L’une des pires tragédies de l’histoire du football a eu lieu en Indonésie. Samedi 1er octobre, dans la ville de Malang à l’est de île de Java, 125 personnes ont trouvé la mort dans un stade de football, d’après les autorités indonésiennes, à la suite d’un mouvement de foule et de l’intervention des forces de l’ordre. Les circonstances exactes restent toutefois encore floues, alors que le bilan était initialement de 174 victimes. Voici ce que l’on en sait.
Un très lourd bilan
Le drame s’est produit au stade Kanjuruhan, dans la ville de Malang, antre du club de l’Arema FC. Le club local recevait son voisin – et rival – du Persebaya Surabaya, contre lequel il n’avait plus perdu depuis plus de vingt ans. Alors la défaite de l’Arema FC (3-2) a eu du mal à passer aux yeux des 42 000 supporters. Environ 3 000 d’entre eux ont envahi la pelouse pour manifester leur colère. Une scène malheureusement peu surprenante dans un pays habitué aux violences de supporters.
Un envahissement de terrain, suivi d’un mouvement de foule, qui a coûté la vie à 125 personnes, dont au moins un enfant. Ce drame rappelle de tristes heures, dont les incidents au stade de Hillsborough en Grande-Bretagne en 1989, qui avaient causé la mort de 97 fans de Liverpool. Ou plus récemment ceux du stade de Port Said en Egypte, avec 74 morts en 2012. Le triste record en la matière date de 1964 au Pérou, avec 320 morts à la suite d’un mouvement de foule. Ce drame indonésien et son ampleur sont donc malheureusement historiques.
Gaz lacrymogènes et panique
La police, qui a qualifié cette catastrophe d' »émeutes », a tenté de persuader les fans de regagner les gradins et a tiré des gaz lacrymogènes après la mort de deux policiers. De nombreuses victimes ont alors été piétinées mortellement. Des survivants ont décrit des spectateurs pris de panique, bloqués par la foule, quand la police a lancé des gaz lacrymogènes. Des images capturées à l’intérieur du stade montrent une énorme quantité de gaz lacrymogène et des personnes s’agrippant aux barrières, tentant de s’échapper.
#urgent Indonesia football tragedy is ‘2nd deadliest stadium disaster’ with at least 129 killed (after Peru, 1964). President @jokowi orders investigation into football protocol & security. Questions over police use of tear gas to stop brawls. Stadium may have been over capacity. pic.twitter.com/bHbEyzW83T
— Will Ripley (@willripleyCNN) October 2, 2022
D’autres portaient des spectateurs blessés, se frayant un chemin à travers le chaos. « Des policiers ont projeté du gaz lacrymogène, et les gens se sont aussitôt précipités pour sortir en se poussant les uns les autres et ça a provoqué beaucoup de victimes », a indiqué à l’AFP Doni, un spectateur de 43 ans, qui n’a pas voulu donner son nom de famille.« Il n’y avait rien, pas d’émeutes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, il sont soudainement envoyé du gaz lacrymogène », a-t-il déclaré. « Ce qui m’a choqué c’est qu’ils ont pas pensé aux femmes et aux enfants ? »
Excuses gouvernementales et enquête en cours
Le président indonésien Joko Widodo a ordonné dimanche « une évaluation complète des matchs de football et des procédures de sécurité », après ce drame. Il a demandé à l’Association nationale du football de suspendre tous les matchs jusqu’à des « améliorations de la sécurité ». « Je regrette profondément cette tragédie et espère que cette tragédie liée au football sera la dernière dans notre pays », a-t-il déclaré dans un discours télévisé.
« Nous sommes désolés pour cet incident (…) C’est un incident regrettable qui blesse notre football à un moment où les supporters peuvent assister à un match dans un stade » après une longue interruption pendant la pandémie de Covid-19, a déclaré le ministre indonésien des Sports et de la Jeunesse Zainudin Amali à la chaîne Kompas. Mea culpa aussi du côté de l’Association de football d’Indonésie (PSSI), qui a suspendu tous les matchs prévus cette semaine. « Nous sommes désolés et nous présentons nos excuses aux familles des victimes et à toutes les parties pour cet incident », a dit le président de PSSI, Mochamad Iriawan.
L’indonésie habituée aux rivalités meurtrières
Un spectacle désolant devant le stade témoignait dimanche matin des agitations de la veille : des véhicules calcinés, dont un camion de police, jonchaient les rues. La police a fait état de 13 véhicules brûlés. La violence des supporters est un problème en Indonésie, où les rivalités de longue date se sont transformées en affrontements mortels. Certains matchs –le plus important étant le derby entre Persija Jakarta et Persib Bandung– sont si tendus que les joueurs des équipes de haut niveau doivent s’y rendre sous haute protection.
Pour cette rencontre, les fans de Persebaya Surabaya n’avaient pas été autorisés à acheter des billets pour le match, de crainte d’incidents. Le secrétaire général de l’Association nationale de football PSSI, Yunus Yussi, a indiqué avoir communiqué avec la FIFA sur cet incident dramatique et espère éviter des sanctions de l’organe international. Il a expliqué que la police avait utilisé des gaz lacrymogènes à l’intérieur du stade car « elle devait prendre des mesures pour empêcher » les fans d’envahir le terrain. Pas de quoi rassurer la FIFA, alors que l’Indonésie doit accueillir l’an prochain la Coupe du Monde U20.
Des premiers hommages
Une minute de silence sera observée dans les stades espagnols avant les matchs de dimanche en hommage aux victimes de la catastrophe. Dans un communiqué, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a regretté cette « tragédie au-delà de l’imaginable ».
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