On ne gère bien que ce qu’on mesure. Pour réduire l’impact environnemental d’une activité, il convient d’avoir les bons ordres de grandeur en tête. Dans le domaine du numérique, 79 % de l’empreinte carbone provient des équipements, environ 16 % des centres de données et 5 % des réseaux.
Selon une récente étude de l’Ademe et de l’Arcep, ce n’est pas tant l’utilisation des ordinateurs, des tablettes et autres terminaux numériques, et donc leur consommation d’électricité, qui plombe leur bilan carbone, mais leur fabrication.
De l’extraction de terres rares au transport des composants pour leur assemblage, la conception de ces appareils est fortement émettrice en CO2. Avant même d’allumer pour la première fois votre nouveau smartphone, celui-ci a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa trop courte vie.
L’allongement de la durée de vie de ce type des terminaux constitue donc un enjeu clé et il s’agit d’aller au-delà de la période habituelle de renouvellement, qui intervient généralement entre deux et quatre ans. L’opérateur Free mise sur l’économie circulaire pour prolonger cette durée de possession.
Selon la définition de l’Ademe, l’agence de la transition énergétique, l’économie circulaire est un système d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits, vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement.
L’économie circulaire vise donc à produire des biens conçus pour durer longtemps – produits réparables, évolutifs, démontables – des biens conçus avec le moins de matières premières possible – matériaux recyclés – ou avec des matières facilement recyclables ou valorisables et, enfin, des biens conçus pour être faiblement énergivores.
Des mobiles reconditionnés ou recyclés
L’offre Free Flex, qui dissocie le prix du forfait de l’acquisition d’un nouveau smartphone, n’incite pas à ce renouvellement anticipé. Les mobiles restitués par les abonnés sont ensuite, en fonction de leur état, reconditionnés ou recyclés. Pour leur redonner une seconde vie, l’opérateur collabore avec deux acteurs français spécialisés, PRS et Recommerce.
Ces derniers sont chargés de contrôler leur état et d’effacer les données avant de remettre les appareils reconditionnés sur le circuit. Ils sont ensuite revendus en ligne, mais aussi en boutique, pour permettre à l’abonné de le prendre en main. En juin dernier, Free a aussi noué un partenariat avec CertiDeal, autre spécialiste du secteur en France, afin d’élargir son offre de smartphones reconditionnés à plus de 1 000 références.
Pour les terminaux arrivés cette fois en fin de vie, Free Mobile a installé des boîtes de collecte pour les téléphones et accessoires usagés dans ses 190 boutiques. Acteur de l’économie sociale et solidaire employant des salariés en insertion ou en situation de handicap, les Ateliers du Bocage sont chargés de la valorisation des terminaux collectés.
Les mobiles qui peuvent être réparés sont redistribués gratuitement, ceux hors d’état de marche ou obsolètes sont recyclés dans des filières agréées D3E (déchets issus d’équipements électriques et électroniques).
Freebox : l’atout de l’internalisation
Côté réseau fixe, Free a fait le choix fort d’internaliser la conception de sa box. Maitrisant tout le cycle de vie de la Freebox, il est lui plus facile d’allonger sa durée de vie. Dès la phase de conception, il s’agit de veiller à ce que la réparation et la remise à neuf de la majorité des composants utilisés soient le plus facile possible.
Cela passe par le choix de matériaux facilement réparables et de techniques d’assemblage appropriées en évitant, par exemple, le collage des pièces qui rendrait la réparation complexe. La conception modulaire de la Freebox permet par ailleurs de changer certains composants électroniques obsolètes, et non tout l’équipement. Sachant que les normes Wi-Fi évoluent tous les deux ou trois ans, remplacer uniquement la carte Wi-Fi permet à une box de durer plus de 10 ans, avance l’opérateur.
Il s’agit par ailleurs d’assurer le reconditionnement ou le recyclage d’une grande partie de ses composants. Les cartes mères et les accessoires électromécaniques qui peuvent l’être sont réparés, remis à neuf et réinjectés dans le circuit de production. Les composants endommagés qui ne peuvent pas être réparés sont recyclés, via des filières agréées en France ou en Belgique. 90 % des Freebox retournées par les abonnés seraient ainsi reconditionnées.
La matière plastique des boîtiers des Freebox est, elle, intégralement recyclée. Ce qui représente 800 tonnes de plastique réinjectées, et 2 000 tonnes équivalent CO2 évitées. D’autres matériaux comme les mousses ou les polymères ne peuvent pas être recyclés en matière brute. Pour ce type de déchets, Free indique ne pas recourir à l’enfouissement sans évoquer les solutions alternatives.
Des antennes réutilisées plusieurs fois
Les antennes en haut des pylônes, qui assurent la transmission des communications mobiles, font aussi l’objet d’un programme de développement durable. Un site mobile comprend en moyenne trois antennes et les évolutions technologiques, comme le passage à la 5G, amènent les opérateurs à les renouveler régulièrement.
Sachant que Free Mobile assure la maintenance d’environ 25 000 sites mobiles en France, l’enjeu est loin d’être neutre. La filiale du groupe Iliad reconditionne et réutilise pour son propre réseau les équipements radio et numériques encore en bon état de fonctionnement.
Il s’appuie pour cela sur un de ses fournisseurs historiques, Amphenol Antenna Solutions, qui a lancé, il y a un peu plus d’un an, un nouveau concept d’antenne baptisé Integra. Ces antennes peuvent être démontées, mises à jour et réutilisées plusieurs fois de suite.
Avec le programme dit « Vérification Bon Fonctionnement » (VBF), les antennes sont envoyées à l’usine d’Amphenol Antenna Solutions, en Touraine, où elles sont réparées si besoin et reconditionnées avant d’être réinstallées sur de nouveaux sites mobiles. Ce programme VBF permet de multiplier par deux ou trois leur durée de vie.
Free Mobile prévoit d’équiper 30 % de ses nouveaux sites mobiles avec des antennes reconditionnées d’ici 2025. Sachant que l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication d’une antenne représente 75 % de son bilan carbone, cela représente une économie de 600 tonnes équivalent CO2.
Datacenters : allonger la durée de vie des disques durs
Les centres de données (datacenters), encore appelés fermes de serveurs, hébergent un très grand nombre d’ordinateurs rangés dans des baies. Filiale cloud d’Iliad, Scaleway a initié dès 2019 le programme Nursery afin d’allonger au maximum la durée de vie des disques durs.
Une machine et un logiciel conçus en interne vérifient le degré d’usure des disques durs afin d’opérer un tri. Les disques en bon état sont effacés de façon totalement sécurisée, les autres sont détruits pour éviter toute fuite de données, puis envoyés au recyclage dans une filière agréée.
En moyenne, 50 % des disques durs peuvent être réutilisés au-delà de leur premier cycle de vie. Au total, 18 500 disques ont ainsi été requalifiés au cours des trois dernières années, ce qui représente une économie d’environ 575 tonnes équivalent CO2.
L’autre programme, baptisé « Transformers », vise lui à traiter chaque année au moins 10 000 serveurs arrivés en fin de vie. Les serveurs sont démontés, les disques durs retirés et ses différents organes (alimentations, ventilateurs, cartes RAID) contrôlés.
Le matériel en bon état est remis en service tandis que les équipements défectueux sont recyclés. En 2022, sur les 14 000 serveurs ainsi traités, 80 % d’entre eux ont été réutilisés, ce qui représente quelque 8 880 tonnes de CO2 économisées. Ce reconditionnement des serveurs n’aurait, selon Iliad, pas d’équivalent dans le monde du cloud.
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