La déprime, une dépression légère et transitoire

Les manifestations dépressives légères et transitoires ou « déprime » regroupent un ensemble de symptômes où l’on retrouve une baisse de l’intérêt pour les tâches quotidiennes, une tristesse, des troubles du sommeil (une insomnie le plus souvent), des troubles de l’appétit (boulimie ou anorexie), des troubles d’humeur (plutôt de l’irritabilité). Mais ces symptômes n’ont pas la gravité d’une dépression vraie ou caractérisée. Ils durent peu, quelques jours, une à deux semaines au plus. Le retour à des sentiments plus optimistes est généralement rapide. Au delà de deux semaines de déprime permanente, il faut se poser la question d’une dépression durable c’est-à-dire de l’entrée dans une maladie dépressive.

 

Quels sont les risques et les enjeux sanitaires de la déprime ?

Le risque principal des états dépressifs légers et transitoires est d’évoluer en dépression durable caractérisée, d’autant plus qu’il existe des facteurs de risque comme la vie solitaire : veuvage, divorce, séparation (Facteurs de risque des épisodes dépressifs en population générale, DREES 2006). La dépression nerveuse est une véritable maladie mentale qu’il faut traiter médicalement. Il est donc important de comprendre que des manifestations dépressives légères et transitoires ne sont pas à prendre à la légère.
La dépression est la première cause de suicide : près de 70% des personnes qui décèdent par suicide souffrent d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée (Livret INPES, En savoir plus pour en sortir, 2007). Les décès par suicide ont tendance à diminuer (-10% chez les hommes entre 2000 et 2006 et -6% chez les femmes), mais pas dans toutes les classes d’âge. Le taux de suicide des 45-54 ans a augmenté : de façon modérée pour les femmes (+2,2% entre 2000 et 2006) et plus soutenue pour les hommes (+8%) (L’état de santé de la population en France, DRESS, 2011).

 

Quels sont les mécanismes de la dépression légère transitoire ?

Même sans les drames majeurs que sont les deuils, les guerres ou les licenciements massifs, l’existence sait être pénible : séparation, accident de voiture « bénin », mutation professionnelle par exemple. Ces événements entraînent assez logiquement des manifestations dépressives légères et transitoires, qui s’atténuent rapidement jusqu’à disparaître quand les ressources personnelles et le soutien de l’entourage ne font pas défaut. On s’adapte et l’humeur redevient normale.
La « déprime » touche tout le monde à un moment ou à un autre, le temps que le psychisme intègre un événement malheureux et/ou frustrant, pour le dépasser. Les moments de « blues », de cafard, de doute font partie du processus de maturation.
Les manifestations dépressives légères surviennent fréquemment en périodes de surmenage et témoignent d’un épuisement nerveux par stress durable et/ou intense. Sans oublier le manque de lumière (dépression saisonnière hivernale).
Les maladies sous-jacentes sont aussi pourvoyeuses de « déprimes » connues : asthénie après une infection virale saisonnière, anémie, insuffisance rénale, hypothyroïdie… Toutes choses égales par ailleurs, les 20% de personnes dont la santé physique est la plus dégradée dans la population ont un risque triple de vivre un épisode dépressif (Facteurs de risque des épisodes dépressifs en population générale, DREES 2006). Les symptômes dépressifs persistent tant que ces causes n’ont pas été traitées ou n’ont pas cessé naturellement.

 

Déprime Prévention

 

A quoi reconnaît-on qu’il ne s’agit que d’une dépression légère transitoire ?

 

Les manifestations dépressives légères et transitoires ressemblent copient la dépression caractérisée mais avec une moindre intensité et une durée d’évolution inférieure à deux semaines. Parmi ces symptômes, on retrouve :

–  la baisse de l’élan vital (plus envie de faire grand chose),
– des troubles du sommeil avec une insomnie, des difficultés à s’endormir et/ou des éveils nocturnes,
– de la tristesse,
– une perte d’appétit ou au contraire des comportements boulimiques,
– des troubles de la concentration intellectuelle,
– une fatigue,
– une irritabilité,
– un sentiment de culpabilité,
– et une mauvaise estime de soi (« je suis un(e) imbécile »).

Cependant, on reste capable d’apprécier les plaisirs de la vie et les évènements heureux. Surtout, il persiste une capacité à être réconforté par l’entourage et à se projeter dans l’avenir sans anticipation trop négative : il y a de l’espoir et des solutions.

 

Avec quoi ne faut-il pas confondre la déprime ?

