Lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées, une dizaine de chasseurs se sont retrouvés confrontés à une ourse. Elle a été tuée par balle par l’un d’eux. Ils comparaissent devant la justice mardi 18 et mercredi 19 mars.
Il assure avoir agi en situation de légitime défense. Un chasseur doit comparaître mardi 18 et mercredi 19 mars devant le tribunal correctionnel de Foix, en Ariège, pour « destruction d’espèce protégée« , après avoir tué une ourse en 2021, lors d’une battue dans les Pyrénées. De nombreuses associations de défense des animaux se sont constitué partie civile, dont Pays de l’ours et France nature environnement.
André Rives, le chasseur auteur du coup de feu, est âgé de 81 ans. Il assure qu’il était à son poste dans une zone escarpée située sur les hauteurs du village de Seix quand il aperçoit deux oursons.
Il affirme être ensuite attaqué par leur mère, qui le blesse aux jambes. Il tire alors à deux reprises avec son fusil, tuant l’ourse adulte, appelée Caramelles. Il doit ensuite être transporté à l’hôpital par hélicoptère.
Quinze autres chasseurs, ayant participé eux aussi à la battue, sont également poursuivis pour diverses infractions au droit de la chasse. De fait, ils se trouvaient dans une zone de montagne interdite à la chasse, selon l’accusation, la Réserve domaniale du Mont-Valier.
« Mieux gérer la cohabitation entre la chasse et l’ours »
Pour l’association Pays de l’ourse, l’objectif de ce procès est d’abord de « comprendre ce qui s’est passé ce jour-là (…) dans le but d’éviter que cela se reproduise ».
« Il faut mieux gérer la cohabitation entre la chasse et l’ours, car ce type d’interaction entre l’homme et l’ours est possible, il y en a eu, et il y en aura, même si c’est extrêmement rare », estime l’une des figures de l’association, Alain Reynes, à l’Agence France-presse.
L’association One Voice s’inquiète par ailleurs pour le sort des deux oursons âgés alors de 10 mois, auprès du journal local La Dépêche. « Ils étaient encore en apprentissage et n’avaient probablement pas appris à hiverner », souligne l’association.
Un des chasseurs, s’exprimant de façon anonyme, estime que l’auteur des tirs n’a fait que se défendre. « Il s’est retrouvé entre la mère et ses oursons, elle a failli le tuer. Il était en état de légitime défense, il a été grièvement blessé, il a été interdit de chasse, il ne faut pas l’accabler », dit-il à l’AFP.
En Ariège, où se concentre la majorité des ours recensés, la présence de l’animal déchaîne les passions. Les éleveurs de brebis se plaignent notamment des prédations, dans les hauts pâturages où les cheptels transhument de juin à octobre.
Une espèce « menacée d’extinction »
Si les chasseurs se trouvaient dans une zone de montagne interdite à la chasse, selon l’accusation, le président de la Fédération de chasse de l’Ariège, Jean-Luc Fernandez, affirme que rien n’empêchait ses adhérents de chasser à cet endroit, qu’ils y chassaient « depuis des années, les autorités le savaient et n’ont jamais rien trouvé à redire ».
Pour l’avocate Julie Raover, qui représente douze associations parties civiles, l’usage ne fait pas loi. Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone « n’enlève rien à la caractérisation du délit ». « Nombre des pièces du dossier démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres », dit-elle.
« Les parties civiles veulent faire passer un message. Elles ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles. Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable » pour la survie de l’espèce, dit-elle.
Pour l’association Pays de l’ours, « la disparition de l’ourse doit être réparée, elle doit être remplacée, comme s’y est engagé l’État. La population progresse, mais l’espèce n’est toujours pas viable ».
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