TOUT COMPRENDRE - Stations de lavage auto: sont-elles concernées par les restrictions d'eau?

Plusieurs départements ont interdit le lavage des voitures à domicile et dans les centres professionnels, les poussant à fermer provisoirement leur établissement au grand public. Une mesure pas toujours respectée.

En cette période de sécheresse et de restrictions sur la consommation d’eau, de nombreux particuliers se posent la question de savoir s’ils peuvent ou non laver leurs voitures.

• Peut-on laver son véhicule à domicile ou en station?

Dans un premier temps, dans la plupart des départements concernés, il existait en effet un certain flou avec des stations toujours ouvertes, mais un lavage interdit chez soi. Cette pratique est en réalité interdite en permanence, même hors période de sécheresse, sauf si on nettoie son véhicule à sec avec des produits adaptés et des lingettes, comme le rappelait récemment le site Actu.fr.

Mais avec la chaleur persistante et des niveaux d’alertes franchis, certains départements ont décidé d’interdire également le nettoyage des véhicules dans les stations de lavage.

C’est le cas notamment dans les Deux-Sèvres, qui a passé le dernier niveau d’alerte « crise », depuis ce mercredi 10 août, avec différents scénarios selon les territoires du département, comme le résume La Nouvelle République. En effet selon différentes zones, l’arrêté préfectoral prévoit que le lavage est soit « interdit » (sous-entendu pour tous les usages, ndlr), soit « interdit, sauf impératif sanitaire » (les véhicules de secours ou de transport de bétail par exemple), ou encore « interdit, sauf pour les stations équipées de systèmes à haute pression ou de recyclage de l’eau ».

Or, dans le département des Deux-Sèvres, peu de stations disposent de tels systèmes, souligne l’article.

• Recyclage de l’eau: le lavage vertueux?

Sur une page de son site officiel, une enseigne bien connue en France, Elephant Bleu, explique le principe du recyclage de l’eau, associé à l’utilisation de savons biodégradables.

« Sur la totalité de l’eau utilisée, 95% est récupérée par un système d’assainissement installé sous la station puis est directement restituée dans un centre spécialisé dans le traitement des déchets et des eaux usées. Les 5% restants sont liés au processus d’évaporation », souligne l’entreprise qui compte 460 centres en France, tous équipés de ce système.

Pour Elephant Bleu, le lavage en station est d’ailleurs présenté comme un geste écologique:

« Le réseau lave plus de 145.000 véhicules par semaine, soit 7,7 millions par an. Il épargne ainsi les nappes phréatiques de 2800 tonnes de polluants chaque année », peut-on lire sur cette page.

Une page qui relaie une vidéo de Mobilians (ex-CNPA, le syndicat professionnel du secteur automobile en France) au titre particulièrement clair: « ne pas laver sa voiture c’est polluer, la laver régulièrement est un geste citoyen ».

https://www.youtube.com/watch?v=vjQbLOOubkM

L’occasion aussi de rappeler que « l’article L 1331-10 du Code de la santé publique stipule que ‘Tout déversement d’eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte doit être préalablement autorisé' ».

Actu.fr évoquait de son côté le « réglement sanitaire départemental », exposant le particulier contrevenant à une amende de 450 euros et même « jusqu’à plusieurs milliers d’euros en fonction des conséquences sur l’environnement ».

• Quelle fréquentation en période de sécheresse?

Total Wash, avec un réseau de 1000 stations en France, nous a assuré « sensibiliser les stations concernant les arrêtés préfectoraux », mais n’a pas encore de retour sur le nombre de centres fermés pour cette raison actuellement.

Sans établir de corrélation directe avec les fermetures de stations, Total Wash note tout de même une baisse de la fréquentation significative ces dernières semaines par rapport à l’été 2019 (dernier été « normal » avant le covid).

Sans doute un effet psychologique: la sécheresse et les appels à un usage raisonné de l’eau pousseraient une partie du public à renoncer à un nettoyage plus ou moins complet de son véhicule.

Dans ce contexte, il faut finalement comprendre qu’il faut essayer de limiter au maximum son usage de l’eau, et donc repousser au maximum un lavage de sa voiture « non-essentiel ». Pas forcément évident dans une période de vacances ou les retours de voitures de location peuvent par exemple nécessiter un lavage, a priori « non-essentiel » mais exigé par l’agence ou le loueur particulier.

• Des contrôles de plus en plus fréquents?

Difficile surtout de s’y retrouver, si les stations restent ouvertes et sans communication particulière adressées aux clients.

C’est ce qu’on peut constater dans un reportage de BFM Paris diffusé ce dimanche 7 août:

« On va aller sur une station de lavage automobile, actuellement il y a des restrictions, les particuliers n’ont pas le droit de laver les véhicules chez eux et ils n’ont pas le droit non plus de les laver dans les stations de lavage », explique la cheffe de service à la direction régionale d’Ile-de-France de l’OFB (office français de la biodiversité).

Une fois sur place, pas de flagrant-délit mais des flaques d’eau au sol témoignent d’une utilisation récente. Une inspectrice de l’OFB contacte alors le gérant pour qu’il appose des panneaux informant les utilisateurs que seuls les véhicules pour des obligations sanitaires peuvent utiliser cette station et que les particuliers ne le peuvent pas.

• Des aides pour les professionnels?

Même constat dans le département du Rhône, où un reportage de BFM Lyon montre bien que certains automobilistes bravent cette interdiction.

Problème principal pour les professionnels, l’absence d’aide publique en cas de fermeture. Ce qui pousse certains à rester ouverts:

« Derrière, nous sommes impactés par rapport au chiffre d’affaires (…). Ils nous ont demandé de fermer, automatiquement nous demandons à être indemnisés parce que moi j’ai des charges et des salariés à payer, je ne vais pas dire à mon salarié: ‘reste chez toi je ne te paye pas’ (…) donc nous, nous demandons au Grand Lyon de nous aider ou au moins d’indemniser nos salariés », témoigne le gérant d’une station.

Tous ses concurrents autour ont pris la même décision, risquant une amande de 7500 euros. Côté particuliers, en cas de flagrant délit, la sanction peut être de l’ordre de 1500 euros.

Invitée de BFM Lyon, la préfète du Rhône Vanina Nicoli reconnaît toutefois que la décision reste « très récente », avec un arrêté signé le mardi 9 août pour s’appliquer dès le lendemain: « j’imagine que l’information n’est pas encore arrivée auprès de l’ensemble de nos concitoyens ».

« Jusqu’à présent, les professionnels du lavage auto était autorisés car on était en niveau d’alerte renforcée (le troisième niveau d’alerte sécheresse sur quatre). En niveau crise, ils n’ont plus le droit de le faire, sauf pour des véhicules de secours par exemple », précise-t-elle.

Mais les fermetures de stations ne sont pas forcément décrétées lorsqu’un département passe au niveau maximal de sécheresse. Dans le Calvados, un gérant de quatre stations nous explique que la police de l’environnement l’a contraint de fermer un de ses centres, qui se trouve dans un secteur qui était au niveau 3 « alerte renforcée ».

« Compte tenu de l’évolution de la météo, je pense que nous fermerons les trois autres dans les jours à venir », explique-t-il, réclamant aussi une aide pour les professionnels concernés: « Nous aimerions une aide au même titre que les restaurateurs durant le Covid-19 ».

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