 

D’abord ne pas négliger l’entrée dans la dépression vraie.
Les manifestations dépressives légères qui surviennent chez une personnalité cyclothymique, alternant la déprime et l’enthousiasme, doivent évoquer un « trouble bipolaire » en installation sournoise, maladie mentale très sous-estimée, où alternent des dépressions sévères et les périodes d’excitation euphorique intense, et à fort risque de suicide : 15% des patients ayant un trouble bipolaire décèdent par suicide (HAS, guide ALD 23, 2010).

 

A quel moment consulter ?

 

Il n’est pas nécessaire de médicaliser, voire de psychiatriser, des manifestations dépressives légères et transitoires qui, par définition, vont rapidement disparaître. Elles sont au contraire l’occasion de s’interroger sur les causes de la « déprime » et les responsabilités de chacun au cours de sa vie.

En revanche, la persistance de cet état plus de deux semaines ou sa répétition régulière (qu’il y ait au pas des causes légitimes connues), doit faire consulter rapidement le médecin traitant.

Déprime, Préparer sa consultation

 

Comment préparer la consultation avec le médecin ?

 

Il faut décrire le plus précisément possible les symptômes ressentis, leur date et les circonstances d’apparition.
Les antécédents personnels et familiaux doivent être signalés ; ils peuvent révéler une personnalité fragile et propice aux épisodes de « déprime » et une prédisposition génétique familiale.
Enfin le contexte familial, affectif, professionnel, doit être détaillé pour définir les causes évidentes de tristesse, ainsi que ce qui peut être modifié pour éviter l’effondrement personnel dans une dépression installée.

 

Que fait le médecin face à une déprime ?

 

Il mène un interrogatoire minutieux pour confirmer une tristesse transitoire. L’examen clinique complet élimine une maladie sous-jacente méconnue, avec un bilan sanguin si nécessaire.
Il distingue une dépression vraie dont le traitement et la prise en charge sont différentes. Il donne le plus souvent un rendez-vous ultérieur pour surveiller l’évolution cet épisode dépressif.
Une psychothérapie chez un psychothérapeute peut être conseillée quand le patient a manifestement besoin d’un soutien au moins transitoire.
Il n’est pas nécessaire de recourir à une prescription médicamenteuse par anti-dépresseurs quand le diagnostic de dépression installée n’est pas retenu après l’examen minutieux du patient (Bon usage des antidépresseurs au cours des troubles dépressifs chez l’adulte, Afssaps, 2005).
La phytothérapie peut être employée : le millepertuis (Hypericum perforatum) a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’indication des manifestations dépressives légères et transitoires. Attention toutefois, cette plante a des interactions médicamenteuses nombreuses car elle modifie l’activité du foie, organe en charge du métabolisme des médicaments (Afssaps, 2000).
La correction d’éventuels déséquilibres alimentaires (assez fréquents) débouche sur l’éducation diététique du patient, éventuellement la prescription d’oligo-éléments, d’acides gras oméga 3, et de suppléments vitaminiques pendant un temps défini.
La luminothérapie est le traitement reconnu des dépressions saisonnières.
L’hygiène de vie doit être revue pour faire de la place aux petits bonheurs quotidiens, réduire ou éliminer les comportements à risque (addictions diverses), un épuisement professionnel, et/ou familial… Enfin, s’exposer à la lumière du jour au moins 4 à 6 heures par jour (promenades, courses, jardinage) est souhaitable.

 

Y a-t-il une prévention possible de la déprime ?

 

La meilleure prévention des manifestations dépressives légères et transitoires est de ne pas se mettre en situation de frustration affective et de s’entourer de personnes aimantes, satisfaisant ses besoins de reconnaissance et d’affection.
Si les choix affectifs ou amicaux sont mauvais de manière répétitive, une psychothérapie bien choisie permet de comprendre le « pourquoi » du mauvais choix pour changer d’attitude et prendre un meilleur contrôle de sa vie.
La relation à soi-même peut être aussi explorée par un travail intérieur : comprendre par exemple ses exigences envers soi-même, sa mauvaise estime de soi.
Enfin il faut fabriquer des remparts contre la déprime en s’efforçant d’avoir un métier suffisant gratifiant, des violons d’Ingres et des loisirs gratifiants, tout ce qui préserve l’enthousiasme dans la vie d’une manière générale.

 

 

 

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à retenir

Les manifestations dépressives légères et transitoires présentent des symptômes proches d’une dépression vraie (ou caractérisée), mais ils sont moins sévères et durent moins de deux semaines. Ces manifestations font partie de la vie, avec ses bons et mauvais moments, ses joies et ses peines. Elles ne doivent pas être systématiquement médicalisées. En revanche si elles se répètent ou si elles persistent plus de deux semaines, il faut consulter un médecin.

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