qui est Iliana Rupert, la nouvelle leader des Bleues ?

L’intérieure est du genre femme pressée, qui n’a pas de temps à perdre. A seulement 21 ans, la joueuse d’1,94m va rejoindre le groupe France quelques heures à peine après avoir décroché le titre en WNBA, la NBA au féminin et le trophée le plus prestigieux en clubs, avec les Las Vegas Aces. Seules deux joueuses françaises (Sabrina Palie en 2006 et Sandrine Gruda en 2016) avaient réussi pareille performance auparavant. Rupert arrivera mercredi matin en Australie pour retrouver la sélection nationale, la conclusion d’une saison vécue à cent à l’heure. Et qui pourrait se terminer en apothéose.

Après l’argent européen et le bronze olympique, l’équipe de France féminine se rend à l’autre bout du globe pour parfaire sa collection de médailles. Les Bleues vont tenter de se montrer à la hauteur de leur statut en Australie durant la Coupe du monde, qu’elles n’ont plus terminé sur le podium depuis la toute première édition, il y a bientôt 70 ans (3es en 1953).

Leur mélange de joueuses rompues aux grandes compétitions et à une nouvelle vague de talent estampillée Paris 2024 en faisait des prétendantes naturelles à la breloque. Mais les forfaits en cascade bouleversent les plans du sélectionneur Jean-Aimé Toupane, contraint de devoir faire sans la majorité de ses joueuses majeures.

Cette année, Iliana Rupert n’a rien laissé passer. Championne de France et vainqueur de l’Eurocoupe – la deuxième coupe européenne – avec Bourges, en étant élue meilleure joueuse des deux compétitions, puis championne WNBA, la voilà qui enchaîne sans le moindre jour de pause pour compléter un peu plus un palmarès déjà conséquent. Et comme avec les Tangos berruyères, Rupert est désormais attendue comme une cadre, et plus seulement comme la petite jeune qui monte.

Car au sortir d’un exercice très abouti individuellement (13,8 points, 6,5 rebonds en Ligue Féminine), l’ailière-forte se retrouve propulsée comme une des principales options offensives de l’équipe de France. Sandrine Gruda, Endy Miyem, Alix Duchet, puis Marine Johannes depuis mardi matin : ce sont quatre des cinq meilleures marqueuses des Bleues à Tokyo qui manquent à l’appel pour blessure. Ne reste que la naturalisée Gabby Williams, qui sort elle aussi d’une longue saison entre l’Europe (vainqueur de l’Euroligue, la principale compétition du continent, en étant élue meilleure joueuse du Final 4) et les Etats-Unis. Et Rupert, amenée plus tôt que prévu à prendre une nouvelle dimension.

Etre en avance sur les plans, c’est presque devenu une habitude pour la future joueuse du club italien du Virtus Bologne. On ne passe pas sans raison de meilleure jeune de LFB à meilleure joueuse du championnat en un saison. Iliana Rupert a même un certain vécu en Bleu quand il s’agit de s’imposer plus tôt que prévu. En 2016, elle prend part à l’Euro U16 avec un an d’avance. Ce surclassement est une révélation. « J’avais un rôle de leader, notamment offensivement, je rentrais dans le cinq majeur, évoquait-elle alors pour Ouest-France. Dans ma situation, on a envie de se dépasser et de tout donner pour son équipe. » Un an plus tard, elle écrase cette même compétition, en étant cette fois du même âge que ses adversaires, et signe le doublé : la médaille d’or et le titre de meilleure joueuse du tournoi.

Iliana marche sur les traces familiales. Celle de sa mère Elham, elle aussi basketteuse. Mais surtout de son père, Thierry, ancien international français dans les années 2000 (35 sélections), et disparu subitement des suites d’une crise cardiaque en 2013, à seulement 35 ans. De son paternel, elle hérite des prédispositions physiques évidentes et le goût des joutes intérieures. Elle ajoute au sens inné de la défense de l’ancien Manceau un talent naturel en attaque, et une facilité toujours plus impressionnante.

Iliana Rupert n’avait que 13 ans quand le comité régional de la Sarthe lui proposait de se faire le cuir avec l’équipe sénior de son club de Coulaines, en Nationale 3, le quatrième échelon hexagonal. Elle y signe notamment une pointe à 38 points, aux côtés de celle qui sera ensuite sa compère de la raquette à Bourges et en équipe de France, Alexia Chartereau.

« Elle est si jeune, et si intelligente. Elle comprend très bien le jeu. Elle peut devenir aussi bonne qu’elle le souhaite. »

Kelsey Plum, internationale américaine et coéquipière d’Iliana Rupert aux Las Vegas Aces

dans un reportage à Canal +

Chez les « grandes », sa précocité ne l’empêche pas de faire preuve de patience, et de travailler pour développer un potentiel dont on ne voit pas encore les limites. En WNBA, elle n’est encore qu’une rotation en devenir chez les Aces, avec qui elle a jusque-là passé plus de temps à travailler son cardio qu’à fouler les parquets. De quoi lui laisser un peu d’énergie pour cette Coupe du monde.

Appelée chez les Bleues depuis ses 18 ans, elle n’avait encore eu le droit qu’à des miettes (10,8 minutes de moyenne) l’an passé aux JO de Tokyo, derrière l’inamovible duo Endy Miyem – Sandrine Gruda. Un rôle de joker dont elle s’était très bien accoutumée lâchant notamment 11 points en 14 minutes aux Etats-Unis, la référence du basket féminin.  « Au prochain match ? Je jouerai peut-être 40 minutes, ou une seconde« , avançait-elle alors sereinement. Il en sera sans doute tout autrement lors de ce Mondial, et ce dès jeudi contre l’Australie (12h30).

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