Cet indice permet de connaître le « profil social » des élèves d’un établissement scolaire donné. Il montre d’importantes disparités: dans les écoles et collèges privés, notamment en région parisienne, les élèves évoluent globalement dans un contexte familial plus favorable à la réussite scolaire.
Quels sont les établissements scolaires où la situation sociale des élèves est la plus favorable aux apprentissages? Le ministère de l’Éducation nationale a mis en ligne les indices de position sociale (IPS) des écoles et des collèges français. Cet outil évalue la situation sociale des élèves dans les établissements: plus l’indice est élevé, plus l’élève évolue dans un contexte familial considéré comme favorable à la réussite scolaire.
L’IPS est construit en prenant en compte les diplômes et professions des parents, mais également les conditions matérielles du foyer, les pratiques et le capital culturels (nombre de livres à la maison, temps passé devant la télévision, activités extra-scolaires…) ou encore l’implication des parents dans la scolarité de l’enfant.
Cet indicateur est utilisé pour attribuer des moyens (dotation horaire, assistants d’éducation supplémentaires…) en conséquence aux établissements mais également, par exemple à Paris, lors de l’affectation des collégiens au lycée.
« C’est un indice encourageant car il est intéressant de dépasser juste la CSP des parents », explique à BFMTV.com Barbara Fouquet-Chauprade, sociologue de l’éducation à l’Université de Genève.
En somme, la valeur de cet indice pour un établissement permet de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social plus ou moins favorable aux apprentissages.
Pour l’école et le collège, c’est à Buc (Yvelines), une commune cossue d’environ 6000 habitants, voisine de la ville de Versailles, que se trouvent les établissements avec le meilleur IPS: l’école élémentaire Louis Blériot et le collège franco-allemand. Ce dernier affiche un taux de réussite et de mentions au brevet de 100%.
Qu’en est-il du collège situé près de chez vous? Consultez le moteur de recherche ci-dessous pour découvrir le classement de l’établissement qui vous intéresse: sont recensés les 6967 collèges du pays.
Sur les 100 collèges avec l’IPS le plus élevé, 81 sont des établissements privés, contre 19 établissements publics. « Le privé ne crée pas la ségrégation mais il y contribue », estime Barbara Fouquet-Chauprade, interrogée sur ces résultats.
« En France, la situation à ce niveau est catastrophique, c’est le pays de l’OCDE où la réussite scolaire est la plus conditionnée par l’origine sociale », poursuit la sociologue.
De fortes disparités géographiques
Les données mettent également en lumière de fortes disparités géographiques puisque, toujours parmi les 100 premiers collèges, 28 se situent dans le département des Hauts-de-Seine, 26 à Paris et 18 dans les Yvelines.
À l’inverse, parmi les 100 collèges avec l’IPS le plus faible, soulignant la présence d’élèves issus d’un milieu social moins favorable aux apprentissages, les établissements d’Outre-mer sont surreprésentés. 16 sont situés en Guyane, 9 à la Réunion et 8 à Mayotte.
Le dernier établissement du classement, le collège Gran Man Difou de Maripasoula, en Guyane, affichait en 2021 un taux de réussite au brevet de 82,8% et un taux de mentions de 44,3%, en deça de la moyenne nationale.
Car ces disparités ont des effets sur les élèves. « D’abord sur les conditions d’apprentissage, mais elle a surtout des effets psychosociaux sur leur confiance en soi ou sur leurs aspirations pour leur avenir », explique Barbara Fouquet-Chauprade.
Quelle situation sociale des élèves de votre école?
Qu’en est-il de l’école située près de chez vous? Consultez le moteur de recherche ci-dessous pour découvrir le classement de l’établissement qui vous intéresse: sont recensées 32.091 écoles élémentaires du pays.
Des disparités similaires se dessinent. Les établissements privés et/ou situés en région parisienne dominent le classement, tandis que dans les écoles de Guyane, de Réunion et de Mayotte, les élèves sont en moyenne issus de milieux familiaux moins favorables à la réussite scolaire.
Toutefois, le clivage privé/public est un peu moins marqué. « En primaire, les parents vont accepter la mixité sociale. C’est à partir du collège, qu’il y a une stratégie familiale de distinction et de contrôle de la sociabilité des enfants », explique la sociologue Barbara Fouquet-Chauprade.
Mais des disparités existent également au sein des établissements publics, de l’école primaire au collège. Ainsi, tandis que l’IPS moyen des collèges hors éducation prioritaire est d’environ 105, il chute à 84 ceux en REP (réseau d’éducation prioritaire) puis à 71 pour les REP+.
« Les REP+ sont importants mais ils ne luttent pas contre la ségrégation. Il faut rendre attractifs les établissements les plus ségrégués pour favoriser la mixité », ajoute Barbara Fouquet-Chauprade, estimant que les pouvoirs publics n’ont pas de propositions fortes sur le sujet.
Pour cet article, la rédaction de BFMTV.com s’est basée sur les données concernant les indices de position sociale (IPS) dans les écoles et dans les collèges de France métropolitaine et d’Outre-Mer. Ces bases ont été publiées par le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse le 5 octobre 2022.
Afin d’estimer l’IPS moyen dans les établissements publics classés REP, REP + ou hors éducation prioritaire, BFMTV.com s’est appuyé sur le jeu de données « Écoles éducation prioritaire » également publiée par le même ministère, mais qui n’a cependant pas été actualisé depuis 2020.
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.