médicaments ou traitements (veinotoniques, radiothérapie).
Enfin les maladies générales ou des infections d’organes de voisinage ont aussi un retentissement digestif aigu : appendicite, péritonite, endométriose, intolérance au gluten…
La diarrhée aiguë : symptômes
La plus banale est la gastroentérite virale épidémique : elle ne dure pas plus de quatre jours et guérit spontanément. C’est dans les premières 24 heures que les symptômes sont les plus prononcés : les selles sont liquides ou molles avec des crampes abdominales (coliques). Il peut y avoir une fièvre transitoire (parfois jusqu’à 41°C avec des frissons).
D’une manière générale, toute fièvre accompagnant une diarrhée (ou des vomissements) est un signe de gravité, de même que du sang dans les selles.
Grande faiblesse, étourdissements, bouche sèche, soif témoignent de l’intensité de la déshydratation ; de même que des urines moins fréquentes, une perte de poids, et les yeux creux. Ces derniers signes d’alerte sont des signes de gravité. La pesée du patient est très importante pour chiffrer la perte en eau, et prendre une décision thérapeutique.
Tous les signes de gravité imposent la consultation médicale rapide.
Diarrhées aiguës Prévention
Avec quoi ne faut-il pas confondre la diarrhée aiguë ?
Avec une diarrhée dite « chronique » (persistant depuis plus de six semaines avec au moins une selle liquide par jour), qui peut se manifester par épisodes que le patient ne relie pas entre eux.
La diarrhée chronique qui entraîne un amaigrissement et une asthénie est toujours suspecte.
Ces signes de gravité peuvent témoigner d’une parasitose chronique, cancer colorectal, maladie de Cröhn, maladie coeliaque, hyperthyroïdie… ou d’une intolérance alimentaire durable (lactose dans le lait de vache, sorbitol, gluten, certains fruits, alcool, mets épicés ou trop, etc.).
Y a t-il une prévention possible des diarrhées infectieuses ?
Elle est très efficace mais peu pratiquée ! Pour éviter les diarrhées infectieuses, l’hygiène stricte de mains et des sanitaires est nécessaire et largement suffisante.
Lavez-vous les mains fréquemment à l’eau et au savon, ou avec un gel hydro-alcoolique.
Utilisez du papier jetable pour vous essuyer les mains et non des serviettes en tissu.
Pour éviter les toxi-infections alimentaires, surveillez ce que vous mangez : date de péremption et conservation correcte des aliments. Gardez toujours la nourriture périssable au réfrigérateur et vérifiez sa propreté.
Pour éviter la diarrhée du voyageur (tourista), ne buvez pas d’eau du robinet, ni de glaçons. Ne mangez pas d’aliments crus. Préférez les aliments cuits ou frits préparés sous vos yeux et immédiatement consommés : les germes n’ont pas le temps d’y proliférer.
Pour prévenir les gastro-entérites du nourrisson et du jeune enfant, tous les conseils précédents sont bons. Dans certaines circonstances (précarité familiale) des vaccins sont disponibles (contre le rotavirus par exemple).
Diarrhées aiguës Préparer sa consultation
A quel moment consulter ?
Rapidement quand la diarrhée s’accompagne de signes dits de gravité : sang dans les selles ou pus, glaires (substances ressemblant à du blanc d’œuf). Mais aussi : fièvre, vomissements empêchant de se nourrir et de se réhydrater, malaise général imposant le lit, confusion et délire, coma.
D’une manière générale, toute diarrhée aiguë de l’adulte qui dure plus de 48 heures sans aucune amélioration doit être vue par un médecin.
Pour les nourrissons, n’attendez jamais, car leur déshydratation est très rapide (quelques heures). L’alarme est donnée chez l’enfant par l’état général et la perte de poids. Une perte de poids de 4% impose l’hospitalisation urgente ; il faut agir avant ! Un enfant qui ne réagit plus est en grand danger.
Les personnes âgées doivent aussi consulter dès les premiers signes de déshydratation pour éviter des séquelles au niveau des organes sensibles : reins, cerveau, cœur. Et éviter le décès.
Une diarrhée qui dure plusieurs semaines n’est jamais normale, consultez votre médecin sans attendre une perte de poids.
Comment préparer la consultation avec le médecin ?
Répertoriez vos habitudes alimentaires et vos repas récents, les épidémies en cours dans l’entourage, ainsi que les médicaments consommés, y compris ceux pris sans ordonnance.
Les enfants et les personnes âgées fragiles doivent être réhydratés tout de suite avec des solutions de réhydratation orale (SRO) vendues en pharmacie.
Que fait le médecin ?
Après examen général et pesée du patient, le médecin distingue une diarrhée bénigne transitoire qui guérit spontanément, d’une diarrhée préoccupante nécessitant un traitement particulier, des explorations ou une hospitalisation.
Il peut prescrire une analyse de sang, d’urine, et une analyse des selles.
Une diarrhée persistante sans explication claire, ou nécessitant un bilan, justifie une coloscopie (examen endoscopique de l’intestin) et des recherches particulières (test de dépistage d’une intolérance au gluten ou maladie coeliaque).
Face à une diarrhée infectieuse bactérienne ou parasitaire, un traitement antibiotique ciblé est généralement nécessaire, parfois par piqûres initialement. La réhydratation adéquate complète le traitement avec le repos à domicile. L’hospitalisation est nécessaire lors d’une infection toxinogène (E.coli producteur de toxine) car les toxines altèrent sévèrement les organes.
Face à une diarrhée virale épidémique, le traitement dit symptomatique (qui soulage les signes) permet d’attendre la guérison spontanée en 3-4 jours : réhydratation régulière, spasmolytiques, tampons digestifs, anti-diarrhéiques, et repos à domicile. Ce dernier a pour second objectif d’éviter la dispersion des virus épidémiques dans l’entourage scolaire ou professionnel.
L’hygiène stricte de mains et des sanitaires est indispensable dans tous les cas.
La persistance d’une diarrhée aiguë malgré 48 heures de traitement adapté est suspecte, il convient de consulter à nouveau.
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à retenir
Informations sur les diarrhées
Les diarrhées aiguës ont presque toujours une cause infectieuse. Dans les pays du tiers-monde, faute d’hygiène alimentaire et générale, les maladies diarrhéiques sont responsables de 1,87 million de décès chez les moins de cinq ans (chiffre OMS), soit approximativement 19% du nombre total de décès d’enfants. L’Afrique et l’Asie du Sud-est totalisent 78%, soit 1,46 million, des décès (Cynthia Boschi-Pinto et al. publication OMS, 2008).