23 avril 2022, à la fin de la représentation de la Bayadère de Noureev, François Alu apprend sur scène qu’il est nommé danseur étoile à 28 ans à l’Opéra de Paris. Une consécration qui s’est fait attendre dans la riche carrière du danseur virtuose intégré au Ballet depuis 10 ans. Entre-temps, il a multiplié les activités parallèles parce que « ça ne marchait plus, ça n’avançait plus à l’Opéra. » déclare François Alu.
« C’est une grande maison, une grande institution, avec beaucoup de règles. C’est très hiérarchisé. »
François Alusur franceinfo
« Il y a des grades, quadrille, coryphée, sujet, premier danseur, danseur, étoile. Et, j’ai eu la chance de gravir les échelons assez rapidement. Puis il y a eu ce trou. Moi, je pense que c’est lié à plusieurs critères. La première chose, c’est que d’un point de vue philosophique, j’ai été très accroché à mon but, peut-être un petit peu trop. Et je pense que quand on manque de détachement et de hauteur, les choses n’arrivent pas. C’est pendant le confinement que j’ai fait une sorte d’introspection. Comme ça, je me suis dit ‘et si j’arrêtais tout ?’ Et si je me détachais vraiment ? Et je me suis dit que j’allais complètement faire autre chose. J’ai commencé à écrire, j’ai joué dans un film, j’ai réalisé mes films aussi. J’ai écrit mon seul en scène, j’ai participé à Danse avec les stars, j’ai vraiment emprunté une autre voie et toute ma vie a commencé à changer et d’un coup, j’ai été hyper épanoui », clame François Alu.
François Alu : « On peut être un individu dans le monde du #ballet classique, on n’est pas obligé de rentrer dans un rang. » Regardez la vidéo en intégralité : https://t.co/AhbUSDmdNR @FrancoisAlu #francoisalu pic.twitter.com/DoTTEo1Bvg
— France Musique (@francemusique) April 23, 2019
Danseur hors-cadre, atypique, François Alu défend plus que jamais son statut d’artiste touche-à-tout, liberté non négociable y compris dans la prestigieuse maison. À l’écouter énumérer ses projets, il donne l’impression que cette nomination arrive presque trop tard. « Là, aujourd’hui, c’est arrivé et j’en suis heureux. Mais ça, ce n’est pas du tout une fin en soi et j’ai déjà débuté un peu une nouvelle carrière. Donc effectivement, c’est un titre honorifique et évidemment ça ouvre plein de portes puisque aux yeux du monde, le titre de danseur étoile, il est important, ça, ça fait rêver. Mais comme je dis tout le temps, en fait, entre ces quatre ou cinq ans et même l’année dernière, il n’y a pas une grande différence avec aujourd’hui, en terme de danse. Donc en fait cette étoile, on va voir maintenant ce qui est ce qui va se passer. Mais il y a beaucoup d’envie. » note François Alu.
Pour l’instant le contrat n’est pas signé avec l’Opéra qui va connaître des bouleversements avec le départ de la direction d’Aurélie Dupont. « On est en discussion donc rien n’est joué encore et il va falloir qu’on échange et qu’il y ait de la flexibilité des deux côtés. Mais effectivement, je sais que si, je n’ai pas ma pleine liberté et si on n’arrive pas à s’aligner, il y aura une autre carrière. En tout cas, je n’attends après personne. En fait, si ça continue, c’est fabuleux parce que c’est une maison que j’apprécie beaucoup. Et puis, s’il doit y avoir un autre chemin qui se dessine pour moi, ce sera génial aussi. Ça aurait été une joie, il y a eu un accomplissement, il y a eu un début, il y aura une fin et voilà. Mais bon, on verra après. Toujours à mille à l’heure, être inactif, ne rien faire 48 heures où je ne fais rien. Et puis la 49ᵉ heure, je suis en train d’écrire. Je pars sur un nouveau projet, une nouvelle idée. J’ai plein de trucs notés dans mon téléphone, des notes, des phrases, des idées de projets. C’est en ébullition en permanence, c’est fatigant. Heureusement, je suis bien suivi par une psy depuis six ans et demi. Mais il y a aussi mon tempérament d’hypersensible qui capte aussi tout ce qui se passe autour. Et puis Paris, c’est une ville où c’est une ébullition permanente et je rajoute des couches en plus », clame François Alu.
Cinéma, télévision, la danse, évidemment. L’écriture, jury dans un télécrochet. Le fil conducteur ? :« Je n’ai pas établi une stratégie marketing ou de communication. D’abord, c’est mon inconscient qui va me pousser à faire la chose. C’est seulement après que je comprends pourquoi.
Par exemple, le jury de Danse avec les stars, je trouve que c’est hyper important que quelqu’un qui vienne du milieu de l’opéra, un milieu très élitiste, très, très pointu, avec beaucoup de rigueur, d’exigence, des beaux budgets pour faire des grandes productions puisse aussi se produire sur une émission comme TF1. Parce qu’en fait on va pousser les téléspectateurs, peut-être à devenir des spectateurs. Ma mission, en tout cas, c’est de créer le pont. C’est ce que je me suis confié, créer des passerelles entre les différentes classes sociales, les différents corps de métiers. Et un artiste, ça sert à ça aussi. Donc le cinéma, ça me fait profondément vibrer et j’adore incarner de nouvelles personnes et me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre. Et après, de pouvoir y mettre ces sentiments comme ça et d’habiter quelqu’un d’autre que soi, c’est génial »,conclut François Alu.
François Alu, inarrêtable, vient de reprogrammer de nouvelles dates parisiennes pour son seul en scène Complètement jetés et finalise un autre projet d’écriture.
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